Elvéa 71 58
« Notre travail a un prix ! »

Organisation de producteurs à part entière, désormais représentée à Interbev, Elvéa poursuit ses efforts de structuration du commerce entre éleveurs et acheteurs. Soucieuse d’accompagner ses adhérents face à une conjoncture des plus morose, Elvéa 71 58 promeut l’amélioration de la productivité des exploitations sans toutefois céder sur le prix.
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Elvéa 71 58 était en assemblée générale le 26 septembre dernier à Toulon-sur-Arroux. Sous la bannière « éleveurs et acheteurs associés », cette association réunit des adeptes du commerce privé d’animaux. Des éleveurs désireux de faire jouer la concurrence entre acheteurs et de négocier eux-mêmes le prix de leurs produits. Elvéa 71 58 leur propose une forme d’organisation alternative aux systèmes coopératifs. Sur sa zone de la Saône-et-Loire et de la Nièvre, la structure compte 462 adhérents éleveurs bovins pour 71 négociants, auxquels il faut ajouter 90 éleveurs ovins ainsi que 5 négociants ovins. En 2013, les adhérents d’Elvéa 71 58 totalisaient un cheptel de production de quelque 40.000 vaches allaitantes avec lequel ils ont commercialisé près de 40.000 bovins, maigres pour 70% d’entre eux.
Le siège d’Elvéa 71 58 est à Charolles. Trois techniciens sillonnent la zone pour accompagner les adhérents : Anne-Lise Lamborot, Francine Martin et David Lebeau. Depuis peu, un quatrième technicien assure les permanences du matin au bureau. Il s’agit d’Olivier Monnet, par ailleurs éleveur à Champlecy.

OP reconnues et membre d’Interbev



Si elle concerne le commerce privé, l’association des éleveurs n’en est pas moins une organisation de producteurs (OP) à part entière. Elle relève du régime des OP non commerciales agréées (OPNC), lesquelles viennent d’ailleurs d’être reconnues par la réglementation européenne. Une petite victoire pour les défenseurs du commerce privé qui ont dû dépenser beaucoup d’énergie pour faire reconnaitre le droit à l’existence d’OP sans transfert de propriété et comportant un collège acheteurs. Autre motif de satisfaction, les 37 OPNC fédérées au sein d’Elvéa France ont désormais un siège au sein de l’interprofession Interbev. Elvéa France fait désormais partie du collège « mise en marché » à l’instar de Coop de France, la fédération française des commerçants en bestiaux et la fédération française des marchés de bétail vif.

Un animal sur huit en filière de qualité



En tant qu’organisation de producteurs, Elvéa 71 58 poursuit un rôle « d’adaptation de l’offre à la demande ». Mission qui passe notamment par les commissions d’orientation réunissant producteurs et acheteurs et la favorisation constante des échanges entre ces derniers. Elle se charge aussi de mettre à la disposition des éleveurs toute une gamme de filières permettant de valoriser les produits. Un animal sur huit est ainsi valorisé dans l’une des six principales filières où l’association et ses éleveurs sont engagés (charte des bonnes pratiques d’élevage, Hérédia non OGM, Charolais de Bourgogne, label rouge Charolais Terroir, fournisseurs bovins maigres, Bœuf de nos Régions). Des débouchés synonymes de plus values. Pour des animaux qualifiés dans la charte des bonnes pratiques par exemple, un bonus de + 0,03 euros le kilo peut être obtenu sur le créneau de grande distribution lié à SVA. A compter de fin octobre et ce durant un mois, c’est une plus value de + 0,05 euros le kilo qui sera reversée par l’abattoir Leclerc de Kermené. Un geste faisant suite à la mobilisation récente des éleveurs (FNB) et qui vise à promouvoir les races à viande dans la grande distribution.

Accompagnement technico-économique



Outre son rôle d’organisation de filière stricto sensu, Elvéa 71 58 développe ses missions d’information et d’appui technique auprès de ses adhérents. Un accompagnement de nature « clairement indépendante », fait valoir le président Jean-Michel Morel. Parmi ces services figure un logiciel de gestion du troupeau spécifique à Elvéa, « le seul logiciel web détenu et géré par des éleveurs », défend le président. Proposée depuis quelques années à ses adhérents, une assurance garantie de paiement est venue sécuriser les éleveurs contre les risques d’impayés ou de faillite des acheteurs. Collective mais volontaire, cette assurance que les négociants ont très bien accueillie, mériterait d’être davantage souscrite par les éleveurs.

