Cave de Lugny
Une montée en gamme parfaitement assumée

Subissant certes une chute des volumes récoltés, mais profitant d’un travail de fond entamé depuis plusieurs années, la cave de Lugny a fait le pari de monter en gamme et en prix. Un choix qui trouve un écho favorable du côté de ses clients.
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Le 27 février, la salle des fêtes de Saint-Gengoux-de-Scissé était comme de coutume copieusement garnie au moment de dresser le bilan du dernier exercice de la cave de Lugny. Marc Sangoy et son équipe présentaient une situation certes satisfaisante comptablement, mais qui appelle à procéder à d’indispensables ajustements.
Côté ventes, la cave est passée de 85.043 hectolitres (pour 26.865 K€ de chiffre d’affaires) en 2010 à 100.514 hl (29.753 K€) en 2011, 98.564 hl (30.500 K€) en 2012 et 99.400 hl (33.300 K€) en 2013. Ce chiffre d’affaires, en nette progression, atteint tout simplement des records avec des ventes qui se répartissent entre bouteilles (59.000 hectolitres, soit une progression de +4 %) et vrac (-4 %). Avec, en corollaire, une hausse des prix bouteilles (+7 à 8 %) et vrac (+10 %). On notera aussi un déstockage important de 2.859.467 € contre seulement 585.393 € un an auparavant. Ce qui permet de dégager, au final, un résultat de 313.140 €.
Côté récoltes, la chute est vertigineuse puisque de 103.878 hl, nous sommes passés à 81.352 hl en 2012. Un chiffre qui ne va pas s’améliorer puisque le millésime 2013 est, lui aussi, en fort déficit avec seulement 77.845 hl récoltés, certains producteurs ayant vu leur production chuter de 70 % ! Une situation extrêmement difficile, dont le choc a été en partie amorti par l’assurance Climat.

Aller de l’avant


Poussée par un chiffre d’affaires record (malgré une faible récolte) grâce à une hausse des cours et forte de vins plutôt attractifs avec un bon rapport qualité-prix, la cave de Lugny a estimé qu’il fallait saisir la balle au bond pour monter en gamme et en prix. A ceci, plusieurs raisons. D’une part, la hausse des coûts de production ces dernières années, d’autre part le manque de vin avec une demande supérieure à l’offre. Cela se justifie aussi par la réputation de la cave et de ses vins, la volonté d’accompagner de la montée en gamme de la Bourgogne et la confiance maintenue par les négociants partenaires. Alors que 40.000 hl devraient être vendus en vrac et 45.000 hl en bouteilles, le négoce a accepté une hausse d’environ 30 % du vrac pendant que le tarif des bouteilles grimpera sans doute de 18 à 25 %.
Pour ce qui est de la stratégie aval, la cave de Lugny ne s’endort pas sur ses lauriers. Elle a ainsi élargi sa gamme de produits avec, par exemple, la création de "La Vigne de Cloître" en 2013. Au niveau du crémant, elle souhaite développer une production qui permette de devenir une référence premium hors champagne.
Mais la hausse de prix ne fait pas tout. La cave a également souhaité effectuer une réorganisation interne tout en procédant à de conséquentes économies, tant au niveau de la production que de la commercialisation. L’un des postes les plus touchés sera la communication.
Lors de son intervention, Marc Sangoy a invité les viticulteurs à « ne pas baisser la garde face à la flavescence dorée » et a rappelé que « c’est dans le collectif que l’on réussira à faire face à nos enjeux. ». Quant à la démarche VDD (Vigneron Développement durable) qui s’attache à trois domaines que sont l’économique, le social et l’environnement, la cave de Lugny espère être labellisée d’ici décembre 2014. Enfin, au sein d’une équipe spécifiquement dédiée à cette problématique, Jean-Christophe Baldassini travaille sur le délicat sujet de la transmission. Un enjeu essentiel pour la cave de Lugny, du fait d'un âge moyen des viticulteurs en hausse. Il s’agit de permettre aux futurs retraités de transmettre leurs structures dans les meilleures conditions possibles.


Les caves coopératives et le foncier


Représentant des Vignerons coopérateurs de France, Francis Terral est intervenu lors de cet après-midi de travail sur la problématique des caves coopératives et du foncier. Il a alors souligné que « le foncier est une problématique prégnante, quelle que soit la région ». Ainsi, à Gaillac, terroir qu’il connaît particulièrement bien, la surface dédiée à la vigne est passée en quelques années de 20.000 hectares à seulement 7.000 hectares aujourd’hui. « Pour agir sur le foncier, il faut un débat approfondi. Il faut définir les objectifs poursuivis, les limites que les caves se fixent et les conséquences sur le modèles économique de la cave. Mais il n’y a pas d’exemple type. Chaque situation est unique ».