Chrysanthèmes
Une tradition en perte de vitesse

Qui dit Toussaint suppose inévitablement chrysanthèmes. Mais au fil des décennies, cette tradition a perdu de sa superbe, bien qu'elle demeure un passage obligé pour bon nombre de consommateurs. Une évolution dont nous parlent trois producteurs de Saône-et-Loire : Patrick Bonnot, Jean-Pierre et Gérard Sauvage.
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C’est à Ouroux-sur-Saône qu’est installé depuis trois décennies l’EARL du Foussot à la tête de laquelle se trouve Patrick Bonnot.

Pourriez-vous nous présenter en quelques mots votre exploitation ?
Patrick Bonnot : je suis installé depuis 1984 sur une exploitation maraîchère familiale. Aujourd’hui, je dispose de 2,5 hectares et travaille avec deux salariés permanents, un autre en groupement d’employeurs et des saisonniers au printemps et à l’automne.

La période de la Toussaint demeure-t-elle un moment important pour une entreprise comme la vôtre ?
P. B. : les produits de Toussaint sont les chrysanthèmes, les cyclamens et les santolines. Les chrysanthèmes, à elles seules, représentent environ 20 % de mon chiffre d’affaires. Néanmoins, la marge dégagée avec cette production est moindre que ce que je peux réaliser au printemps.

En trois décennies, y-a-t-il eu des évolutions majeures au niveau des chrysanthèmes ?
P. B. : au milieu des années 80, il y avait 75 % de grosses fleurs et 25 % de multifleurs. Aujourd’hui, je suis à 90 % de multifleurs. Avant, nous faisions notre bouturage et nous passions par des grossistes pour la commercialisation. Cela a complètement changé : désormais, nous achetons nos boutures enracinées que nous recevons fin mai ; la plante est directement en pot plastique ; nous avons beaucoup simplifié le travail et mis en place un arrosage au goûte à goûte automatisé. Enfin, nous avons arrêté de travailler avec les grossistes dans les années 90. Actuellement, nos clients sont les jardineries, les libre-service agricoles, voire quelques fleuristes. Il y a une plus grande demande de pots de petite taille, avec plus de petites fleurs, pour réduire les coûts. Les grandes surfaces se servent souvent des chrysanthèmes comme d’un produit d’appel.

Comment voyez-vous l’avenir de la production de chrysanthèmes ?

P. B. : c’est difficile à appréhender. Je pense qu’il y aura une évolution au niveau des pots et de leurs coloris. Mais aussi au niveau des chrysanthèmes elles-mêmes avec, par exemple cette année, des chrysanthèmes avec fleurs vertes. Mais l’essentiel de l’évolution a été faite.


Installée depuis six décennies à Saint-Marcel, l’entreprise Sauvage a dû au fil des années sans cesse s’adapter comme le confirment Gérard et Jean-Pierre Sauvage.

Pourriez-vous nous rappeler un bref historique de votre entreprise ?

Gérard et Jean-Pierre Sauvage : c’est une entreprise familiale qui existe depuis 1956. Elle a produit ses premières fleurs en 1967 et des légumes jusqu’en 1974. Nous avons eu jusqu’à vingt salariés. Aujourd’hui, il y a douze employés et nous travaillons sur 2 hectares. Environ 60 % de notre production est vendue à des particuliers, 30 % aux grandes surfaces et 10 % aux communes, aux fleuristes… Au maximum, nous avons fait jusqu’à 28.000 pots alors que nous sommes actuellement à 7.000 pots. Nous avons eu jusqu’à 9.000 grosses chrysanthèmes contre 500 en 2015

Quelles ont été les principaux changements dans votre métier ?
G. et J.-P. S. : il y a, à l’automne, une plus grande diversité dans les plantes avec les cyclamens, les bruyères, les compositions… Mais aussi un changement de génération. Le simple fait aussi que les gens ne se font plus enterrer a fait diminuer le nombre de ventes puisqu’il y a moins de tombes sur lesquelles poser des plantes. Il faut en outre noter la réduction du fleurissement des communes. A Saint-Marcel, en 1985, il y avait la production d’environ un million de chrysanthèmes. En 2015, seulement 150.000. Sur la zone Saint-Marcel, Oslon, Epervans et Ouroux-sur-Saône, nous ne sommes plus qu’une quinzaine de producteurs. Chez nous, les chrysanthèmes représentent encore 20 % de notre chiffre d’affaires contre un tiers avant.

Comment envisagez-vous le futur ?

G. et J.-P. S. : acheter des chrysanthèmes est une tradition qui va rester, mais il est difficile de dire à quel niveau cela va se maintenir...

Un label Fleurs de France


Le label Fleurs de France répond aux interrogations des consommateurs sur l’origine des végétaux qu’ils achètent. Il certifie que la fleur, la plante, l’arbuste, l’arbre ou le bulbe ont été produits sur le territoire national. Le logo permet au consommateur de repérer facilement les végétaux concernés dans les différents points de vente. En outre, ce label est un moyen pour les professionnels de la filière horticole française de promouvoir leur production et d’encourager les consommateurs à préférer des végétaux hexagonaux.