GDS de Saône-et-Loire
Sur tous les fronts !

Le sanitaire en élevage est un domaine qui occupe bien son homme. Pas une année ne se passe sans qu’il y ait à gérer une crise. Bâti sur la solidarité des éleveurs, le GDS 71 assume son rôle avec courage, mais l’urgence des épidémies détourne parfois des sujets de fonds. Et les réformes étatiques tombent au plus mauvais moment... D’autant que l’élevage traverse l’une de ses pires crises économique.
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L’assemblée générale du GDS de Saône-et-Loire a eu lieu le 26 novembre à Blanzy. Si « la situation sanitaire du département est bonne », résumait le directeur de la DDPP (ex DSV), André Klein, l’actualité n’en demeurait pas moins chargée pour la campagne 2013/2014. Tous les ans et ce depuis au moins 2007 date du début de l’épisode de FCO, le GDS 71 doit faire face à une nouvelle crise sanitaire (tuberculose, IBR, rats taupiers…). La dernière campagne n’échappe pas à cette règle avec l’apparition inquiétante de cas de BHV4.
Cette gestion de crises successives contraint le GDS à remiser certaines de ses ambitions. Un crève-cœur pour le groupement attaché à la notion de service aux éleveurs. Le GDS croit en effet beaucoup à l’accompagnement technique des élevages, accompagnement indissociable de leur gestion et de leur maîtrise sanitaire. Avec des partenaires compétents, il mise sur des formations touchant, par exemple, l’alimentation. Les bilans sanitaires d’élevage sont désormais enrichis d’indicateurs technico-économiques. Par ailleurs, plus de 140 visites d’élevages ont été effectuées par les techniciens du GDS en 2013/2014.

Tuberculose : faune sauvage sous surveillance


La tuberculose demeure une préoccupation au plan national. « Le statut indemne de la France est toujours fragile », indiquait le directeur du GDS, Vincent Robergeot. Malgré le recensement en 2013 de 113 nouveaux cas au niveau national, le nombre total de foyers ne remet pas en cause le statut indemne de la France alors que le Royaume-Uni ou l’Espagne l’ont, eux, déjà perdu. Avec une baisse de -30% en 2013, la situation de la Côte-d’Or s’est nettement améliorée. En revanche, le Sud-Ouest inspire davantage d’inquiétudes avec une extension des cas de la Dordogne vers les Landes, les Pyrénées-Atlantiques ou encore la Charente. Néanmoins, la situation permet de dire que « la tuberculose ne menace pas la Saône-et-Loire », rassurait André Klein. Le dernier foyer date de 2012 et la surveillance est de mise autour des anciens foyers. Le représentant de la DDPP pointait cependant le risque de re-contamination par la faune sauvage. Plus que le sanglier ou le cerf, le blaireau - observé en abondance dans les campagnes - joue un rôle majeur dans la contamination des cheptels. La lutte contre la tuberculose bovine passe nécessairement par une maîtrise et une surveillance de la faune sauvage. Depuis deux ans, des blaireaux sont d’ailleurs piégés et analysés dans le département.

Vers l’éradication du BVD


L’assainissement se poursuit pour l’IBR. « Il nous reste 175 cheptels détenant plus de 20 bovins positifs : une belle avancée malgré tout », se félicitait le président Frédéric Brochot. 83 % des cheptels sont ainsi négatifs en Saône-et-Loire. « Les derniers éleveurs détenant des positifs sont désormais appelés à faire l’effort de réforme nécessaire », donnait pour consigne le président. Objectif : terminer l’assainissement et qualifier la totalité des élevages.
Pressé par les régions de l’ouest et du grand-est, le conseil d’administration de GDS France a en effet choisi la voie de l’éradication concernant le BVD. Une solution qui n’était pas celle espérée par la Bourgogne, mais qu’il faut désormais mettre en œuvre dans une stratégie collective où tout est à élaborer. La question du coût d’une telle éradication semble toutefois loin d’être anodine en ces temps de crise.

