Pac pour les bovins viande
Un impact globalement négatif en 2015

Publié par Cédric Michelin
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Selon les projections de l'Institut de l'élevage, l'impact de la réforme de la Pac 2015-2019 sera, sur sa première année d'application, globalement négatif pour la majorité des exploitations de bovins viandes. En revanche, les élevages situés en zone défavorisée verront, en fin de période, leur soutien consolidé.
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Les impacts de la réforme de la Pac 2015 – 2019 devraient être « globalement négatifs en 2015 pour la majorité des exploitations de bovins à viande, qu'elles soient spécialisées ou diversifiées ». C'est l'analyse de l'Institut de l'élevage qui a diffusé, fin novembre, des projections par type d'exploitation dans un document intitulé Une Pac complexe et transitoire. La réforme n'arrange pas les comptes de l'élevage bovin français au début de la période, mais la situation s'améliore pour certains types d'élevages, à mesure que la réforme avancera. A la fin de la période, en 2019, les exploitations situées en zone défavorisée, et particulièrement celles situées en zones de montagne, bénéficieront de la convergence des aides découplées et verront le niveau global de soutien consolidé, si toutefois « les règles du jeu ne changent pas lors de la révision à mi-parcours ».

Les génisses primées créent des disparités



Concernant les aides couplées, le niveau historique de génisses primées va créer d'importantes disparités. En effet, le calcul des plafonds d'animaux primables au titre de la nouvelle « aide vache allaitante » a changé. Il prendra désormais pour référence l'année 2013 et exclura les génisses. Par conséquent, les exploitations primant habituellement un niveau important de génisses (l'ancienne mouture permettait de primer jusqu'à 40% de génisses) vont voir leur niveau de soutiens couplés diminuer, prévoit l'Institut de l'élevage. Par exemple, un système naisseur polyculteur en race Blonde d'Aquitaine, qui primait 20% de génisses (12 génisses sur 59 droits) devrait voir son montant d'aides couplées diminuer d'environs 1000 euros, tandis qu'un système naisseur spécialisé Charolais (90 vaches allaitantes pour 86 droits) verra son montant augmenter de 1 200 euros.

La convergence pénalise les intensifs de plaine



Concernant les aides découplées, leur convergence sur la période 2015-2019 pénalisera les systèmes naisseurs ou engraisseurs, dont le niveau de droits à paiements uniques (DPU) était généralement élevé grâce à l'activité d'engraissement (voir graphique). À titre d'exemple pour 2015, l'Institut de l'élevage indique qu'un système naisseur engraisseur Limousin verra ses aides découplées diminuer de 1.800 € par Unité de main d'œuvre (UMO), et qu'un système polyculteur engraisseur de plaine perdra 5.700 €/UMO. En 2019, après trois années de convergence, il perdra plus de 10.000 €/UMO. Toutefois, notent les analystes, l'impact aurait été plus fort sans la politique de sur-dotation aux 50 premiers hectares, favorable à ces exploitations intensives souvent de petite taille.


L'arrêt de la prime à l'herbe laisse des traces


Enfin, note l'Institut de l'élevage, la revalorisation de l'Indemnité compensatoire de handicaps naturels (ICHN) devrait atténuer les effets de la convergence à la baisse pour les systèmes les plus intensifs des zones défavorisées simples qui n'avaient pas contractualisé de Prime à l'herbe (PHAE). Par exemple, le système naisseur engraisseur Limousin voit son niveau global de soutien augmenter (+2.500 €/UMO en 2019). Mais pour les systèmes naisseurs spécialisés en zone défavorisée simple, comme en montagne, qui bénéficiaient de la PHAE sur plus de 75 ha, le niveau de soutien second pilier diminuera. Le système naisseur spécialisé Charolais perdra 1.300 €/UMO dans la fusion de l'ICHN et de la PHAE, qu'il pourrait toutefois récupérer dans la mise en place de MAEC « herbagers extensifs et pastoraux » ou « polyculture élevage ».