Semis des colzas
Pour gérer les insectes d’automne

L’agronomie revient plus que jamais au cœur des systèmes de cultures. Et cela est le cas pour gérer les insectes d’automne en prévision des semis de colza de cet été. Détails avec Terres Inovia.
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L’année 2015 a été marquée par la confirmation de populations résistantes aux pyréthrinoïdes, tant pour le charançon du bourgeon terminal que, désormais, pour l’altise d’hiver. La meilleure stratégie pour gérer ces insectes d’automne vise à remettre l’agronomie au cœur du système, en soignant l’implantation et en favorisant une croissance dynamique des colzas.

Semer dès le 20 août


L’objectif est d’obtenir un colza suffisamment développé lors de l’arrivée des grosses altises adultes, mais également en entrée d’hiver pour faire face aux larves d’altise et de charançon du bourgeon terminal.
Un semis autour du 20 août (au 25 août maximum) se traduit par un colza en moyenne à 3-4 feuilles à la mi-septembre. C’est le moment où les grosses altises adultes arrivent en général dans les parcelles, mais c’est aussi le stade de fin de nuisibilité des altises adultes. Tout traitement est alors généralement inutile.
Avec ces semis précoces, il faut maîtriser sa densité (40 plantes maximum/m2) et choisir des variétés peu sensibles à l’élongation.

Favoriser la croissance


Plus le colza est vigoureux au démarrage, moins il est sensible aux dégâts de ravageurs comme les altises.
Dans les situations à faible disponibilité en azote, il faut privilégier les apports organiques dont une partie de l’azote est disponible rapidement et une autre plus lentement (pour limiter les faims d’azote tardives à l’automne). A défaut, l’apport peut être sous forme d’azote minéral, dans le respect de la réglementation en vigueur. Dans ce cas il est conseillé de l’associer à du phosphore et de l’apporter si possible en localisé.

Gérer la structure et la paille


En présence de paille, le labour est conseillé pour assurer un enfouissement optimal tout en garantissant une bonne structure pour la croissance du pivot.
En non labour, l’exportation des pailles est à privilégier. A défaut, il est conseillé de réaliser un nombre de déchaumages suffisants pour bien enfouir la paille et obtenir une fissuration sur 15 cm minimum pour permettre le développement du pivot.

Innover avec les plantes compagnes


Les parcelles de colza implantées avec des légumineuses gélives ont montré que cela pouvait réduire les dégâts d’altises adultes. En améliorant la nutrition de la culture, ces plantes compagnes réduisent l’impact des larves d’altises et charançon du bourgeon terminal.
Privilégier la féverole (sauf si celle-ci est présente dans la rotation) laquelle donne les meilleurs résultats sur les ravageurs d’automne. Son coût et sa sensibilité aux herbicides sont des atouts. Semer précocement, sans trop de décalage avec le colza, avec un objectif de 12 à 15 pieds/m² de féveroles. Désherbez de préférence avec du Novall ou Alabama (2 l/ha maximum en fractionné). Un semis à la volée suivi d’un passage d’outil est possible, sinon il faut semer en un seul passage avec une trémie supplémentaire sur le semoir ou réaliser deux semis séparés. Si le couvert ne gèle pas pendant l’hiver, il est possible d’appliquer du Lontrel (100-120 g/ha + 1 l/ha d’huile) à partir du 15 février.

Semer idéalement au monograine


La graine de colza est de petite taille et nécessite un positionnement précis pour un contact terre-graine optimal. La vigueur et la régularité de levée sont primordiales pour faire face aux aléas climatiques et sanitaires. Privilégier donc les semoirs de précision.
Un roulage peut diminuer les dégâts d’altises adultes en réduisant les zones d’abris pour les altises (comme pour les limaces). Attention, il faut toutefois proscrire cette technique dans les sols où elle pourrait provoquer de la battance comme les sols limoneux !
Laurent Jung et Delphine de Fornel , Terres Inovia