Les brèves du 22 décembre 2022

Mis en ligne par Cédric Michelin
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Voici les brèves du 22 décembre 2022

Les brèves du 22 décembre 2022

Produits laitiers: Washington lance une nouvelle procédure contre Ottawa
L'administration américaine a annoncé le 20 décembre son intention de lancer une nouvelle procédure de conciliation à l'encontre d'Ottawa, dans le cadre de l'accord de libre-échange nord-américain, concernant les contingents tarifaires pour les produits laitiers, objet de dispute depuis de nombreux mois entre le Canada et les Etats-Unis. Les deux pays s'affrontent sur l'octroi de contingents tarifaires, prévus par le traité de libre-échange AEUMC (accord Etats-Unis, Mexique, Canada), un mécanisme imposant un droit de douane nul ou faible sur les importations de certains produits jusqu'à une quantité déterminée. Washington a déjà eu recours à des dispositions du traité pour dénoncer les quotas laitiers canadiens. Et l'administration avait obtenu gain de cause quand, début janvier, le groupe spécial de règlement avait estimé que ces quotas étaient contraires aux dispositions de l'AEUMC. Pour autant, les restrictions commerciales ne semblent pas avoir été levées côté canadien. «Les Etats-Unis demande le lancement d'une nouvelle procédure de conciliation pour le règlement de différents prévu par l'accord AEUMC au sujet des contingents tarifaires du Canada pour les produits laitiers», a annoncé la mission diplomatique au Commerce, rattachée à la Maison Blanche, dans un communiqué. Il s'agit du troisième recours par Washington à ce dispositif prévu par le traité.

Méthane : la Nouvelle-Zélande modifie la taxe sur les émissions du bétail
Le plan controversé du gouvernement néo-zélandais sur la taxation des émissions de gaz à effet de serre des ruminants ne passe toujours pas auprès des éleveurs, malgré plusieurs changements. La Nouvelle-Zélande entend lancer la première taxe sur les émissions de méthane et de protoxyde d’azote au monde, pourréduire le bilan de ses six millions de vaches et 26 millions de moutons. Selon la première version du plan, les éleveurs devront payer en fonction des émissions de leurs animaux, ce qui avait fait bondir la communauté agricole néo-zélandaise et provoqué des manifestations fin octobre. Les fermiers avaient demandé à la Première ministre, Jacinda Ardern, d’abandonner cet impôt, pointant le risque d’une augmentation des prix des denrées alimentaires. L’un des changements apportés le 21 décembre par le gouvernement inclut la possibilité de contrebalancer les émissions de carbone animales par le développement de la sylviculture sur les exploitations, afin de réduire la taxe. «Notre objectif commun est d’aider les fermiers à exporter plus, réduire leurs émissions et faire en sorte que notre secteur agricole reste compétitif», a déclaré Mme Ardern dans un communiqué. «La Nouvelle-Zélande est la seule à opter pour une réponse punitive», a critiqué dans un communiqué le président de la Fédération des fermiers néo-zélandais, Andrew Hoggard.

Vin: le dispositif de volume complémentaire individuel étendu aux mousseux/pétillants
Dans un décret paru au Journal officiel (JO) le 21 décembre, le ministre de l'Agriculture a étendu à l'ensemble des vins mousseux ou pétillants la possibilité de produire, au-delà du rendement fixé pour l'appellation d'origine protégée (AOP), un volume complémentaire individuel (VCI). Ce volume permet d'alimenter une réserve mobilisable ultérieurement en cas de récolte déficiente sur le plan qualitatif ou quantitatif, rappelle le décret. Un dispositif jusque-là réservé aux «vins rosés tranquilles, vins rouges tranquilles, vins blancs tranquilles, autres que ceux issus de raisins récoltés à surmaturité et manuellement par tries successives, bénéficiant d'une AOP». Pour rappel, après deux années compliquées, la Champagne a vécu, cette année, «des conditions optimales», se traduisant par une vendange supérieure de 35% à la moyenne 2017-21, d’après Agreste. En septembre, l'Inao avait donné son feu vert au dépassement du rendement butoir, à 16 500 kg/ha (+ 1 000 kg/ha) pour le millésime 2022, ce qui ouvrait la voie à la reconstitution de la réserve interprofessionnelle, et désormais à la constitution d'une réserve VCI ; au-delà du rendement butoir, les volumes ne peuvent pas prétendre à l'AOP et sont distillés. A l'automne, le rendement 2022 était estimé entre 14 000 et 15 000 kg/ha, par le SGV (vignerons), avec un rendement commercialisable de 12 000 kg/ha.

