Lycée viticole de Davayé
Un après-midi “précieux”

Publié par Cédric Michelin
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Molière peut être rassuré. Il demeure l'auteur français le plus joué dans le monde. Son art de la farce amuse encore. Les élèves de seconde générale de Davayé peuvent témoigner : le 9 janvier à La Scène nationale de Mâcon, ils ont ri et ont été bousculés par le spectacle de Camille Germser de la Compagnie La Boulangerie de Lyon, mêlant “Les Précieuses ridicules”, qu'ils étudient en cours de Lettres cette année, et farce qui brille, résonne en sons et lumière.
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Qui a dit que les textes classiques sentaient la naphtaline ? Que les mots ou les soucis du XVIIe siècle étaient périmés ? Après avoir assisté médusés à ce spectacle complet, impossible de le dire. Au contraire, c'est accroché aux accoudoirs du fauteuil rouge du théâtre de Mâcon transformé à l'occasion en cockpit d'un avion, et l'œil halluciné que le spectateur découvre une production menée tambour battant...

Plein les yeux et plein les oreilles


On retrouve bien les moments clés et les mots de la pièce de Molière, ses périphrases notamment, et son but : moquer la préciosité de son temps, évoquer le thème du mariage, de l'amour et la place de la femme. L'esprit de la Commedia dell'arte n'est pas loin, lui qui influença Molière en son temps. Molière est d'ailleurs un des personnages du spectacle, sorti de son cercueil, convoqué en tant que garant artistique légitime ! Mais le parti pris du metteur en scène est bel et bien d'en faire une œuvre plus personnelle, anachronique ou intemporelle.

Molière + music-hall, des anachronismes hilarants


En bonus à l'œuvre de Molière, et pour le même prix, les élèves ont pu assister à un Vaudeville, à un show digne de Broadway, à une revue du Lido avec danseuses court vêtues... Le tout à un rythme effréné, demandant un jeu très physique aux comédiennes, dans un espace fait de marches d'escalier, de portes qui claquent, de fauteuils qui penchent, de théâtre dans le théâtre... Quelques stars venues pour l'occasion avaient fait le déplacement, comme Marilyn Monroe, Adam et Eve ou madame de Rambouillet...
Au milieu de ces plumes jaunes, ce strass, ce clinquant et ces paillettes, le spectateur est comme bousculé et perdu dans ce jeu de masques et de perruques, de déguisements et de travestissement. Le clou de la pièce est le spectacle de “la Noël”, façon music-hall avec un ballet qui fait danser ensemble et sans complexe le père noël, Dieu et les rois mages... dans un esprit kitch à souhait.
comme le dit lui-même Camille Germser, « le tea-time tourne en beuverie », et la « beuverie tourne alors en orgie », le spectacle explose dans tous les sens et les masques et les vêtements tombent en même temps que les codes sociaux.

Effet exquis...


L'art doit déranger et faire s'ouvrir des portes à l'intérieur de soi. Si le spectateur ne ressort pas un peu ébouriffé d'une salle de théâtre, c'est que c'est raté. Ici au vu des mines des élèves du lycée, le pari est réussi. Les yeux ronds, ils pensent...