5e programme d'actions de la Directive Nitrate
Sauvegarder la viabilité des exploitations

Producteur de grandes cultures à Crissey, Lionel Borey préside la section céréalière de la FDSEA. Il est également responsable Environnement à la FRSEA de Bourgogne. Il nous livre ici son analyse.
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« La profession a été associée au travail régional qui s'est bien passé, chacun, administration et professionnels, ayant la volonté d'aboutir en évitant d'accentuer les contraintes liées au national (PAN). C'était la première fois que nous menions un tel travail d'harmonisation au plan régional, avec toutes les différences de situations à considérer. Le challenge a été réussi.
En grandes cultures notamment, des marges de manœuvre ont été conservées pour répondre aux exigences de qualité et de taux de protéines attendues, notamment par la meunerie. Nous sommes donc plutôt satisfaits de cette concertation régionale et des dispositions qui ont été définies dans le PAR.
En revanche, nous restons très attentifs aux conséquences possibles d'une nouvelle condamnation de la France par les instances européennes, la situation actuelle pourrait alors se dégrader.
Le vrai problème…
Le vrai problème se situe au niveau des dispositions nationales, qui peuvent avoir des conséquences dommageables autant pour les exploitations d'élevage que pour celles en grandes cultures.
Dans le domaine de l'élevage, les restrictions sur les dates d'épandage vont nécessiter de nouvelles mises aux normes pour augmenter la capacité de stockage des effluents. La problématique est double, les délais sont trop courts, les coûts induits importants et surtout les modes de financement ne sont pas clarifiés. Que ce passera-t-il en particulier pour les exploitations qui étaient déjà situées en zone vulnérable et qui ont déjà réalisé leur mise aux normes ? Sans parler du fait que les conséquences économiques de nouvelles obligations de mise aux normes sont particulièrement mal venues en ce moment et incompatibles avec la situation précaire de nombreux élevages.
La vigilance est de mise
Dans le domaine des grandes cultures, c'est la notion de pente qui est sur la sellette. Nous travaillons aussi sur cette question au plan national avec une vigilance soutenue pour ne pas voir de surfaces retirées de la production pour un problème de pente. La question est complexe, car beaucoup d'éléments interfèrent avant de trouver une solution acceptable. Nous sommes d'autant plus vigilants que les départements de Côte-d'Or et de l'Yonne risqueraient d'être directement impactés par ces dispositions.
Au final, c'est tout notre modèle d'agriculture qui risquerait d'être remis en question. Des exploitations en polyculture élevage pourraient se trouver confronter à la fois à une obligation de mise aux normes et à des pertes de production sur des terres en pente. L'accalmie - qui nous semble de mise sur le plan régional - ne doit donc pas nous démobiliser pour faire en sorte que les dispositions nationales ne menacent pas la viabilité de nos exploitations. C’est là un enjeu majeur
».