Pierre Berret à Saint-Nizier-sur-Arroux
Des veaux de boucherie en plein Charollais

Faute d’avoir pu trouver du terrain, Pierre Berret a choisi de monter un atelier veaux de boucherie hors-sol pour pouvoir s’installer à proximité de ses parents. Après un peu plus d’un an d’activité, les premiers résultats sont sans appel : les veaux boucherie lui ont permis de s’installer sans agrandissement et le revenu est meilleur qu’il ne l’aurait été en produisant de la viande bovine.
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Pierre Berret est installé depuis un peu plus d’un an à Saint-Nizier-sur-Arroux. Titulaire d’un Bepa et d’un bac pro, le jeune homme exploite un élevage de veaux de boucherie hors-sol en pleine zone allaitante charollaise. C’est l’impossibilité de trouver du terrain qui l’a conduit à s’orienter vers une production hors-sol. Sa première idée était d’élever des poules pondeuses, mais « l’investissement aurait été colossal ; au moins le double de l’atelier veaux », confie Gilles, le père de Pierre. Des volailles de chair auraient quant à elles produit des quantités de fumier trop importantes, estiment les deux éleveurs. Ce sont finalement les veaux qui ont été retenus. Pour la famille Berret, ils ont l’avantage d’être des bovins, comme le sont les charolais élevés sur l’exploitation des parents de Pierre. Sa maman lui donne d’ailleurs volontiers un coup de main pour les soins aux petits veaux.
Pour bâtir son projet, le jeune éleveur a pris contact avec la société Vitagro, une filiale du groupe Sicarev, représentée en Saône-et-Loire par la coopérative Charolais Horizon. Approvisionnant un abattoir de Sicarev à Saint-Etienne, Vitagro était à la recherche de producteurs de veaux de boucherie.

260 places de veaux en hors-sol


Pierre est allé visiter plusieurs élevages dans les départements limitrophes et il a effectué un stage d’un mois dans un atelier de 300 places sur paille à Luzy.
La taille de l’élevage de Pierre devait atteindre au moins 200 places pour pouvoir bénéficier des aides. Le jeune éleveur a opté pour un bâtiment de 260 places qu’il a implanté sur une parcelle appartenant à ses parents touchant le siège d’exploitation de ces derniers.
La conception des plans, la demande d’autorisation auprès de la DDPP (ex DSV), la demande de permis de construire ont été effectuées par Sicarev qui a fait appel à un architecte. « Un tel projet qui ne dépasse pas un seuil donné, ne nécessite pas d’enquête publique. Il est juste soumis à autorisation. C’est un élevage classé soumis à un cahier d’épandage », explique Gilles. « Les effluents doivent être épandus sur trente hectares. C’est un bon fertilisant pour les foins ou les céréales. Les animaux le craignent moins que le fumier », signale par ailleurs le père qui élève 40 vaches allaitantes sur 87,5 hectares et achète des broutards qu’il repousse en taurillons d’herbe.
Bien que les veaux de boucherie soient encore très rares dans la vallée de l’Arroux, Pierre Berret n’a pas eu de problème pour financer son projet. La banque de la famille (Crédit Mutuel) n’a pas été difficile à convaincre puisqu’elle avait déjà financé ce type de projet dans d’autres régions et qu’elle en mesurait toute la rentabilité.

Vitagro propriétaire des veaux


Outre le fait d’être entièrement hors sol, l’atelier de Pierre Berret a la particularité d’être une production en intégration totale. « Vitagro nous amène les veaux dont il reste propriétaire, les aliments, les produits vétérinaires, les produits d’entretien du bâtiment… Nous avons à notre charge le bâtiment et son assurance, le gaz pour l’eau chaude, l’électricité, l’eau », détaillent Pierre de Gilles. La rémunération par veau se compose de primes entrée et sortie et elle est calculée en fonction de l’indice de consommation et du gain de poids de l’animal. Une prime au cuir s’ajoute aussi, explique Pierre. Une avance de trésorerie est versée à partir d’un mois de présence des veaux. Le solde de la rémunération intervient trois semaines après le départ des animaux.

Deux bandes par an


Le cycle de production dure 23 semaines. L’éleveur nourrit ainsi deux bandes dans l’année, entrecoupées d’un vide sanitaire de trois semaines. Le nettoyage du bâtiment nécessite une bonne semaine de travail. Les veaux, essentiellement de race laitière prim’holstein, arrivent en Saône-et-Loire en deux convois successifs, après avoir voyagé huit heures en camion depuis leur Bretagne natale. « Le premier travail est de les forcer à boire », indique Pierre. Toute la famille est alors mobilisée pour accomplir cette lourde tâche. Ceux qui ne parviennent pas à boire tout seul sont abreuvés à l’aide d’une sonde. Le démarrage des 260 veaux représente un gros mois de travail, indique la famille Berret. Prise de sang, vaccination contre la grippe : les manipulations sont nombreuses durant ce laps de temps.

Du lait matin et soir


Les veaux de boucherie reçoivent du lait matin et soir durant toute leur période de croissance. L’objectif est de produire une viande blanche. Trois analyses de sang sont produites à cet effet. La conduite sur caillebotis évite cependant une coloration intempestive de la viande liée à une consommation accidentelle de paille, fait remarquer Gilles. Les abreuvoirs en inox contribuent à prévenir aussi tout risque de coloration. Le lait est préparé automatiquement par une machine programmable matin et soir. La poudre de lait issue d’un silo est mélangée à de l’eau portée à 45 degrés. Les veaux reçoivent également un aliment fibreux constitué de paille, de grains de maïs et d’épeautre avec une teneur en protéines de 18%. Au départ, les petits veaux d’une quinzaine de jours pesant une cinquantaine de kilos reçoivent 1,8 litre de lait par repas. Au terme de leur séjour, ils ingurgitent 8,5 litres par repas et donnent des carcasses finales pesant en moyenne 135 kg de viande avec une fourchette variant de 90 à 170 kg, détaille Pierre. Les animaux quittent l’élevage après la buvée du soir. Les 260 veaux de boucherie sont ainsi expédiés en trois jours.
En pleine croissance des veaux, Pierre consacre une heure trente matin et soir à la surveillance des animaux. La vigilance se porte plus particulièrement sur les problèmes respiratoires. La ventilation du bâtiment doit être surveillée de prêt. Les quatre salles de l’atelier sont équipées d’extracteurs d’air à régulation automatique équipée de sondes.

120 € par veau de rémunération


Pierre en est actuellement à son troisième lot de veaux de boucherie. Les résultats des deux premières bandes sont sans appel. Sur le premier lot, Pierre n’a eu à déplorer qu’une seule perte. Les performances se situaient même parmi les meilleures du groupe. Cette première année d’activité a permis à Pierre de dégager un bénéfice avant MSA de 30.000 €. « C’est bien plus que ce que l’on gagne avec des vaches ! », commente Gilles. Le projet prévoit une rémunération moyenne par veau de 120 €, avec un prix du veau (environ 5,50 € le kilo de carcasse) qui a l’avantage d’être assez stable : « C’est une viande de niche », fait remarquer Gilles.
Grâce aux veaux de boucherie, Pierre a non seulement réussi à s’installer sans agrandissement, mais ses revenus sont meilleurs qu’ils ne l’auraient été en produisant exclusivement des broutards.