GDS de Saône-et-Loire
Grosses mutations en cours

Malgré un répit relatif sur le front du sanitaire, le GDS 71 a connu une année 2016 compliquée avec la poursuite des mutations du réseau voulues par l’Etat. Désormais régionale, l'organisation est opérationnelle avec des GDS départementaux incontournables sur le terrain, alors que les moyens se font rares du fait de financeurs publics de moins en moins ouverts. Et dans la crise actuelle, la lutte contre les épidémies commerciales telles FCO, IBR ou BVD est un ticket d’entrée incontournable.
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En dépit d’un contexte sanitaire plutôt calme, 2016 aura été une année très particulière pour le GDS de Saône-et-Loire. Pas pour des questions de santé animale de terrain, mais plutôt pour des problématiques de réorganisations internes, dictées par les sacro-saintes régionalisations et sous le souffle du désengagement chronique de l’Etat. Cette année encore, les responsables du GDS ne cachaient pas leur lassitude de devoir consacrer tant de temps à des tâches purement administratives et d’être obligés de se justifier sans arrêt sur l’utilité du réseau départemental. Comme si ce formidable outil collectif - pensé par les éleveurs eux-mêmes et salué tant par le sénateur Jean-Paul Emorine que par le représentant de l’Etat, le directeur de la DDPP, André Klein - n'avait pas maintes fois fait ses preuves.

Passage en mode région…


« 2016 a été marquée par un travail de plus en plus en mode région », confirmait Vincent Robergeot, directeur. Un basculement consécutif à la refonte de la gouvernance sanitaire nationale qui impose l’existence d’un seul Organisme à vocation sanitaire (OVS) par région. Autrement dit, c’est le GDS régional, la FRGDS, qui désormais vaut aux yeux de l’Etat. Concrètement, ce sont quand même les GDS départementaux qui assurent « les missions déléguées » sur le terrain. Car, n’en déplaise aux penseurs de la réforme, c’est encore au sein des GDS départementaux que résident les compétences et les bras pour "aller au charbon" sur le terrain. Du coup, il a fallu bâtir des conventions de mise à disposition de personnel et de moyens vers l’OVS régional, le tout s’accompagnant de gros changements dans les comptes du GDS 71 avec transfert de cotisations au FRGDS, échange de prestations de service, assujettissement à la TVA… Inexorablement, le budget du GDS 71 a diminué de moitié en deux ans tandis que celui de la fédération régionale a bondi.

Sans s’éloigner des adhérents


Pour les responsables du GDS 71, l’enjeu est de veiller « à ne pas s’éloigner de nos adhérents », d’autant que la régionalisation impose une harmonisation des pratiques entre les quatre GDS bourguignons. D’où une mutualisation des coûts de gestion des missions déléguées (prophylaxie) avec un appel de cotisation de l’OVS pour 2016 de 0,44 €/bovin, expliquait Fabien Coulon, président. Dans le même ordre d’idée, et conformément au nouvel arrêté ministériel IBR, le choix a été fait de travailler cette nouvelle prophylaxie en région avec, là aussi, une mutualisation des coûts, d’où un appel de cotisation par l’OVS de 0,90 €/bovin en 2017, annonçait le président. Ainsi, « c’est 70 % de l’activité des GDS qui est désormais régionalisée ».

Collectivités hermétiques…


Et comme si cela ne suffisait pas, la nouvelle région Bourgogne Franche-Comté n’entend plus s’adresser qu’à un seul OVS BFC, obligeant ainsi à coopérer, non plus à quatre, mais à sept départements ! Et ce malgré la persistance par département d’une DDPP et d’un laboratoire, pointait Vincent Robergeot. Les responsables du GDS 71 s’inquiètent aussi de la loi NOTRe qui redistribue les compétences entre les collectivités avec notamment un transfert de l’économique et de l’agricole du Département vers la Région. Et cette dernière est visiblement « hermétique à l’idée de financer du sanitaire », regrettait Fabien Coulon. Le devenir des départements préoccupe beaucoup la profession. « Mal faite, la loi NOTRe perturbe toutes les relations installées entre les OPA et les collectivités. Nombre de ces dernières se sont désengagées, laissant l’agriculture et le sanitaire sur le bord de la route », déplorait le président. Dans ce chapitre, Fabien Coulon regrette encore « que le Conseil départemental ait décidé en cours d’année de ne plus abonder notre caisse Coup dur », même si l’aide financière a été substituée par la mise en place « de diagnostics globaux d’expertise d’exploitations ». Le GDS 71 suit également avec beaucoup de vigilance la construction du nouveau laboratoire départemental d’analyse au sujet duquel le Conseil départemental a fait le choix de collaborer avec un partenaire privé dans le cadre d’une SEM (société d’économie mixte).