Vétérinaires: le ministère planche sur la délégation de plus d’actes aux auxiliaires
«Nous devons former davantage de vétérinaires mais également leur permettre de se recentrer sur des actes vétérinaires à plus forte valeur ajoutée», a déclaré le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, dans une interview accordée à La Dépêche vétérinaire. Il ajoute que ses services travailleront en 2023 sur «le chantier de la délégation des actes aux auxiliaires spécialisés vétérinaires (ASV) (…) dans un objectif d’optimisation du travail des vétérinaires dans les établissements de soins vétérinaires canins et mixtes». La possibilité de déléguer des actes sur les animaux de compagnie aux auxiliaires spécialisés vétérinaires sera intégrée aux réflexions sur la loi d’orientation agricole afin de libérer du temps aux vétérinaires exerçant également auprès des animaux de production, avait annoncé le ministre dans un discours prononcé devant les professionnels, le 29 novembre, en clôture de la Journée nationale vétérinaire. Le manque de rentabilité de l’exercice de la médecine vétérinaire rurale, au regard des contraintes (gardes, urgences, déplacements…), est l’un des principaux moteurs de la désertification vétérinaire (voir notre dossier).

Céréales : Barilla renforce sa présence aux Etats-Unis avec l'acquisition de Back to nature
Dans un communiqué de presse du 16 décembre, le groupe agro-industriel Barilla, leader dans la distribution de pâtes et de produits de boulangerie, a annoncé avoir conclu un accord pour acquérir l’entreprise américaine Back to Nature, sans préciser le montant de la transaction. Fondée en 1960, cette dernière commercialise des biscuits et encas produits à partir de céréales et de fruits oléagineux sans OGM. D’ores et déjà leader du marché dans la catégorie des pains croustillants avec la marque Wasa, l’entreprise Barilla souhaite «établir une présence significative et de long terme dans l'industrie de la boulangerie aux États-Unis […] L'acquisition de Back to Nature est une étape clé pour ce voyage passionnant», a déclaré Guido Barilla, président du groupe, cité dans le communiqué. De petit producteur italien de pâtes dures, l’entreprise fondée en 1877 à Parme, située au nord de l’Italie, est devenue au fil des ans le numéro un mondial de la spécialité. En 2021, elle a réalisé un chiffre d'affaires de 3,93 Md € et dégagé un bénéfice net de 229 M €. Le groupe emploie 8 700 personnes et distribue ses produits dans plus de 100 pays dans le monde.

