Santé des abeilles
Objectiver les débats

Publié par Cédric Michelin
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L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) s'est penché sur la santé des abeilles. Depuis plusieurs années, un phénomène d'affaiblissement et de mortalité des colonies d'abeilles est constaté dans de nombreux pays. Dans ce contexte, l'impact de divers facteurs pouvant agir, seuls ou en association, sur la santé des colonies d'abeilles (maladies infectieuses et parasitaires, stress lié aux changements des ressources alimentaires, produits phytopharmaceutiques, conditions climatiques…) est régulièrement médiatisé. Les traitements phytosanitaires ont alors souvent pointés du doigt comme la seule cause du déclin. Les travaux de l’Agence viennent enfin modérer ces propos...
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La mortalité des abeilles est un phénomène normal dans les ruchers. Chaque hiver, 5 à 10 % des colonies décèdent et, au cours de la saison d’élevage (de février/mars à septembre/octobre)), de nombreuses butineuses meurent chaque jour. Cependant, depuis le milieu des années 1980, des phénomènes de surmortalité des colonies d’abeilles sont observés à l’échelle mondiale.
Mais difficile d'en connaître exactement la cause ? La surmortalité des colonies d’abeilles est en effet un phénomène complexe qui met en œuvre de nombreux facteurs susceptibles d’interagir lors d’expositions concomitantes ou successives. Les principales causes ont été classées en cinq grandes catégories par l'Anses.

Cinq causes majeures


- Les causes biologiques : vingt-neuf agents pathogènes et prédateurs de l’abeille (prédateurs, parasites, champignons, bactéries et virus) sont aujourd’hui dénombrés et connus. Tous ces agents participent potentiellement aux affaiblissements et pertes de colonies d’abeilles. Certains de ces agents peuvent agir simultanément.
- Exposition aux produits chimiques : les abeilles peuvent être exposées, comme l’ensemble des autres organismes vivants, aux divers agents chimiques susceptibles d’être présents dans l’environnement. Dans les zones cultivées, la majeure partie de ces agents chimiques appartient à la catégorie des produits phytopharmaceutiques.
- L’alimentation : pour couvrir leurs besoins, les abeilles ont besoin, outre du nectar nécessaire aux butineuses en vol, d’un pollen de qualité issu d’une flore diversifiée (source de protéines) et de miel (source d’énergie) stockés au cours de la saison apicole. Toutes les ressources alimentaires ne sont pas de qualité équivalente. En effet, certains pollens, plus riches en nutriments, sont choisis de façon préférentielle par les abeilles.
- La diminution de la biodiversité, liée notamment à la monoculture a pour conséquence une réduction du nombre d’espèces de plantes disponibles et un raccourcissement de leur temps de floraison. Le manque de pollen, l’absence de réserves suffisantes, un manque de diversité ou de qualité dans ces apports peuvent affecter la bonne santé des colonies d’abeilles;
- Les pratiques apicoles : de la tenue du rucher dépend son état sanitaire : il est donc essentiel que l’apiculteur porte une attention particulière aux facteurs critiques permettant le bon développement de ses colonies Le respect de règles techniques et de biosécurité en termes de milieu de vie, essaimage, alimentation, etc. est indispensable à la bonne santé du rucher. Il est également nécessaire d’effectuer des contrôles réguliers et d’utiliser de manière adéquate les traitements contre les maladies.

D’autres causes


En l’absence de diagnostic plus poussé, de nombreux cas de mortalité restent à ce jour d’origine indéterminée. Une grande diversité de facteurs, intervenant de façon isolée ou en association, est donc susceptible de provoquer une mortalité anormale de colonies d’abeilles. Certains de ces facteurs sont aujourd’hui bien connus. Cependant, pour d’autres, leur effet est difficile a démontrer (effet de l’environnement nutritif, de facteurs climatiques, de certains produits phytopharmaceutiques, certaines infections virales, etc.). De plus, l’effet de l’action combinée de plusieurs d’entre eux reste, à ce jour, et malgré les études en cours, encore peu connu. L'Anses poursuit ses recherches.