Charolais Horizon
Sicarev change de dimension

Fin 2016, en fusionnant avec son homologue Sicavyl, Sicarev s’est agrandi d’un groupement, de trois abattoirs supplémentaires et d’une filière ovine. La philosophie du groupe coopératif reste la même : une organisation de filière unissant éleveurs et outils d’aval, pour valoriser au plus juste productions maigre et grasse.
133808--GF_et_FC.JPG
La prochaine assemblée générale de Charolais Horizon se tiendra le 31 mai à Digoin, et sera largement consacrée à la fusion entre Sicarev et Sicavyl ainsi qu'à l’entrée de Cialyn dans le groupe. C’est en effet l’évènement marquant de la fin 2016 pour Charolais Horizon comme pour Sicarev. Les abattoirs Sicavyl de Migennes (89), la cheville de Corbigny (58) ainsi que la gestion de Charollais Viande (71) ont ainsi rejoint le groupe Sicarev. Ils complètent les outils de Roanne et de Saint-Etienne (42). Avec Migennes, le groupe Sicarev se diversifie donc pour la première fois dans la viande ovine. Sixième groupement de Sicarev élevage (lire encadré), la coopérative bovine et ovine Cialyn, avec ses 120.000 têtes, fait passer l’activité bovine des coopératives du groupe de 150.000 à 270.000 têtes, fait valoir François Chaintron, directeur de Charolais Horizon. Avec un volume total du groupe de 400.000 bovins commercialisés et une nouvelle activité agneaux, auxquels il convient d’ajouter 1,2 million de porcs traités dans la filière Tradival, Sicarev a en quelque sorte « changé de dimension », poursuit le directeur. Un changement d’échelle mais en aucun cas une remise en cause de la philosophie du groupe, souligne Guy Fonteniaud, président de Charolais Horizon.

Seul en France à cultiver maigre et viande


« La force du groupe » est intacte, détaille François Chaintron : « celle d’une organisation atypique et engagée qui repose sur des groupements de producteurs associés avec un aval. Le seul en France à travailler à la fois le maigre et la viande, pouvant ainsi orienter les animaux en fonction des marchés ». Sicavyl (abattoir) et Cialyn (groupement) fonctionnaient déjà sur un schéma semblable à celui du groupe Sicarev. De ce fait, leur intégration au sein de Sicarev apparait somme toute naturelle. Cette fusion est en quelque sorte l’aboutissement d’un processus de rapprochement enclenché il y a dix ans environ, font valoir les responsables de Charolais Horizon.
« Avec Sicavyl, nous nous étions déjà retrouvés dans notre filiale export Deltagro pour le vif. Nous avions créé ensemble notre filiale porcine Tradival avec le groupement Cirhyo. Nous avons également développé une filiale commune de transport frigorifique "TVE logistique" », rappelle François Chaintron.

De l’éleveur jusqu’aux produits élaborés


« Avec cette fusion, le groupe Sicarev s’est agrandi d’un groupement important, de trois abattoirs supplémentaires et d’une filière Agneaux que nous n’avions pas », résume le directeur. L’esprit du groupe demeure « une organisation de filière de l’éleveur jusqu’aux produits élaborés. Car pour affronter le marché de la viande, il faut être en mesure de répondre à toutes les demandes : de la carcasse à la barquette clé en main, identifiée au nom de producteur ; sous signe officiel de qualité ou marque régionale », estime François Chaintron. « Et pour garantir de la valeur ajoutée à l’éleveur, il faut une filière où l’on a rationalisé les coûts, selon des schémas les plus courts, les plus efficaces et les plus transparents possibles. Avec des volumes et des créneaux de valorisation », décrit le directeur. C’est bien vers ce modèle-là que Sicarev tend à travers sa dernière évolution.