Cop 15 : une vision «positive» de l’agriculture, estime la FNSEA
Olivier Dauger, élu de la FNSEA en charge de dossiers climat et biodiversité, salue auprès d’Agra presse l’accord «ambitieux» trouvé à la Cop15 de Montréal. «Les Cop sont souvent critiquées, mais elles restent le seul endroit ou l’ensemble des pays peuvent discuter, pour espérer résoudre les problèmes de distorsion de concurrence», souligne l’élu syndical. La vision de l’agriculture portée par le texte serait même selon lui «positive», puisqu’elle marque la réconciliation des enjeux environnementaux avec l’innovation et la production. En matière de pesticides notamment, «le principe de la réduction du risque et non des quantités a été acté, permettant de s’attaquer aux véritables problèmes», souligne Olivier Dauger, saluant les efforts de la diplomatie française. L’enjeu pour la suite, prévient-il sera «de faire appliquer la décision de la Cop dans les accords commerciaux». Autre priorité pour faciliter la transition des fermes: assurer des négociations plus transversales. «Le climat et la biodiversité sont des sujets imbriqués, qui devraient pouvoir être discutés ensemble au niveau international», estime Olivier Dauger. Cette meilleure coordination serait aussi nécessaire selon lui au niveau national. Sur le climat, par exemple, «le MTE a récemment demandé aux filières de faire des propositions sur la décarbonation, pendant que la rue de Varenne avance sur la Stratégie nationale bas carbone».

Porc: la production espagnole devrait reculer en 2023, la France résiste (Ifip)
L’Espagne, premier producteur européen de porcs, devrait voir sa production baisser de 3% au premier semestre 2023 (par rapport à la même période de 2022), prévoit l’Ifip dans son Baromètre de décembre. Un coup d’arrêt – le premier depuis 2013 – qui «ne devrait être que temporaire», relativise l’institut technique français, «car les Espagnols pourront à moyen terme consolider leur position sur le marché européen». Au niveau européen, les abattages de porcs sont attendus en baisse de 3,6% au premier semestre. La France, elle, «affiche une certaine résistance par rapport à ses voisins», avec un recul limité à 1,2%, selon l’Ifip. La «stratégie Le Porc français» a été «génératrice d’une forme de protection», analyse l’institut technique hexagonal, qui rappelle que le plan d’aide d’urgence du gouvernement a «aussi pu limiter les dégâts». Après une année 2022 en baisse de 4%, la production porcine de l’UE devrait accuser un nouveau recul de 2,6% sur l’ensemble de l’année 2023, alors que la crise du secteur – initialement provoquée par la flambée de l’alimentation animale et des prix de vente insuffisants – produit toujours ses effets. Un contexte qui devrait soutenir le niveau des cours européens début 2023 (+32% au premier trimestre, +4% au deuxième trimestre).

Vaccin influenza: Anvol demande une «prise en charge par l’État» et «des garanties»
Afin de lutter contre l’influenza aviaire, en voie d’endémisation en France, «une prise en charge par l’État du coût de la vaccination sera essentielle», réclame Anvol (interprofession des volailles de chair) dans un communiqué le 21 décembre. Évalué entre 35 et 330 M€ selon une étude commandée par les filières avicoles (voir notre article dans Agra Presse hebdo), le coût de la vaccination «sera conséquent», estime Anvol, souhaitant un dispositif qui «devra être obligatoire dans le cadre défini». «La stratégie vaccinale doit cibler les palmipèdes», précise l’interprofession, alors que deux vaccins sont en cours d’essai pour ces espèces, avec une disponibilité espérée en juin 2023, selon la présidente de la FNSEA Christiane Lambert. Alors que le ministre de l’Agriculture doit présenter sa stratégie vaccinale en mars 2023, Anvol exige des «garanties» sur deux plans. D’abord que la vaccination «soit adoptée dans toute l’Union européenne, sans différenciation entre États membres», afin «d’éviter des distorsions de concurrence». La deuxième «garantie» réclamée porte sur l’export: pour Anvol, l’État devra «obtenir, en amont de l’élaboration d’une stratégie vaccinale (…) l’ensemble des certificats d’exportations, par espèces, pour le commerce intra et extra-européen».

