EARL du Champ de Fontaine à Saint-Micaud
Fourrages en quantité et en qualité

A Saint-Micaud, Catherine et Jean-Yves Dumout se donnent les moyens de récolter des fourrages en quantité et en qualité pour coller aux besoins de leur troupeau charolais. Une autonomie fourragère qui sert de base à un rationnement optimal, permettant de meilleures performances, de meilleures conditions de vêlage et moins de frais vétérinaires.
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Fils d’éleveur ayant travaillé une dizaine d’année dans le transport forestier, Jean-Yves Dumout s’est installé à 34 ans, sur la ferme de ses beaux-parents à Saint-Micaud. L’exploitation qu’il gère aujourd’hui en EARL avec son épouse Catherine couvre 216 hectares dont 16 de céréales. Des parcelles bien groupées, comme l’avait anticipé le père de Catherine, et d’une surface importante, de sorte à être le plus autonome possible en fourrage. De fait, avec un troupeau d’environ 120 vaches mises à la reproduction, l’exploitation de l’EARL est peu chargée. Mais les 200 ha d’herbe exclusivement en prairie naturelle comptent toutefois une cinquantaine d’hectares de coteaux très séchants.

Extensif mais technique


Le système est extensif certes, mais la récolte et l’optimisation des fourrages qui en sont issus sont pointues. Il faut dire aussi que Jean-Yves et Catherine font vêler leurs vaches en automne (novembre - décembre). Les veaux précoces, issus à 90% de taureaux d’insémination, pèsent déjà environ 200 kg lorsqu’ils sont lâchés et « profitent ainsi pleinement de la pousse printanière », fait remarquer l’éleveur. Destinés à une vente dès le mois d’août, période où le marché est demandeur, les petits veaux reçoivent de l’aliment en bâtiment dès un mois et demi d’âge. Au pré, ils sont complétés au nourrisseur. « Dotés de bons potentiels de croissance et indices de consommation, les broutards de Jean-Yves répondent bien à la complémentation. De la naissance à la vente, ils réalisent un GMQ moyen de 1.400 grammes par jour et atteignent même 1.700 g durant la phase nourrisseur », calcule Patrice Vaizand technicien à Feder qui ajoute « qu’un kilo d’aliment supplémentaire équivaut en principe à 250 grammes de croît supplémentaire par jour ». Sur les trois dernières campagnes, le poids moyen des broutards de l’EARL du Champ de Fontaine était de 451 kg pour un âge moyen de seulement 10 mois, signale le technicien. Quant aux femelles, le poids moyen de carcasse des génisses était de 415 kg et celui des réformes de 441 kg. « Des poids relativement élevés du fait de la progression génétique du troupeau et de la technicité générale de l’éleveur », commente Patrice Vaizand qui souligne aussi de bonnes valorisations commerciales (moyenne de 1.900 € pour les génisses grasses), liées à de bonnes qualités bouchères avec un prix au kilo supérieur à la moyenne du groupement, précise le technicien. En outre, la productivité numérique du troupeau est élevée : au-delà de 0,8 veau par vache mise à la reproduction chaque année. Un indice qui traduit une bonne conduite globale de l’élevage et notamment une alimentation optimisée, fait valoir Patrice Vaizand.

Que des prairies naturelles


L’EARL du Champ de Fontaine est une exploitation herbagère stricto sensu. Situées à quelques kilomètres du siège, les céréales qui sont livrées à la coopérative, n’entrent pas dans la consommation de l’élevage, excepté la paille. Et Jean-Yves ne cultive pas de prairie temporaire. Néanmoins, l’éleveur consacre beaucoup de soin à la récolte de ses fourrages de prairies permanentes avec l’objectif d’assurer son autonomie fourragère hivernale et d’obtenir la meilleure qualité possible. Jean-Yves récolte trois types de fourrages différents. Une façon « de prendre de l’avance dans le travail », justifie-t-il. C’est aussi un moyen de réaliser du stock de bonne heure et de qualité supérieure grâce à des fauches précoces. Les premières coupes interviennent vers le 15 mai ; « jamais en retard », commente Jean-Yves qui explique que sur ses terrains « de talus » et avec une météo devenue très capricieuse, il faut « savoir anticiper et se tenir prêt à y aller le moment venu ». Pour l’enrubannage, le seul et unique fanage n’intervient que le deuxième jour – ce qui permet de « faire tomber la terre de l’herbe », indique l’éleveur. Celui-ci laisse à son fourrage le temps de sécher deux ou trois journées ce qui lui permet d’obtenir un enrubannage à plus de 65 % de matière sèche. « Le top au niveau qualitatif », commente Patrice Vaizand. En comparaison, l’ensilage récolté peu de temps après, ne contient que 30 à 35 % de matière sèche. La récolte de foin clôt la campagne de fenaison début juin. L’été dernier, elle était terminée avant l’arrivée des fortes chaleurs. Enrubannage (pressage inclus) et ensilage (à l’autochargeuse) sont – tout comme la moisson et les semis - confiés à une entreprise, indique Jean-Yves qui estime que le coût de ces prestations lui reviennent moins cher que d’investir dans du matériel spécifique. En outre, le fait de déléguer les gros travaux à l’entreprise l’aide à faire face à la charge de travail. Le quadragénaire tenant à se préserver une certaine qualité de vie.