Indispensable segmentation


Pour illustrer leur propos, les responsables de Charolais Horizon citent, par exemple, la viande AOP Bœuf de Charolles dont l’abattoir Charollais Viandes (lire encadré) sera amené à développer la production. Ils citent également le steak haché "Charolais de Bourgogne", produit dans les chaînes de produits élaborés du groupe, ou encore "VLF", l’équivalent de Charollais Viandes en limousine.
Désormais doté de filières bovine, ovine et porcine, Sicarev entend également déployer le bio à travers notamment des barquettes de type UVCI (unité de vente consommateur industrielle). Grâce à sa nouvelle composition, le groupe entend permettre aussi une meilleure valorisation de certaines viandes du fait des nouvelles synergies internes. Par exemple, les avants des bovins tués dans les différents sites d’abattage pourront désormais rejoindre une des chaînes de produits élaborés du groupe, fait valoir François Chaintron.

Rapport de force en faveur de l’éleveur


Loin d’être une fuite en avant, cette fusion est un pas de plus dans le projet d’organisation de filière que défendent avec conviction les responsables du groupe Sicarev. Mais s’ils sont persuadés d’aller dans la bonne direction, ils ne cachent pas que beaucoup de travail reste à faire pour parachever ce virage.
« Nos adhérents nous font confiance sur nos choix stratégiques », confie le directeur bien conscient de l’impatience de ces derniers, mais aussi du fait que tout ne viendra pas du jour au lendemain. Mais il rappelle aussi « les fruits des restructurations précédentes : aide à la contractualisation, implication dans les signes de qualité, export sur les pays tiers grâce à Deltagro, baisse de cotisation… Et ce nouveau pas dans la restructuration du groupe apportera des fruits supplémentaires aux adhérents », assure François Chaintron. Pour s'en convaincre, le directeur prend l’exemple de la filière laitière où l’on constate que le prix du lait payé à des éleveurs d’un même territoire peut varier de 250 à 330 €/1.000 litres, uniquement du fait des choix de filière différents… La preuve qu’il existe des stratégies plus rémunératrices que d’autres, pointe-t-il. « Et l’exemple de la filière Porc qui profite en ce moment même d’une embellie grâce au marché chinois prouve que nous avons intérêt à nous doter d’outils capables de répondre à de tels marchés », argumente encore François Chaintron. Au sein de Sicarev, selon lui, on essaie d’opter pour la bonne stratégie « pour retourner le rapport de force en faveur de l’éleveur ». Et « c’est le bureau du groupe, constitué exclusivement des présidents des coopératives constituantes, qui décide de la politique de Sicarev », tient à rappeler Guy Fonteniaud.



Groupe Sicarev
7 coopératives, 10.400 adhérents


Le GIE Alliances, qui devient Sicarev élevage, est constitué des groupements Actis Bovins, Covido-Bovicoop, Coop du Mézenc, Cialyn, Charolais Horizon et Dauphidrom.
Le groupe Sicarev compte au total sept coopératives (les six citées plus haut plus la coopérative porcine Cirhyo) pour un total de 10.400 adhérents et un chiffre d’affaires d’un milliard d’€. L’activité abattage du groupe s’élève à 273.000 tonnes de viande.




Sicarev veut développer Charollais Viandes


La fusion de Sicavyl avec Sicarev a pour conséquence que la gestion de l’abattoir de Paray-le Monial, Charollais Viandes, est désormais dans les mains de Sicarev. En effet, 51 % du capital de l’abattoir était jusqu’alors détenu par Sicavyl et les 49 % restant appartiennent à Feder. Sicarev détenant désormais la majorité du capital de Charollais Viandes, l’outil fait en quelque sorte partie du groupe. L’ambition de Sicarev est aujourd’hui de développer l’activité de l’abattoir de Paray. Un développement qui passera notamment par la viande AOP Bœuf de Charolles, indique Guy Fonteniaud. A l’échelle du groupe, Sicarev prévoit de tripler sa production de viande d’agneau sur le site de Migennes. Quant au site de Roanne, des travaux importants permettront de développer encore l’abattage et la transformation, confient François Chaintron et Guy Fonteniaud.