Prix de vente trop bas



Dans son rôle d’accompagnement de ses adhérents, Elvéa 71 58 élargit désormais le champ de son appui technique à la génétique, au commercial, voire au technico-économique. Un choix qui s’impose en cette période très difficile en élevage, estime Jean-Michel Morel. Alors que la filière se trouve « confrontée à des questions majeures quant à l’équilibre de la rémunération de chaque maillon – tout le monde faisant état de perte, l’association entend jouer un rôle clé » pour aider ses adhérents à faire face à la perte de revenu. C’est d’ailleurs dans ce sens qu’Elvéa 71 58 avait invité Régis Matrat de CER France pour tenter d’apporter des pistes d’amélioration économique pour les exploitations. Mais si comme le constatait Jean-Michel Morel, « l’aval renvoie souvent les éleveurs à la recherche de gain de productivité » pour s’en sortir, les chiffres des centre de gestion pointent néanmoins des prix de vente trop faibles pour couvrir le prix de revient. Si personne ne remet en cause la nécessité d’améliorer les performances technico-économiques de chaque exploitation, certains font cependant remarquer que « même les meilleurs ne roulent pas sur l’or ! ». La question du prix des animaux demeure incontournable. Parce que « notre travail a un coût ! », défendait avec force Fabrice Voillot, un adhérent d’Elvéa, par ailleurs président de l’USC de Mesvres.


Communication

Elvéa 71 58 part en campagne !



En dépit de ses modestes moyens, mais avec le soutien d’Elvéa France, l’association Elvéa 71 58 entend rattraper son déficit de communication. Elle participe déjà aux concours de Saint-Christophe-en-Brionnais, Gueugnon, Charolles, au Festival du Bœuf, à la fête des jeunes agriculteurs. Récemment, Elvéa 71 58 était présente au Mondial Charolais aux côtés de la fédération française des commerçants en bestiaux et du label rouge Charolais Terroir. Début octobre, elle était aussi au Sommet de l’élevage. Fin octobre, Elvéa 71 58 prendra part aux rencontres « Made In Viande » (25 au 31 octobre), opération de promotion nationale destinées à faire découvrir les métiers de la viande aux consommateurs. Trois portes ouvertes seront assurées par des adhérents de l’association : à la SA Beaucarnot à Saint-Symphorien-de-Marmagne (centre d’alottement) le samedi 25 octobre ; à la SARL Oudry Bétail à Oudry (centre d’alottement), le même jour et dans l’exploitation de Serge Leureaud à Vendenesse-les-Charolles le lundi 27 octobre.




Marchés viande bovine « Un tableau assez noir… »



Résultats d’exploitation inférieurs à l’année précédente, nombre de vaches allaitantes en recul, 50% des éleveurs âgés de plus de 50 ans… A cela s’ajoute une augmentation du nombre de vaches laitières, l’importation de viande à bas prix, une baisse de consommation des pièces nobles au profit du steak haché ; « autant de facteurs qui ont ramené les prix de 2013 au niveau de 2012 », synthétisait Gilles Danière dans son rapport du collège acheteur. Les commerçants pointent aussi le phénomène des races rustiques qui « avec de petits volumes et une présence importante dans les niches de consommation semblent mieux résister à la baisse des cours que la race charolaise qui devient un produit de masse destiné à la grande distribution, elle-même incapable de valoriser correctement les pièces arrières ». Autre constat « l’exportation d’animaux vivant qui connait elle aussi ses difficultés : arrêt des exportations vers l’Algérie pour des raisons sanitaire ; absence d’exportation vers la Turquie ; crise économique en Italie… ». L’Italie, partenaire fiable, demeurant « le principal débouché pour nos broutards et nos laitonnes », assurait toutefois Gilles Danière. Enfin, le représentant des acheteurs déplorait les accords conclus avec le Canada et bientôt les Etats-Unis pour importer de la viande en Europe. Un deal d’autant plus regrettable qu’avec ses charges et ses normes qui augmentent sans cesse, l’élevage français devient de moins en moins compétitif en Europe et dans le monde, s’inquiétait Gilles Danière.