Génomie en race charolaise
Une chance pour la monte naturelle

Depuis un an environ, les éleveurs ont à leur disposition une nouvelle indexation génomique officielle faisant appel aux mêmes critères que l’indexation conventionnelle sur performances mesurées. Cette avancée technique qui permet de lire la valeur d’un animal dès ses premiers jours de vie va permettre de fiabiliser le choix des reproducteurs de monte naturelle.
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Lors du dernier concours de Gueugnon, dix animaux génotypés ont concouru dans un challenge "Géno-Morpho" mariant classement morphologique et index génomiques. Voulu par le Comité de concours agricole Val d’Arroux Gueugnon, ce classement s’est appuyé sur la toute nouvelle indexation génomique "Gembal", une méthode officielle validée par l’Inra et que le Herd-book charolais (HBC) propose désormais à ses adhérents.

Des données comparables


Le génotypage "Gembal" repose sur les mêmes critères que le système d’indexation Iboval, expliquait à Gueugnon François Robergeot du HBC. On retrouve donc les index bien connus des sélectionneurs que sont « la facilité de naissance (FNaiss), la croissance, le développement musculaire (DM), le développement squelettique (DS), I’index synthétique ISevr, l’aptitude à l’alaittement (ALait), l’aptitude au vêlage (AVel) et l’indice de valeur maternelle IVMat. Les nouveaux index génomiques Gembal résultent d’un couplage entre la génomie et le système d’évaluation sur les performances Iboval », explique François Robergeot. Autrement dit, leur précision s’affine au fur et à mesure de la collecte de données de performances sur les animaux collatéraux, complétait l’inspecteur du HBC.

Précision dès la naissance


Le génotypage s’effectue à partir d’une simple prise de sang ou sur un prélèvement de cartilage, ce qui permet d’obtenir des index génomiques très précocement. Pratiquement dès la naissance du veau, fait valoir François Robergeot. Et ce, avec une précision déjà aussi élevée que pour un taureau de 3 ou 4 ans évalué sur sa production de veaux, pointe le technicien.
« Le génotypage précoce libère de l’incertitude liée à l’aléa de méiose. Il s’agit de la part de hasard qui fait que les performances d’un veau ne sont pas forcément égales à la somme des performances de ses parents divisée par deux », explique François Robergeot. Grâce au génotypage, il est désormais possible de détecter les 10 à 15% d’animaux qui, du fait de cet aléa de méiose, sont soit supérieurs à la valeur attendue, soit inférieurs. De quoi affiner substantiellement le choix des reproducteurs.
Le génotypage Gembal est désormais utilisé dans le recrutement des stations d’évaluation charolaise, informe l’inspecteur du HBC. « Au Marault par exemple, les candidats sont d’abord repérés sur leur morphologie. Puis les meilleurs font l’objet d’un génotypage avant un tri final synthétisant les résultats ». Ce fut aussi le cas pour les animaux qui ont intégré la station d'évaluation de Jalogny en octobre dernier.

Un tournant dans la monte naturelle


Accessible aux adhérents au HBC, le génotypage Gembal représente une avancée sans précédant pour la sélection des reproducteurs en système monte naturelle. « Il sera très intéressant pour sélectionner les caractères peu visibles à l’œil nu tels que les qualités maternelles », fait valoir François Robergeot.
D’un coût de 120 € par animal comprenant l’inscription et la filiation, le génotypage Gembal des mâles - proposé par le HBC - offre un outil précieux pour la commercialisation des jeunes reproducteurs destinés à la monte naturelle. Un système d’indexation « qui enlève un peu de hasard à l’achat d’un reproducteur » et qui fait dire à François Robergeot que « la monde naturelle redevient ainsi un moyen moderne de reproduction pour des structures où il demeure plus simple de mettre des taureaux ».



Didier Métrop à Grandvaux


« Le génotypage prend en compte ce que l’animal a vraiment dans le sang »
Didier Métrop est l’un des éleveurs qui présentait des animaux au challenge "Géno-Morpho" lors du dernier concours de Gueugnon. Il concourrait avec une femelle Laïka, génotypée en 2015, et un jeune mâle Montblanc, génotypé au printemps 2016. Dans son élevage inscrit de 63 vêlages, Didier Métrop a pour habitude de cumuler les atouts des semences testées d’insémination et les bienfaits des taureaux de monte naturelle issus de grandes lignées de concours, mais l’éleveur observe que le système d’indexation conventionnel favorise les élevages utilisant 100 % de semences testées alors que, dans son élevage, les deux modes de reproduction cohabitent. « Je me suis dit que le génotypage prendrait en compte ce que l’animal a dans le sang donc valoriserait mieux la morphologie et l’ascendance », argumente Didier Métrop. Dix animaux de l’élevage sont aujourd’hui génotypés.
« Je ne cible que les meilleurs morphologiquement et dans la production », justifie l’éleveur qui concède que la méthode a un coût. Le génotypage lui a permis de voir que certaines de ses meilleures vaches - pourtant pas très avantagées par les index conventionnels - se sont retrouvées revalorisées avec les index génomiques. Des bonnes productrices qui sont habituellement pénalisées dans les index conventionnels, parce qu’elles ne sont pas issues de pères et de mères suffisamment évalués, ce qui ne veut pas dire qu’elles soient mauvaises pour autant. Didier Métrop utilise aussi le génotypage « sur de jeunes animaux issus de bonnes lignées pour prendre de l’avance ». Il signale par ailleurs que l’un de ses taureaux de monte naturelle, dont l’indexation génomique était moyenne au début de l’année, a vu ses chiffres remonter suite à l’évaluation de ses veaux l’été dernier.
Non content d’offrir un outil très pertinent pour accoupler les animaux en fonction de leurs qualités et de leurs défauts, le génotypage indique le statut de l’animal vis-à-vis des gènes "Sans corne" et "Culard".