Vives inquiétudes au sujet des maladies émergeantes


Préoccupantes, les maladies émergentes ont beaucoup mobilisé le GDS 71 en 2013/2014. Trois alertes à la besnoitiose ont retenti sur la campagne passée, dont une s’est avérée justifiée. « La besnoitiose remonte du sud au gré des achats », indiquait Vincent Robergeot. Se tournant vers les experts nationaux, le GDS 71 étudie la meilleure façon de gérer cette nouvelle maladie en privilégiant la prévention.
Le BHV4 ou "Herpès virus de type 4" a fait son entrée sur le territoire départemental il y a deux ans. Quatre élevages ont présenté de fortes pathologies (infertilité, troubles digestifs, maladies des veaux…). Des pathologies observées sur des cheptels de type culard et qui ne semblent pas être freinées par un phénomène d’immunisation, observait Vincent Robergeot. L’un des quatre cheptels a été totalement démantelé tandis que les trois autres ont fait l’objet d’une élimination progressive. Début 2014, on frôlait la psychose alors que quelques signes inquiétants étaient observés dans le voisinage des élevages touchés. Face à cette crise, le GDS 71 a sans attendre voulu « comprendre la virulence de la maladie et savoir si l’on était face à un phénomène émergeant pouvant impacter le département », confie Frédéric Brochot. Avec le GTV, GDS France, le Laboratoire départemental d'analyse et la société Biosellal, le GDS 71 a contribué au lancement d’un « travail de recherche fondamentale inédit ». Outre le testage de cinquante élevages, ce programme comprend aussi le séquençage complet du virus. Une véritable première, dont les premiers enseignements devraient être révélés sous peu.


GDS de Saône-et-Loire
Rôle des délégués et régionalisation en vue


L’actualité du GDS, c’est aussi une réflexion sur la place de ses délégués et des sections locales. L’idée serait de restaurer une meilleure communication avec le réseau des délégués GDS. La question du maillage et de la représentativité territoriale est posée. Celles des besoins des éleveurs élus aussi. Au même moment, dans un contexte de fusion des régions, les GDS de Bourgogne et de Franche-Comté sont entrés en discussion. Dans la future grande région prônée par les élites parisiennes, la Saône-et-Loire se démarque nettement des autres départements avec sa spécificité allaitante, le poids de ses effectifs bovins et sa dimension humaine. Reste à « harmoniser » cette diversité, quitte à raboter les derniers reliefs d’une solidarité qui avait pourtant fait ses preuves...




Antibiotiques
En réduire la consommation


Dans son intervention, le directeur de la DDPP 71, André Klein, a présenté le plan EcoAntibio 2017. On constate une augmentation régulière de la résistance des bactéries aux antibiotiques. Avec ce plan, l’Etat se donne cinq ans pour diminuer l’utilisation de ces molécules, dont il convient à tout prix de préserver l’efficacité. Ce plan passera par un recensement des quantités vendues et un encadrement de la politique commerciale (labo, distributeurs, vétérinaires, pharmaciens). Un objectif de -25 % des usages est fixé pour les deux types d’antibiotiques les plus importants. Des règles particulières sont mises en place pour les antibiotiques dits « critiques ». Enfin, un guide des bonnes pratiques d’emploi des antibiotiques verra le jour. Loin d’être un renoncement à la performance d’un élevage, la baisse de l’usage des antibiotiques s’inscrit dans une optimisation globale des pratiques. Prévention sanitaire, alimentation, rigueur, organisation et raisonnement des actes en font partie.




Nouvelle gouvernance sanitaire
« Nouvelle usine à gaz »


La dernière partie de l’assemblée générale était consacrée à la « nouvelle gouvernance sanitaire », véritable refonte de l’organisation sanitaire du pays décidée en 2010. Un dispositif qualifié « d’usine à gaz » par Frédéric Brochot et qui semble uniquement dicté par le désengagement financier de l’Etat... Abandon des outils de gestion du sanitaire ; retrait du financement des crises épizootiques ; retrait dans l’intervention sur les abattages sur ordre de l’administration… « L’Etat délègue ses missions aux professionnels… », dit-on en termes politiquement corrects. Reste que ce choix intervient à l’heure où la mondialisation favorise aussi les échanges d’épidémies et que l’élevage traverse l’une de ses pires crises économiques ! Aux éleveurs et à leurs organisations de se débrouiller, seuls ! Désormais, il faut faire comprendre et mettre en place cette nouvelle gouvernance sanitaire. Nul doute que les virus sauront marquer une pause aux frontières pour laisser le temps aux organisations professionnelles agricoles d’accomplir ces palpitantes tâches administratives.