Œufs: les producteurs alertent sur la flambée des coûts hors aliment
«Les éleveurs exigent que le prix de leurs œufs soit immédiatement revalorisé en fonction de leurs coûts de production», martèle la CFA (aviculteurs, FNSEA) dans un communiqué le 20 décembre. En cette période annuelle de négociations commerciales entre distributeurs et industriels, l’association spécialisée estime les hausses nécessaires entre 1 et 1,5 centime d’euro par œuf (selon le mode de production). Et la CFA de pointer des coûts de production hors aliment qui «explosent»: «les poussins, la main-d’œuvre, les matériaux et bâtiments, les taux bancaires, les assurances, et surtout l’énergie (gaz et électricité)». Contrairement à l’alimentation animale, le prix des œufs payés aux éleveurs par les centres de conditionnement n’est pas indexé sur ces postes de charges. Comme le rappelle la CFA, les producteurs d’œufs subissaient déjà la flambée de l’alimentation animale depuis «presque deux ans», et les industriels avaient rencontré des «difficultés de répercussion [à leurs clients distributeurs] malgré la loi Egalim 2». En l’absence de revalorisation, «de nombreuses activités d’élevage vont s’arrêter, entrainant une pénurie sur le marché français», prévient la CFA. Or, selon Les Marchés (groupe Réussir-Agra, «depuis le printemps dernier, les prix des œufs s'envolent et on frôle la pénurie».

Plants de pommes de terre : face à la hausse des charges, la filière en appelle aux pouvoirs publics
Afin de garantir une meilleure prise en considération de la hausse des coûts de production – liés notamment à l’augmentation des coûts de l’électricité (+300 % attendus en 2023, selon la filière plants de pommes de terre)  –, mais aussi une meilleure répartition de la valeur tout au long de la chaîne de production, l’ensemble de la filière des plants de pommes de terre a interpellé Emmanuel Macron, président de la République, et le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau dans un communiqué de presse du 15  décembre. Contactée par Agra presse, l'interprofession des semences et plants Semae précise qu'elle attend que le gouvernement lui apporte des solutions concrètes. Face à «la très forte augmentation du coût des engrais, de l’énergie et de la main d’œuvre», la filière prévoit une hausse du prix de revient du plant pour les producteurs. «Après une baisse inédite depuis vingt ans en 2022, un nouveau recul des surfaces en plants est déjà anticipé pour 2023», s’alarme le communiqué de presse. Du côté de la filière pomme de terre, des hausses ont déjà été promises: Roquette a annoncé une revalorisation de 28 % du prix des pommes de terre fécule plantées en 2023, à 120 euros la tonne. Quant à McCain, il augmentera ses prix aux producteurs d'environ 30 à 35 % pour la campagne dite 2024 (plantée et récoltée en 2023). Pour rappel, la France se place au deuxième rang des producteurs et exportateurs mondial de plants de pommes de terre.

Foncier: du rififi entre le syndicalisme majoritaire du Var et la Safer Paca
Dans un communiqué paru le 21 décembre, la FDSEA et les Jeunes agriculteurs du Var appellent à manifester le 4 janvier dans les locaux de la Safer Paca, pour s'adresser à son p.-d.g., Patrice Brun, agriculteur des Alpes-de-Haute-Provence. Ils reprochent à leur Safer régionale «une dérive de gouvernance» en cours «depuis quelques années», estimant que les agriculteurs y sont «de moins en moins représentés» et que la «gestion administrative y prend le pas sur la ligne politique». Plus concrètement, ils reprochent à la direction régionale d'avoir récemment recruté un nouveau directeur départemental dans le Var «sans aucune concertation préalable, comme il est d’usage, ni avec la chambre d’agriculture, ni avec les syndicats agricoles, ni avec les représentants du comité technique, ni même avec son président.» Les deux syndicats y voient «un mépris de la profession agricole, qui fait passer ses représentants pour des guignols». Nous n'avons pas réussi à joindre la Safer Paca pour recueillir sa réaction.

A nos abonnés: possible ralentissement des parutions durant les fêtes de fin d'année
En raison du ralentissement de l'actualité durant les fêtes de fin d'années, les brèves du jour pourront être diffusées à un rythme moins soutenu jusqu'au 1er janvier. En vous remerciant de votre compréhension.