Charançon du bourgeon terminal sur colza
A maitriser cet automne

Publié par Cédric Michelin
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La recrudescence et la perte de sensibilité voire de résistance de certains ravageurs d’automne (puceron vert, charançon bourgeon terminal) complexifie leur contrôle à l’automne. Pour autant la lutte raisonnée nécessite toujours d’intervenir quand le seuil de nuisibilité est atteint, au stade de sensibilité du colza et avec le bon insecticide.
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L’adulte est discret et sa présence ne peut être détectée dans les parcelles que dans des pièges (cuvettes jaunes en haut de la végétation). Les dégâts des larves des charançons du bourgeon terminal ne sont généralement visibles qu’après la reprise de végétation à un moment où il n’y a plus aucune possibilité de lutte (contrairement aux larves d'altises, les larves de CBT ne sont pas atteintes par les insecticides). la lutte vise donc les adultes de façon à les détruire avant la ponte. La nuisibilité est plus forte sur les colzas faiblement développés car les larves gagnent plus facilement le cœur des plantes.

Des outils pour lutter efficacement



La surveillance doit débuter dès mi-septembre et se poursuivre tard en saison car les arrivées peuvent être échelonnées. Raisonner les interventions en surveillant vos cuvettes et en consultant le bulletin de santé du végétal (BSV) qui vous renseignera sur la dynamique des vols et, dans certaines régions, sur les risques d'entrée en ponte.

Intervenir si nécessaire au bon moment



• Si les premières captures sont précoces (courant septembre), se baser sur les données des BSV, afin de ne pas intervenir trop tôt. En l'absence de données, intervenir une quinzaine de jours après les premières captures.
• Si les premières captures ont lieu courant octobre, intervenir 8 à 10 jours après. Confirmer si possible le risque par des données BSV (vol, maturation, ponte).
• Si un nouveau pic de vol survient plus de deux semaines après le traitement, renouveler éventuellement l’intervention notamment si les plantes ne sont pas bien développées.



Perte de sensibilité aux pyréthrinoïdes



Depuis 2011, le Cetiom essaie de comprendre pourquoi certains agriculteurs peinent à maîtriser les infestations de charançons du bourgeon terminal dans le sud-ouest de l’Aube et le Berry.

Des essais de suivis de vol et de stratégies de traitement ont ainsi été mis en place, jusqu’à la campagne présente exclusivement dans le sud-ouest de l’Aube et le Berry. Des efficacités faibles des traitements à base de pyréthrinoïdes ont été obtenues, quelle que soit la date de traitement, et ne peuvent être expliquées uniquement par des vols échelonnés.

En parallèle, des tests de résistances (tests flacons) ont été conduits en laboratoire au Cetiom à partir d’insectes collectés par le Cetiom ou par des organismes partenaires (Axereal et Syngenta). Les populations testées proviennent de l’Allier, de l’Aube, de l’Yonne, du Jura, du Loiret et du Cher. Ces premiers tests révèlent des différences de mortalités fortes selon la provenance des populations. Les pertes de sensibilité sont les plus importantes pour les populations du Centre et intermédiaires pour les populations du sud-ouest de l’Aube et du Jura.
Le nombre de populations testées est trop faible pour avoir une idée précise des niveaux de sensibilité dans les régions étudiées et encore moins à l’échelle nationale mais ces premiers résultats n’en sont pas moins inquiétants.

D'un point de vue pratique si des pertes d’efficacité sont observées au champ dans certains secteurs, il est totalement inutile de réintervenir ou d’augmenter les doses d’insecticides au risque de sélectionner des insectes encore plus résistants et de tuer la faune auxiliaire. Les autres familles que les pyréthrinoïdes testées à ce jour ne se révèlent pas plus efficaces. La seule parade aujourd’hui dans ces secteurs est de soigner le mieux possible l’implantation.




Les pucerons transmettent les viroses



Trois espèces sont repérables sur colza : le puceron cendré du chou, le puceron du navet et le puceron vert du pêcher. Le puceron vert se montre le plus nuisible. Il est dangereux surtout parce qu’il transmet des viroses au colza, viroses difficiles à évaluer mais qui peuvent causer des pertes supérieures à 5 q/ha.

Observer minutieusement la face inférieure de l'ensemble des feuilles du colza. On estime que les six premières semaines de végétation assimilées à l'acquisition de six feuilles depuis la levée, restent la période de risque maximal. Le seuil est fixé à 20% de plantes porteuses de pucerons.

Le puceron vert est le seul des trois pucerons à manifester des résistances aux pyréthrinoïdes et au pyrimicarbe. Aujourd’hui les néonicotinoïdes assurent encore une efficacité sur colza (Proteus, Horême V200), mais ces solutions sont fragiles : les premiers cas de résistance du puceron vert à cette famille ont été signalés dans le sud de la France sur pêcher.