Avec le robot de traite
Plus de productivité et de sérénité

Confronté à la nécessité de renouveler son matériel de traite il y a trois ans, Sébastien Ravaux, producteur de lait dans la Nièvre, a fait le choix du robot de traite. Un investissement important qui a permis à l’éleveur d’appréhender avec plus de sérénité les exigences et contraintes afférentes au métier. Témoignage.
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« Avant l’installation du robot, la traite c’était deux heures et demi le matin, et tout autant le soir », se souvient Sébastien Ravaux, producteur de lait à La Celle-sur-Loire, dans le nord-ouest de la Nièvre, invité à revenir sur les raisons qui ont dicté son choix, il y a trois ans, d’investir dans un robot de traite. « Aujourd’hui, disons que la charge de travail reste importante, mais qu’elle peut être étalée différemment. Et si un imprévu se présente, il reste gérable, ce qui était moins évident à l’époque ».
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Sébastien ne regrette pas l’investissement réalisé il y a trois ans qui a conduit à l’installation d’un robot de traite sur son exploitation : « il fallait que je change ma salle de traite, et une nouvelle concession est venue s’installer à quelques dizaines de kilomètres de la maison. Je ne me projetais pas forcément sur ce type de matériel, mais étant seul sur l’exploitation, avec la difficulté de fidéliser du personnel connaissant le matériel, les animaux et la machine à traire, il était aussi nécessaire de se poser la question de l’organisation du travail et de la gestion du temps ». Et c’est ainsi que, dans le prolongement des travaux de modernisation de son bâtiment d‘élevage profondément modifié en 2010, Sébastien a sauté le pas et quelque peu révolutionné l’organisation quotidienne de l’exploitation.

Une réflexion économique poussée


Dès 2010, Sébastien a entamé une longue période de modernisation de son outil de travail. La stabulation - alors entièrement sur aire paillée - est totalement réaménagée en aire raclée avec logettes individuelles pour loger une centaine d’animaux.
« A l’époque, j’achetais et je pressais une centaine d’hectares de paille chaque année », un schéma onéreux et consommateur d’un temps précieux, étant donné les astreintes qu’imposaient quotidiennement les horaires de traite.
Aujourd’hui, Sébastien Ravaux valorise en litière la matière sèche du lisier récupérée grâce à un séparateur de phase et utilise de la sciure de bois pour assainir le tout, « surtout en hiver » précise-t-il. Pendant les travaux, il laisse également un espace vacant, en prévision du futur investissement de renouvellement de la machine à traire. C’est là, que quelques mois plus tard, prend place le robot.

Gain de productivité


Dès la mise en fonctionnement de la machine, les premiers bienfaits de l’installation se font ressentir. « Le fait pour les animaux de pouvoir passer à plusieurs reprises par jour à la traite, permet une meilleure optimisation du pic de lactation » observe Sébastien, qui concède néanmoins que les premières semaines ont été un peu complexes à gérer pour habituer les bêtes au matériel et au changement de rythme : « elles étaient paramétrées pour deux traites par jour » précise-t-il tout en expliquant que « la distribution d’aliment pendant le passage à la traite aide franchement à les pousser vers la machine ».
Aujourd’hui, les vaches de Sébastien passent en moyenne 2,5 à 2,7 fois par jour entre les mains du robot. La ration de concentrés est automatiquement régulée par le robot en fonction de l’activité de l’animal dans le bâtiment (alimentation, chaleur…) et de la production de la vache suivie grâce à un puçage individuel. Et l’état sanitaire de chaque quartier est contrôlé : « en cas de problème décelé sur la conductivité du lait, des alertes apparaissent. On préprogramme alors la machine en identifiant l’animal malade et le robot continue la traite en détournant le lait de l’animal du circuit de traite. Il est récupéré dans des seaux indépendants, puis un lavage du circuit se met automatiquement en route pour garantir une hygiène de traite optimale ».
Au final, l’éleveur estime que son gain de productivité avoisine les 15 %.

Une meilleure qualité de vie


Constatant qu’il dispose à ce jour de données qu’il n’aurait jamais eu à sa disposition avec une installation « conventionnelle », Sébastien tempère néanmoins les idées reçues circulant sur la mise en place du robot. « Cela simplifie le travail, pour autant des tâches demeurent incontournables, notamment la surveillance des animaux et l’administration des soins. Et puis la machine tombe de temps en temps en panne et j’ai des alertes sur le téléphone portable qui, parfois, me pousse en dehors du lit à des heures indues ! Il y a des jours où le téléphone, je le passerais bien par la fenêtre ! »
Malgré cela, l’éleveur reconnaît que l’investissement réalisé a du bon, tant sur la plan professionnel, « où j’ai gagné en souplesse » que sur le plan familial : « désormais, le samedi, je peux emmener mon fils au foot sans souci et ne pas systématiquement compter sur quelqu’un pour me le ramener parce que je dois rentrer traire les vaches ». Une petite révolution tout de même pour la production laitière et ses éleveurs, souvent contraints en terme de temps. Le lait, c’est 24 heures sur 24 et 365 jours par an. Presque un peu moins avec l’innovation…




Quelques repères


Installation de Sébastien en 1998. Il exploite actuellement en EARL, l’EARLde la Métaierie Houard.

Surface : 120 ha ;

Sole : 40 ha de maïs ensilage, 80 hectares de prairies (permanentes, temporaires, trèfle violet) ;

Main-d’œuvre : 1,6 UTH ; Sébastien et un salarié embauché en groupement d’employeurs ;

Système d’exploitation : 100 vaches laitières en "zéro pâturage" et une centaine d’élèves ;

Reproduction : saillie naturelle pour les génisses et insémination pour les vaches laitières avec des vêlages d’un bout à l’autre de l’année sans interruption de la production laitière ;

Alimentation : maïs ensilage, apport de concentrés (soja, tourteaux de colza, drèche de blé, pulpe de betterave) et correcteurs azotés ;

Matériel : seul un télescopique en pleine propriété, le reste du matériel est en Cuma ; l’éleveur fait appel à un entrepreneur pour les chantiers d’ensilage.