Agriculture de l'Autunois
Décidée à prendre son destin en main

Comme elle en a l’habitude depuis 2008, la dernière Foire économique d’Autun a mis à l’honneur plusieurs initiatives innovantes en matière d’agriculture territoriale. A commencer le GIEE de l’Autunois qui était au cœur d’une conférence donnée le 23 septembre.
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Premier du genre en Saône-et-Loire et même premier en élevage à l’échelle de la Bourgogne, le GIEE de l’Autunois existe depuis fin 2015 et ce sont les réseaux professionnels de la FDSEA, des JA, de la chambre et des Cuma qui en sont à l’origine, rappelait son président, Joël Maltaverne. Mais derrière le montage institutionnel, le GIEE est surtout et avant tout un collectif d’agriculteurs du territoire bien décidés à reprendre en main leur destin. Des agriculteurs en proie à « des aléas climatiques successifs, désireux de mieux répondre aux attentes de la société et soucieux de rétablir le contact avec les consommateurs », recadrait le président.
Encore tout jeune, le GIEE de l’Autunois affiche un programme ambitieux s’appuyant sur de nombreux groupes de travail lesquels planchent d’ores et déjà sur des sujets variés comme la valorisation de l’herbe et les nouvelles méthodes de culture ; la vente directe et le consommer local ; le recyclage des déchets ; la participation à la vie locale ; la communication sur le métier… Partant du principe « qu’il n’y a pas d’âge pour se remettre en question », le groupe ne s’interdit rien, quitte à explorer des voies de production nouvelles pour le territoire (légumes…) ou bien restaurer des filières avec les distributeurs locaux, la restauration collective et en partenariat avec les collectivités.

Pas de territoire sans économie


L’essence du GIEE est d’être convaincu « qu’il ne peut y a voir de territoire rural sans économie » et que l’agriculture et ses filières y jouent une partition importante à travers la valeur ajoutée et les emplois non délocalisables qu’elle procure.
Ce volontarisme a trouvé un écho favorable auprès de la communauté de communes du Grand Autunois Morvan (CCGAM), elle qui depuis plusieurs années a fait le choix d’inclure la profession au sein d’une commission paritaire. La rénovation de l’abattoir communautaire se retrouve ainsi au cœur des projets suivis par le GIEE. Un nouvel outil d’abattage et de transformation sera inauguré au plus tard fin 2018, annonçait le président de la communauté de communes, Rémy Rebeyrotte.
C’est aussi avec l’appui du GIEE qu’un groupe d’éleveurs a contractualisé avec une grande enseigne locale, E. Leclerc pour ne pas la citer, pour la fourniture de bovins de boucherie.

« Changement de modèle »


Clairement et pragmatiquement orienté sur des préoccupations économiques et sociales, le GIEE de l’Autunois a aussi une vocation environnementale avec comme postulat de départ que l’Autunois est avant tout « un territoire où il fait bon vivre et cela, notamment grâce à des paysages de qualité façonnés par la main de l’Homme », rappelait Bernard Lacour. Des paysages agricoles dont l’esthétisme adulé vaut dans certaines régions une reconnaissance au patrimoine de l’Unesco, faisait remarquer à dessein le président de la FDSEA.
De son côté, le président de la CCGAM saluait dans le GIEE un véritable « changement de modèle » à travers « une diversification qui se met en œuvre ; une reconquête du métier, de la filière, des consommateurs… ». Une reprise en main que la collectivité partage sans ambiguïté.



Abattoir
Diversifier les services…


« Après des années difficiles, l’abattoir d’Autun est aujourd’hui stabilisé avec des résultats positifs depuis trois ans », rappelait le président de la Sica gestionnaire, Bernard Joly. Le volume d’abattage s’élève à 1.500 tonnes, dont deux tiers réalisés par des grossistes, le reste se partageant entre particuliers, bouchers, éleveurs en vente directe. Si les responsables de l’abattoir ne cachent pas qu’augmenter le tonnage n’est pas chose facile, ils font en revanche remarquer que l’équilibre économique retrouvé de l’outil prouve qu’un besoin local de services existe bel et bien. Aussi, c’est dans le domaine du service que l’abattoir cherche à se développer avec, par exemple, la mise en place récente du ramassage en ferme ou encore la diversification des prestations en transformation (colis, caissettes…). A cela s’ajoute la mission d’abattoir-école par laquelle l’outil forme du personnel dans ses murs en lien avec AMDF et le Cifa de Mercurey. Un partenariat serait par ailleurs sur le point d’être signé avec la société dépositaire de la marque "Bœuf éthique". Cette dernière développe un concept de viande bovine abattue à la ferme. Il s’agit de répondre à une catégorie de consommateurs qui se détournent de la viande. L’abattage en ferme au moyen d’un camion d’abattage mobile règlerait le traumatisme du transport. La marque "Bœuf éthique" propose ainsi « une façon alternative de consommer de la viande », argumentait son créateur Franck Ribière. Un cahier des charges serait étudié avec les éleveurs fournisseurs. Pour l’abattoir, ce partenariat permettrait d’accueillir des carcasses supplémentaires à travailler dans sa chaîne. Et ce serait aussi un moyen d’étendre de rayon d’action de l’abattoir jusqu’à près de 300 km. Et cela, toujours dans un créneau haut de gamme. « C’est une diversification de l’activité de l’abattoir », argumentait Bernard Joly.




Outre la tenue d’un stand durant les quatre jours de foire, le GIEE de l’Autunois avait choisi de mettre les femmes de l’agriculture à l’honneur dans une émission animée par Laurent Rebeyrotte. L’occasion d’entendre les témoignages de quatre femmes actives du secteur agricole : vétérinaire, éleveuse, chargées d'accompagnement professionnel auprès des agriculteurs au Crédit agricole et à Groupama. Quatre femmes qui n’étaient pas prédestinées à l’agriculture et qui ont pourtant fait le choix d’y faire leur vie professionnelle et qui ne le regrettent pas.