Fédération française de la Pépinière viticole
12 règles d'or pour de belles plantations

Publié par Cédric Michelin
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La Fédération française de la Pépinière viticole (FFPV) a tenu son congrès annuel à Bordeaux. Pour faire le point autour des enjeux climatiques, environnementaux et de dépérissement du vignoble. Mais aussi rappeler sa place stratégique.
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David Amblevert est un président heureux. Non pas uniquement parce que cette 14e édition s'est tenue sur ses terres en Gironde et dans la toute nouvelle cité du Vin de Bordeaux, mais surtout parce que ce congrès a accueilli pour la première fois l'ensemble des responsables nationaux et régionaux de la viticulture. « C'est un signe fort pour nous car nous appartenons à la même famille. Il n'y a rien qui nous sépare », a rappelé le président national.
Ce congrès a ainsi permis de faire le point sur les grands dossiers portés ou soutenus par la Fédération comme les contrats d'assurance responsabilité civile professionnelle, les conditions de vente et d’information, ou bien en matière de formation la prochaine certification de spécialisation "Responsable technique de la pépinière viticole", dont la première promotion devrait faire sa rentrée à l'automne 2017.

Engagements


Concernant le plan national dépérissement, et même si « aucun lien n'est établi entre le dépérissement du vignoble et le matériel végétal », le président de la FFPV s'est montré offensif en avançant cinq axes de propositions. En premier lieu, il semble nécessaire de repartager avec la viticulture les techniques de plantation. Une plaquette précisant les douze règles d'or pour une plantation de vigne réussie sera largement diffusée dans les trois prochains mois.
Sur le terrain scientifique et technique, l'annonce a été faite de la création d'une commission technique nationale. Elle sera animée par un professionnel de la fédération et l'IFV. L’objectif est de recenser dans un premier temps les différentes méthodes utilisées par les entreprises pour pouvoir améliorer le taux de reprise, un enjeu de compétitivité par toutes les entreprises. « Il ne peut pas avoir de réponses techniques sans réponses scientifiques. La pépinière a aussi besoin de recherche et de développement », a ajouté David Amblevert.
Autre volonté, une meilleure gestion du potentiel des vignes-mères de greffons qui a accusé en dix ans, une perte de -23 % des surfaces. L'ambition est de pouvoir récupérer 250 hectares en cinq ans. Concernant la qualité et la diffusion des plants, la priorité des pépiniéristes reste les viticulteurs français dans le cadre de l'approvisionnement de leurs marchés de proximité. Aussi, la marque Entav-Inra adossée à la charte du pépiniériste va être renforcée. Enfin, les responsables de la fédération entendent recréer à l'échelon régional de véritables lieux de concertation : « On a des instances nationales pour le matériel végétal avec l'IFV, mais il nous faut des instances régionales ou recherche, viticulteurs, pépiniéristes, chambres d'agriculture... puissent se mettre autour de la table pour échanger et avancer ensemble ».

Des questions... sans réponse


Ce congrès a été aussi l'occasion d'interpeller le conseiller du ministre de l'Agriculture, Sébastien Couderc, sur deux sujets prioritaires pour la profession. Le premier concerne le traitement à l'eau chaude des plants avec la demande, résultats scientifiques à l'appui, de pouvoir abaisser le couple température/temps de 50°/45 mn à 50°/35 mn. Sur ce point, le conseiller a indiqué attendre les conclusions de l'Anses pour la fin de l'année. Le second porte sur le renforcement de la transparence au niveau des étiquettes bleues de plants avec le rajout de deux mentions supplémentaires indiquant le pays l'origine du cépage et du porte-greffe. « On se doit s'apporter de la lisibilité aux viticulteurs », a indiqué David Amblevert.
Enfin, il s'est montré farouchement défavorable sur le projet de prélèvement à la source, un casse tête et une complexité administrative supplémentaire d'autant plus que les entreprises sont de forts employeurs de main d’œuvre. « Nous sommes des multiplicateurs de plants, pas des collecteurs d’impôts ».



Un marché avant tout local


2016 est une année équilibrée pour la pépinière viticole, dans une dynamique de production avec 225 millions de plants mis en œuvre contre 220 millions en 2015. La prochaine campagne s'annonce soutenue, dopée par les plans de restructuration et pour certains vignobles par des besoins en complantation. La France reste le premier pays producteur européen de plants avec 40 % de l'offre européenne. Le potentiel des vignes mères sur le territoire est de 3.500 hectares.




L'export en berne


Même si la priorité reste la fourniture du marché national, la baisse constante de l'activité export depuis cinq ans devient inquiétante. Elle ne représente plus que de 13 millions d'€ contre 50 millions il y a dix ans. D'un autre côté, les importations de plants progressent : 75 % en provenance de l'Italie, le reste venant d'Espagne et de Slovénie. Une situation qui s'explique par le dynamisme du marché national puisque les pépiniéristes français privilégient leur marché de proximité, mais qui pose question. « Sur le grand export, les règles sont contraignantes notamment sur les règles sanitaires, à la limite du protectionniste », explique Miguel Mercier en charge du dossier au sein de la Fédération. Mais il existe une quinzaine d'entreprises qui continuent de sillonner le monde et à entretenir un réseau de clientèles et d'agents.