Sedarb
« Rester maître chez soi »

Publié par Cédric Michelin
-
L'assemblée générale du Sedarb a été l'occasion de rappeler certains fondamentaux de l'agriculture biologique certifiée.
130140--1320_reg_sedarb.JPG
L'agriculture biologique est une « valeur sûre » selon Bernard Krempp, président du Service d'éco-développement agrobiologique et rural de Bourgogne (Sedarb) qui a tenu son assemblée générale à Darcey (21) le 22 avril. En plus des enjeux environnementaux, le Côte-d'Orien cite la problématique des charges opérationnelles de plus en plus élevées dans ses arguments : « rien que pour cet aspect, l'agriculture biologique est intéressante. Pourquoi vouloir absolument atteindre un niveau de rendement ou de chargement élevés, si l'on est obligé d'acheter une grande partie de sa production avec des fertilisants ? Mieux vaut privilégier la fertilité naturelle des sols, travailler avec le potentiel de son propre terroir. Nous aboutissons alors, dans ce cas, à un maximum d'autonomie sur les exploitations. C'est pour cela que je parle d'indépendance et de reconquête de notre métier. Un agriculteur en quelque sorte rester maître chez lui ». Bernard Krempp utilise bien d'autres exemples plaidant en faveur du bio, comme celui de la qualité des produits : « quand une production n'est pas forcée, l'aspect qualitatif est bien meilleur, il ne faut surtout pas l'oublier ».

Exigeant techniquement



Favoriser au maximum le potentiel de ses sols nécessite des rotations adaptées et une technique de haut niveau. Une conversion exige un certain nombre d'acquisitions techniques brisant les habitudes. « Ce sont des heures et des heures de formations, aussi bien en salle que sur le terrain » ne cache pas Bernard Krempp. Celui-ci embraye sur un sujet qui lui est cher : la politique d'accompagnement des agriculteurs, toujours aussi déficiente : « elle est de moins en moins en phase, surtout avec l'augmentation des surfaces bio. La Bourgogne comptera près de 50.000 hectares cette année, c'est une belle progression mais les soutiens ne suivent malheureusement pas. Le Sedarb n'est pas le seul concerné par cette déficience qui touche tous les acteurs de la bio dont les Chambres d'agriculture ». L'intervention de Jacques Rebillard, de la commission agricole du conseil régional, s'est voulue constructive auprès des agrobiologistes, mais n'a  visiblement pas totalement rassuré : « la Région fait ce qu'elle peut mais on voit bien que les équilibres budgétaires sont de plus en plus difficiles à tenir et le budget de la bio n'en ressort pas grandi » réagit Bernard Krempp qui poursuit : « tout le monde se plaint de cette réalité... De plus, une grande partie des critères de financement vont être couplés au plan Feader : c'est là aussi une déception car l’instruction des dossiers de financements est compliquée ». Le Sedarb se dit d'autant plus inquiet que la demande du terrain grandit. « Nous l'avons vu aujourd'hui avec les intervenants de notre assemblée. La bio peut répondre à de nombreux enjeux d'actualité, notamment à ceux de la reconquête de la qualité de l'eau. Cette voie est de mieux en mieux acceptée par les décideurs et les élus politiques. Il est dommage qu'il y ait tant de freins... » termine le président.



Près de 50.000 hectares bio



Le Sedarb a publié les principaux chiffres de l'année 2014 . Quarante-quatre reconversions ont été recensées l'an passé en Bourgogne, pour une surface de 3.366 ha supplémentaires. Le nombre d'exploitations bio passe ainsi à 944 , soit 4,6% des fermes bourguignonnes et une surface totale de 49.308 hectares.

Le président Bernard Krempp évoque une démarche de « reconquête » du métier d'agriculteur, qui favorise l'autonomie des exploitations.