ODG saint-véran
Sereins mais vigilants

Publié par Cédric Michelin
-
Réunie à la cave des Vignerons des Terres Secrètes de Prissé le 10 juin, l’Union des producteurs du cru saint-véran a fait le point en assemblée générale sur les dossiers de l’exercice 2013/14. Outre la flavescence dorée et l’Esca, les pertes de récoltes successives et les marchés demandeurs ont augmenté les transactions en valeur des pièces de vins. Avec cet objectif constant en tête, l’ODG compte encore développer sa communication, avec l’embauche d’une nouvelle animatrice, en prévision notamment de l’obtention des 1ers crus, dossier qui a franchi une étape fondatrice.
128705--DSC_0009.JPG
« Après les succès des Mâcons Wine Note ? ou des Printemps du viré-clessé, l’Union va réfléchir à faire un événement annuel ». La communication tient à cœur au président, Thierry Nouvel et cela se ressent. L’ODG, dans ses perspectives 2014/15, veut donc clairement « accentuer la communication du cru saint-véran ». Même avec « peu de moyens », l’Union a des idées et entend les mettre en actions avec l’aide de la nouvelle animatrice, Sarah Dessoly, spécialiste en communication et événementiels. Les producteurs devront partager leurs actualités (portes ouvertes, nouvelles cuvées…) pour faire vivre le site Web et la newsletter (Zoom sur), lesquels vont être modernisés pour renforcer la notoriété et l’image de l’AOC.
Tout ce travail achève les efforts de « montée en gamme de nos cuvées ». Car, produire de bons vins est une chose, les valoriser en est une autre.

Remise en conformité



Dans cette optique, le dossier des 1ers crus est évidemment collectivement important. Le rapport fondateur, c’est-à-dire, la photographie actuelle de l’appellation, a été déposé à l’INAO. « C’est l’événement de cette année », se réjouissait Pierre Beaubernard, responsable de la commission 1er Cru. Mais, sans remettre en cause la délimitation générale, le technicien INAO de Mâcon, Alain Fraty expliquait qu’un « toilettage » de l’appellation va être effectué. Sur les 844 ha de l’appellation, 730 ha sont plantés. En revanche, des voiries ou zones urbanisées, par exemple, sont encore classées –de façon « aberrante »– dans l’aire géographique, qui va donc être « nettoyée ». « La volonté des experts (INAO, NDLR) n’est pas de déclasser des vignes mais bien de créer des 1ers crus », insistaient et rassuraient Pierre Beaubernard et Alain Fraty. "Jeune" appellation dans sa quarantaine, « la délimitation est bien faite et les délimitations vont juste être remises en conformité avec ce qui est réellement plantable ». Le dossier va être présenté au comité national de l’INAO le 26 juin.
Là encore, la communication sur les 1ers crus est au cœur des attentions et ce dès à présent et même avant. « Ça passe évidemment d’abord par la qualité du climat revendiqué mais il faut aussi continuer de présenter ces vins là dans les concours, c’est primordial pour la notoriété et l’obtention de 1ers crus » futurs, rajoutait Thierry Nouvel.

De « grosses disparités » de prix



L’Union se lance justement dans une étude des prix de vente, pour mesurer « les grosses disparités » de prix entre saint-véran. Le secrétaire de l’ODG, Sylvain Paturaux, en profitait donc pour faire un point technico-économique, complété par le directeur du pôle Marché et Développement du BIVB, Philippe Longepierre. Avec des pertes de récoltes de 20 à 30 % les deux dernières campagnes, les stocks sont en baisse et les transactions ont monté la pièce de 228 l de vin à 1.200 € en moyenne contre 800 €/pièce l’an dernier. C’est surtout la demande qui est à noter. A l’export, sur les douze mois de 2013, elle est en hausse de + 7 % en volume et de + 9% en chiffre d’affaires. De janvier à mars 2014, respectivement de - 12,6 % et - 6,3 % par contre. « Ce qui est intéressant est que le chiffre d’affaires ne baisse pas de la même proportion », confirmant la valorisation des saint-vérans. Ces chiffres des Douanes valent pour les vins du Mâconnais en général dont les saint-vérans représentent environ le quart. En France, les données sont plus précises. En grandes distributions (GD), les volumes sont en hausse de +15 % et pour les prix de vente de + 7,7 % sur le début 2014. En revanche, dans les restaurants, une baisse (- 3,3 % en vol.) se fait sentir. Pas chez les cavistes.
Si les volumes récoltés et les sorties propriétés sont en baisse logiquement avec les pertes de récoltes, l’Union des producteurs du cru saint-véran ne désespère pas de faire une bonne récolte 2014, voire enfin des VCI.




L’état du vignoble se dégrade



Vice-président du cru, Jérôme Jeandain parlait des conditions de production de l’année. L’adhésion de l’ODG à la Confédération des appellations et vignerons de Bourgogne « a changé les visites de chais », faites avec une technicienne CAVB. Pas de souci majeur globalement, hormis une attention à renforcer sur « la traçabilité et la propreté du matériel vinaire et de transport ». Les visites de printemps sont désormais abandonnées pour être reportées en été, programmées cette année le 11 juillet sur 140 ha. L’organisme de contrôle Icone –devenu désormais SiqoCert depuis la fusion avec le Cibas du Beaujolais– a averti l’ODG d’une sanction et va renforcer ses contrôles et audits. La commission travaille également sur les prochaines demandes en matière de conditions de production, certainement 62 et 64 hl/ha avec une possibilité de VCI.
La commission a également dû gérer la flavescence dorée qui en plus d’être « une charge financière », représente également « une dégradation du vignoble ». Vincent Nectoux insistait sur la lutte en cours qui se doit d’être « collective », notamment sur les traitements actuels et surtout sur la prospection à venir. Sans pied repéré infesté sur l’aire d’appellation de saint-véran, Jocelyn Dureuil, de la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire, parlait des avancées dans les connaissances de la maladie et du dispositif de lutte. Représentant les services de l’Etat et le Préfet, Alain Faure, de la DDT, rappelait que la « stratégie de lutte est calée et claire ».
L’Esca « détruit » également le vignoble, de façon encore plus « catastrophique », obligeant à renouveler des parcelles en quelques années de l’ordre de 30 à 40 %, remarquant une « mortalité importante » notamment sur le porte-greffe 161-49C.
En lien avec la CAVB et le BIVB, un groupe de travail va « faire un état des lieux sur le rebrochage des trois dernières années pour ensuite nous faire entendre des pouvoirs publics », indiquait alors Thierry Nouvel.
Il le faut car le vignoble est un atout pour nos territoires. Le conseiller général, Daniel Juvanon rappelait « l’importance de l’œnotourisme et du patrimoine pour attirer des touristes, avec aussi les routes des vins ». En Saône-et-Loire, 6 % des emplois sont liés au tourisme.