FCO : « vaccinez tout ce qui peut l’être ! »


L’activité 2016 aura bien entendu été marquée par la FCO dont la résurgence date du 11 septembre 2015 et qui est à l’origine, rappelait Fabien Coulon, de la perte du marché turc, coup de grâce porté à un élevage plongé dans une crise sans précédent.
Sur la FCO, le message à retenir est qu’il faut vacciner sans attendre tout ce qui peut l’être : broutards, laitonnes, 18 mois, réformes, génisses de reproduction… Une nécessité si l’on veut pouvoir profiter de toutes les opportunités commerciales, mettait en garde le GDS. Et ce dernier de déplorer par ailleurs l’actuelle réglementation européenne en la matière, complétement inadaptée aux impératifs de flux commerciaux entre pays. Une refonte s’imposerait pour mieux anticiper ce risque, d’autant qu’un nouveau sérotype de FCO est présent au nord de l'Italie. Au chapitre de la FCO toujours, 1.250 dossiers ont été traités dans le cadre du fonds FMSE pour lequel le GDS a du justifier d’une nouvelle cotisation auprès de ses adhérents. Malheureusement, « personne n’a été payé pour l’heure », regrettait le directeur.

Arrêté IBR : éradication maintenant !


L’assemblée générale du 24 novembre aura été largement consacrée au nouvel arrêté IBR paru en mai 2016. Conformément aux mises en garde du GDS depuis deux ans, l’éradication de la maladie est désormais une obligation et il faut s’y conformer sans délai : « réformer les bovins positifs et qualifier très rapidement tous les troupeaux qui ne le sont pas ». Pour la FRGDS de Bourgogne, cette accélération vers l’éradication était souhaitable car la gestion de cette prophylaxie est complexe et coûteuse. Toutefois, les GDS bourguignons auraient préféré un délai de 18 mois pour une progressivité des mesures dans la filière et le secteur intermédiaire. En effet, les bovins positifs - dont l’introduction est désormais interdite dans les élevages - doivent dorénavant être exclusivement orientés, via des circuits séparés, vers les abattoirs ou des centres d’engraissement fermés. Ce qui fait craindre les conséquences pour les engraisseurs et autres collecteurs ainsi que pour la valorisation commerciale des derniers positifs, s’inquiétait-on dans la salle.
Sans doute est-ce là un cap à passer en ne perdant pas de vue que, comme le pointait le directeur de la DDPP, IBR tout comme FCO sont avant tout des entraves au commerce, d’où l’intérêt de consentir cet effort. D’autant qu’après l’IBR, les éleveurs auront très vraisemblablement à éradiquer aussi le BVD à l’horizon 2020-2021. Date à laquelle un nouvel arrêté contraignant pourrait voir le jour, prévenait-on dès aujourd’hui...


GDS 71 et FDSEA
« Unir nos forces pour peser »


GDS 71 et FDSEA travaillent ensemble « au rapprochement de leurs réseaux respectifs pour tenter de mieux intégrer les problématiques agricoles en sanitaires au sein des intercommunalités », a annoncé le président du GDS, Fabien Coulon. Cette démarche répond à la réforme territoriale à travers laquelle l’Europe redonne du pouvoir aux régions et aux communautés de communes dont les compétences de proximité augmentent, poursuivait Luc Jeannin, secrétaire général de la FDSEA. Les intercommunalités héritent ainsi de tout ce qui est économique, mais aussi de la délicate gestion des cours d’eau, des Scot ainsi que du sanitaire. Prenant l’exemple du ragondin - qu’un parlementaire aurait défendu contre un plan de lutte départemental - et évoquant les associations de la cause animale qui, avec la loi sur les tre sensibles", se sont trouvée une arme redoutable pour combattre la profession, Luc Jeannin justifiait indispensable d’être présent auprès des élus pour défendre les intérêts des agriculteurs. Car en leur absence, il pourrait se prendre de terribles décisions en leur défaveur, prévenait le responsable FDSEA concluant par ces mots : « ne laissons pas la parole aux autres sur des sujets qu’ils ne connaissent pas ».





Leptospirose bovine
S’atteler sans attendre au problème du ragondin


La leptospirose bovine est l’une des problématiques sanitaires que connaît le département et que suit de près le GDS 71. Le vaccin spécifique qui permettait de protéger les animaux contre cette maladie n’est plus commercialisé. Or la leptospirose est notamment transmise par le ragondin dont l’espèce prolifère à proximité des cours d’eau. L’association Cultivons nos campagnes se charge de gérer la régulation de ce rongeur invasif en impliquant agriculteurs et piégeurs agréés. Objectif : « avoir une régulation sur l’ensemble du département », expliquait Guy Beauchamp, président de l'association. Selon ce dernier, 30.000 € suffiraient pour régler le problème à l’échelle de la Saône-et-Loire. Des financements publics et de collectivités locales sont nécessaires, mais la société civile, toujours plus sensible au sort des animaux quels qu’ils soient, semble peser sur la bonne volonté de certains politiques… « La profession sera obligée de mettre la main à la poche », prévenait Guy Beauchamp, car s’il est une action bénévole, le piégeage n'en a pas moins un coût pour son opérateur. 2 € par ragondin s’imposent.