Sommet de l'élevage
L'Europe change de ligne ?

Publié par Cédric Michelin
-
Le commissaire européen à l'Agriculture, Phil Hogan, s'est rendu au Sommet de l'élevage le 5 octobre. Dans l'attente des résultats de l'Observatoire "Agricultural markets task-force (AMTF)", prévus pour novembre, il dit espérer la création de mécanismes de régulation. Une première.
132790--2721_Sommet_Dufay_Hogan.JPG
L'Union européenne semble enfin changer de ton et infléchir ses orientations dans la résolution de la crise actuelle des filières animales. Venu au Sommet de l'élevage le 5 octobre, le lexique du commissaire en charge de l'agriculture, Phil Hogan, a fait apparaître des mots nouveaux dans sa bouche tels que « mécanisme de régulation » ou encore « système de stabilisation des revenus », encore absents de ses discours jusqu'à présent.
Connu pour son libéralisme prononcé, cette évolution dans le langage a surpris la grande majorité des représentants des organisations agricoles. En ce début d'année 2016, Phil Hogan avait décidé la création d'un observatoire dénommé "Agricultural markets task force" dont l'objectif, toujours en cours, est d'évaluer l'efficacité des dispositifs existants et d'en créer éventuellement de nouveaux, pour « donner des aides directs aux éleveurs ». La publication des travaux doit se faire courant novembre.
Interrogé sur des possibles créations d'outils de régulation à la suite de ces rendus, le commissaire répond par l'affirmative, déclarant espérer que cela puisse se faire pour les intégrer dans la future Pac. Apparu souriant et reçu par les différents responsables agricoles, Phil Hogan s'est entretenu en particulier avec le président de la FNSEA, Xavier Beulin, et celui des JA, Jérémy Decerle. A la suite de ces échanges, Xavier Beulin a tenu à saluer le travail constructif accompli depuis deux ans par le commissaire. « Beaucoup de lignes ont bougé, notamment sur trois points. Les outils de gestion d'assurance et d'aléas, la simplification de la Pac et sur les mesures court-terme ». Ces échanges sont de bon augure à la veille du prochain conseil des ministres européens de l'agriculture programmé les 10 et 11 octobre prochains.

Stabiliser les revenus


« Nous devons avoir des solutions structurelles », souligne Phil Hogan, qui informe de l'harmonisation d'une législation, en novembre, concernant des outils de stabilisation des revenus. Le commissaire s'appuie sur l'exemple de trois états membres (la Hongrie sur l'ensemble de son territoire, une région d'Espagne et une autre en Italie), qui ont d'ores et déjà mis en place ces dispositifs qui s'apparentent à des fonds de mutualisation, financés à la fois par l'Europe et les agriculteurs. Phil Hogan s'est montré confiant quant à l'acceptation de cette législation par l'ensemble des états-membres.

Booster la consommation


Dans le but de relancer la consommation des viandes à l'intérieur de l'Union européenne, le Commissaire a annoncé le déblocage de 15 millions d'€. Ce montant, explique Phil Hogan, est destiné en partie à contrer les campagnes de publicité anti-viande produites par des associations en faveur du végétarisme.


Soutien à l'export : Turquie et Japon en priorité




En marge des aides octroyées aux filières d'élevage, à l'instar des 150 millions d'€ destinés à réduire la production laitière, le Commissaire s'est dit déterminé à trouver de nouveaux débouchés à l'international. Après ses visites au Mexique, en Colombie ou en Chine, ce dernier porte désormais son attention sur la Turquie et le Japon. « Nous devrions conclure un accord d'ici la fin de l'année avec le Japon », avance ainsi le commissaire. Toujours dans l'objectif de désengorger les volumes de viande, gonflés par les afflux en provenance du secteur laitier, Xavier Beulin demande à ce que ces parts soient envoyées sous forme de « corned-beef » en aide humanitaire dans des pays en guerre comme la Turquie ou la Syrie. La Commission estime qu'en France les viandes races laitières représentent près de 250.000 tonnes. Environ un million de tonnes à l'échelle européenne.