Trois types de fourrages


Durant la période d’hivernage, les trois types de fourrages sont complémentaires. L’ensilage d’herbe n’est distribué qu’en janvier et février ; du jour de l’an jusqu’à l’épuisement du silo. Plus souple d’utilisation, l’enrubannage précède l’ouverture du silo en automne et succède à l’ensilage à partir du mois de mars. « L’enrubannage revient un peu plus cher que l’ensilage, mais sa qualité est supérieure et il n’y a pas de perte », confie Jean-Yves. Avoir des stocks fourragers en quantité et en qualité pour affronter l’hiver est un impératif pour Jean-Yves qui tient à garantir des rations adaptées à chacune des catégories de ses animaux. D’ailleurs, durant la canicule de l’été dernier, l’éleveur a préféré, pour remplacer l’herbe, donner de la paille mélassée à ses broutards complémentés et ne réserver le foin qu’à ses femelles. L’objectif étant de ne pas trop entamer les stocks de sorte à ne pas perturber les rations hivernales, explique-t-il.

Rations finement équilibrées


Avec des fourrages de qualité, méticuleusement récoltés et tous issus de prairies permanentes, « le calcul des rations est plus facile », fait remarquer Patrice Vaizand. Bien que le système de Jean-Yves soit relativement bien calé d’une année à l’autre, des analyses de fourrages sont néanmoins régulièrement effectuées à l’approche de l’hiver sur les trois produits récoltés sur l’exploitation. Avec son technicien de groupement, l’éleveur fait calculer des rations différentes pour toutes les catégories d’animaux (génisses d’un et deux ans, vaches en gestation, vaches en lactation). Des rations qui diffèrent même au fil de l’hiver, selon que le silo d’ensilage d’herbe est ouvert ou non… Pour coller au mieux aux besoins spécifiques de son troupeau allaitant, l’éleveur fait équilibrer ses rations avec des aliments fournis par son groupement (lire encadré). « Je préfère investir dans un aliment parfaitement adapté aux besoins de mes vaches et qui permet de prévenir les maladies et les frais vétérinaires », justifie Jean-Yves. Parce qu’autonomie fourragère ne veut pas dire autarcie !


Fin de gestation à début de lactation
Une période capitale


Pour le rationnement de ses animaux, Jean-Yves Dumout et son technicien Patrice Vaizand partent du principe que « la phase gestation – préparation au vêlage est capitale. Elle détermine les bonnes conditions de mise bas, limitant l’assistance au vêlage et par la même l’intervention du vétérinaire et les césariennes. Elle est garante de la vitalité et de la débrouillardise du veau ainsi que de la bonne délivrance de la vache », rappelle Patrice Vaizand. Les vaches de Jean-Yves sont donc soignées avant vêlage avec un aliment adéquat. « Elles ont une ration équilibrée en énergie et en azote, avec un taux de protéines suffisamment élevé pour assurer une bonne qualité de colostrum et un bon début de lactation », commente le technicien. « Cette précaution évite les diarrhées », fait remarquer l’éleveur. « Une cure de minéral diététique est administrée 4 à 6 semaines avant la mise bas. Ce sont des apports d’oligo-éléments (sélénium, iode, vitamine E, bêtacarotène) destinés à recharger la vache et la mettre dans les meilleures conditions de vêlage. Ces oligo-éléments ont aussi un effet sur la vitalité du veau », complète Patrice Vaizand.
L’autre phase cruciale est le début de lactation où les besoins en éléments nutritifs deviennent importants. « On monte les apports en énergie et en protéines, mais en veillant à ne pas être en excès, afin de ne pas modifier la composition du lait - qui provoquerait des diarrhées chez les petits veaux - et ne pas nuire à la reproduction. L’excès de gras dégradant la fertilité », explique Patrice Vaizand. Pour cela, Jean-Yves apporte quotidiennement un concentré couvrant les besoins en énergie, protéine, calcium, phosphore. Un minéral diététique est quant à lui distribué hebdomadairement, pour couvrir les besoins en vitamines et oligo-éléments.