Pulvérisation ultralocalisée
Technique : De grosses économies d’herbicides avec la pulvérisation ultralocalisée

Publié par Cédric Michelin
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La pulvérisation ciblée sur l’adventice semble être une des solutions pour diminuer les quantités de bouillie appliquées. Les promesses d’économies sont d’ailleurs très séduisantes.

Technique : De grosses économies d’herbicides avec la pulvérisation ultralocalisée

Jusqu’à 90 % d’herbicides en moins sont annoncés avec la pulvérisation ultralocalisée appliquant le produit phyto uniquement sur l’adventice. Ce procédé présente aussi le grand intérêt de ne pas pénaliser la culture en place, en l’épargnant de tout contact avec la bouillie. Il passe par une parfaite identification des plantes grâce à des capteurs ou caméras, dont le niveau de performance varie entre les marques. Amazone, Garford et Trimble utilisent, par exemple, le principe on/off consistant à appliquer l’herbicide sur les adventices détectées sur le sol nu. D’autres firmes, aux dispositifs plus perfectionnés, à l’instar de l’AICPlus d’Agrifac et de l’I-Spray de Kuhn, ouvrent la voie vers un traitement sélectif des adventices au milieu de la culture.

Des capteurs effectifs uniquement sur sol nu

Amazone fait appel, pour sa solution AmaSpot, à une rampe spécifique, d’une largeur de travail de 24 mètres, pourvue de capteurs détectant la végétation et de buses PWM à pulsation électrique. Les capteurs de fluorescence émettent des rayons infrarouges pour reconnaître la chlorophylle et différencier ainsi les adventices du sol nu. Les buses PWFM à injection d’air à faible dérive présentent une fréquence de 50 hertz garantissant une grande réactivité (50 ouvertures et fermetures par seconde). Amazone annonce d’ailleurs une précision centimétrique jusqu’à 20 km/h, même de nuit. Le module Weedseeker 2 de Trimble, utilisant également des capteurs à infrarouges, se compose d’une unité de détection des adventices reliée à une buse de pulvérisation. Dès la plante localisée sur le sol nu, le produit phytosanitaire est pulvérisé sur la cible. Le gain d’herbicide annoncé peut atteindre 90 %, selon le type d’application, par rapport à un traitement en plein. Le débit de chantier s’avère intéressant grâce à l’allure maximale de travail de 40 km/h. L’équipement d’un pulvérisateur de grandes cultures demande de monter plusieurs Weedseeker 2, car chaque module balaye une bande de 50 cm de large (30 cm sur les Weedseeker de première génération). Des ensembles mesurant jusqu’à 40 mètres fonctionnent en Australie, en Amérique du Sud et en Russie. Dans ces pays aux terres arides et aux vastes plaines, le traitement sélectif permet de réaliser d’importantes économies de bouillie, donc d’eau. La réduction du nombre d’opérations de remplissage est le principal objectif, car il favorise le débit de chantier.

L’intelligence artificielle pour identifier les adventices

Les solutions consistant à identifier les adventices dans la végétation, ou sur sol nu, et à les différencier entre elles, sont au programme d’ Agrifac, Berthoud et Kuhn, par exemple. Elles devraient permettre de réaliser de plus grandes économies de phytos et, à terme, d’adapter la molécule à la plante à détruire. Cette pratique révolutionnaire passera certainement par l’utilisation de systèmes d’injection directe, qui demeurent encore à mettre au point pour garantir une parfaite réactivité. Afin d’atteindre ce niveau de performance, les constructeurs retiennent des caméras dont les images sont traitées par des logiciels à intelligence artificielle. Les analyses instantanées permettent d’appliquer la bouillie uniquement sur les adventices et de cartographier simultanément leur présence dans la parcelle. La pulvérisation ultralocalisée est, quant à elle, assurée par des buses à pulsation (technologie PWM) à pilotage électrique individuel par solénoïde (électroaimant). Le procédé AICPlus d’Agrifac est aujourd’hui en test sur trois appareils, dont un aux Pays-Bas et deux en Australie. Sa commercialisation est prévue dans deux ans et son montage sera possible sur des automoteurs Condor déjà en service. L’objectif du constructeur néerlandais est d’intégrer plusieurs modules d’injection directe, afin d’utiliser la molécule appropriée à chaque mauvaise herbe rencontrée.

Les rumex détectés dans la prairie


L’AICPlus d’Agrifac est capable de détecter les mauvaises herbes dans la culture à une allure de 25 km/h et donnée pour des économies de phytos dépassant les 80 %. Cette solution est déjà commercialisée pour les algorithmes vert sur marron et vert sur vert. Elle est, par exemple, capable de repérer les rumex dans une prairie. Autre concept, l’I-Spray de Kuhn résulte d’un partenariat avec la société française Carbon Bee. Celle-ci fournit les capteurs hyperspectraux surveillant en permanence la végétation. Ces composants, dénommés AQiTSensor, identifient les adventices parmi la biomasse et les différencient entre elles. Les caméras utilisées, à 256 longueurs d’onde (du proche infrarouge jusqu’à l’ultraviolet), sont réparties sur la rampe avec un écartement de trois mètres et autorisent une allure de travail de 18 km/h. Pour la partie pulvérisation, Kuhn s’appuie notamment sur son dispositif Autospray composé de buses PWM (fréquence de 20 hertz).
David Laisney