Serge Dutarte
A Paris grâce à Belle de Nangle !

Serge Dutarte est l’un des deux éleveurs de chevaux de trait qui représentera la Saône-et-Loire au salon de l’agriculture. Détenteur d’une trentaine de juments à Bissey-sous Cruchaud, cet ancien éleveur de bovins montera pour la première fois à Paris grâce à Belle de Nangle, une percheronne de trois ans.
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A Bissey-sous-Cruchaud, Serge Dutarte élève plus d’une cinquantaine de chevaux de trait. Ce jeune retraité, auparavant éleveur de bovins charolais, possède 27 juments percheronnes ainsi que deux auxoises. « J’ai toujours été passionné par les chevaux », reconnait-il. Sur son exploitation familiale, les équins ont toujours été présents en nombre aux côtés des bovins allaitants. Depuis une douzaine d’années, Serge Dutarte possède même ses propres étalons. Féru de génétique, l’éleveur sélectionne le meilleur du standard percheron. Depuis plus de vingt ans, ses animaux fréquentent régulièrement les concours de race. La saison passée, vingt d’entre eux concourraient à Cluny et au Pin en Normandie.
L’éleveur saône-et-loirien a toujours eu un faible pour cette célèbre race dont le berceau se situe entre Orne, Sarthe et Mayenne. A la puissance d’un auxois ou d’un ardennais, le percheron s’enrichit d’élégance et de vivacité. « Il est aussi plus malin », confie Serge Dutarte. Ce grand et majestueux cheval de trait mesure entre 1,65 et 1,80 m au garrot pour un poids compris entre 800 et 1.000 kg. Sa robe variable est grise ou noire. Polyvalents, les percherons ont été exportés en Amérique, au Japon, en Australie et un peu partout dans le monde. « J’en ai vendu en Angleterre ! », signale Serge Dutarte.

Faute de débouché



Comme d’autres chevaux de trait, le percheron n’a jamais été aussi haut sur le plan de sa génétique. Et pourtant, les éleveurs ont le plus grand mal à leur trouver des débouchés valorisants. Plus de 85% des chevaux de trait partent pour la viande, mais à 1€50 le kilo vif pour un jeune poulain, ce débouché n’est plus du tout rémunérateur. La demande existe pourtant bel et bien. « Un groupement du Jura recherche des animaux pour l’Italie », confie Serge Dutarte. Mais les tarifs peuvent descendre jusqu’à « 50 € pour un vieil étalon ! », révèle l’éleveur. En France, le problème n’est pas la consommation de viande chevaline en elle-même, mais plutôt le manque de bouchers, estime Serge. Il connait un boucher de l’Ain qui n’a aucun mal à écouler sa viande. Certains éleveurs se sont d’ailleurs lancés avec succès dans la vente directe en caissettes… La viande chevaline n’est pas bannie de la grande distribution, mais cette dernière préfère importer du cheval de provenances lointaines…

Espoirs en Algérie et en Chine



En dehors de la viande, les débouchés pour les chevaux de trait sont quasi insignifiants. Attelage de loisir, travaux dans les vignes, débardage… Tout cela reste de l’ordre du symbolique. Ce contexte économique décourage les éleveurs qui sont de moins en moins nombreux à faire saillir leurs juments, quand ils n’abandonnent pas définitivement l’élevage. C’est parce qu’il n’a pas trouvé à les valoriser dignement que Serge Dutarte a conservé autant de chevaux. « Je comptais sur l’Algérie qui recherchait des juments pleines pour l’élevage. Malheureusement, le pays a du fermer ses frontières à cause de la tuberculose et depuis qu’il a rouvert, il ne laisse entrer que des bovins » explique l’éleveur. Ce dernier espère que l’Algérie rouvrira bientôt ses portes aux équins. La Chine serait également demandeuse de percherons d’élevage.

Première fois



On l’aura compris, l’élevage de chevaux de trait n’est pas un gagne-pain pour Serge Dutarte. C’est avant tout une passion avec les concours comme ultime émulation. Investi à la fédération des chevaux de trait de Saône-et-Loire, Serge Dutarte fait également régulièrement partie des jurys depuis une quinzaine d’années. En dépit de son métier et de son implication dans l’univers du cheval, l’éleveur de Bissey-sous-Cruchaud n’était jamais retourné au salon de l’agriculture depuis ses 18 ans ! « J’avais eu une jument sélectionnée il y a 5 ou 6 ans mais je n’y étais pas allé car à l’époque, je m’occupais encore de mes bovins et le salon tombe en plein vêlages », confie Serge qui a eu à s’occuper seul de près de 150 vaches !
Cette fois, l’éleveur retraité entend bien profiter pleinement de cette nouvelle sélection pour Paris. Il la doit à Belle de Nangle, une pouliche de trois ans dont le premier poulain naitra en avril prochain. Belle de Nangle avait été première au concours local puis au régional de Cluny et troisième au concours national au Haras du Pin. C’est cet excellent palmarès qui lui vaut d’être retenue pour figurer parmi les onze percherons qui représenteront la race au salon de l’agriculture.

Un beau voyage !



Désormais libéré de l’astreinte des bovins, Serge Dutarte restera dix jours à Paris ! Avec d’autres éleveurs de percherons, il assurera les soins aux animaux, leur toilettage, leur préparation et donnera un coup de main aussi en cuisine… Les chevaux de trait seront sortis tous les jours pour une présentation montés sur le ring. Un spectacle toujours très apprécié des visiteurs. Bien entendu, si la société percheronne prend en charge les frais de participation au salon, les éleveurs ont à leur frais l’hébergement et leurs repas. Mais pour Serge Dutarte, cette dépense vaut bien toutes les croisières !