Agriculture Biologique en Bourgogne
Les bio demandent des comptes à la Région

Publié par Cédric Michelin
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Pour leur première manifestation à Dijon ce 17 février, les agrobiologistes de Bourgogne ont directement porté leurs revendications à la Région, nouvelle autorité de gestion des fonds européens et principal catalyseur du mécontentement actuel.
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Pas contents les bio. Et tellement pas contents qu'ils ont décidé de descendre dans la rue et de battre le pavé dijonnais devant le Conseil régional, pour demander des comptes, inquiets du sort que leur réserve la future programmation 2015-2020. C'est une première que cette mobilisation générale à l'initiative de la Confédération des groupements des agrobiologistes de Bourgogne (CGAB). Près de 200 agriculteurs agrobiologistes et acteurs de la société civile les soutenant, sont ainsi venus manifester leurs inquiétudes, le 17 février à Dijon, quant à la pérennité des productions et des filières bio dans un cadre budgétaire de plus en plus insoutenable pour eux.

Manque d'ambition d'un côté, incompréhension de l'autre...



Les bio considèrent que les aides prévues dans la prochaine programmation 2015-2020, ne sont ni à la hauteur des espérances du plan Ambition Bio 2017, ni des promesses du gouvernement. Entre temps, la Région est devenue autorité de gestion d'un dossier complexe, qui doit concilier un cadre européen stricte, un budget contraint et le passage délicat d'une obligation de moyens dans la gestion et l'attribution des fonds, à une obligation de résultats évalués sur un mode pluriannuel. Bref, les règles du jeu ont changé, sans visiblement que tout le monde s'en soit aperçu ou l'ait compris.
Se sentant lésés sur le plan financier, en danger quant à la pérennité de leurs entreprises, mais plus encore incompris, les bio n'ont pas eu d'autre alternative que de demander des comptes au nouveau bailleur des fonds européens qu'est devenu le Conseil régional. Difficile de faire la part des choses, tant le dossier est complexe et les lectures différentes. Quand les agrobiologistes attendent des enveloppes qu'elles correspondent aux prévisions de conversion sans nuire aux aides au maintien, la Région oppose la nécessité de cibler au plus près les besoins, sous peine de voir les crédit amputés en cas de non réalisation des objectifs. La culture européenne du résultat étant assortie quand même comme l'explique Michel Neugnot, vice-président du Conseil régional en charge des Fonds européens, de certaines souplesses, avec la possibilité à mi-parcours de remettre à plat la « maquette » initiale. Ce qui revient à négocier avec la commission européenne une rallonge, dument justifiée par la réalité de la situation (explosion des conversions par exemples). Les régions qui dépassent leurs objectifs pourront voir de nouveaux financements, mais gare à celle qui restent en deçà.


Un besoin de reconnaissance manifeste



L'explication de textes et les efforts de Michel Neugnot et des services techniques en charge du dossier, n'ont pas suffi à convaincre un auditoire particulièrement remonté et décidé à camper sur ses positions. En dépit de la « clause de revoyure » toujours possible et de l'engagement réitéré des représentants régionaux pour le développement de l'agriculture biologique, les bios réclament une égalité de traitement dans l'attribution des aides au maintien, la couverture de toutes les conversions à venir et craignent beaucoup un effet d'aubaine qui entraînerait de nombreuses conversions, sans aucun gage de pérennité.
Face aux difficultés de gestion qu'ils n'ont pas minimisées, les responsables régionaux ont invité les représentants professionnels agrobiologistes « à s'aider mutuellement à gérer la pénurie de crédit ». Une main tendue qui n'a pas trouvé preneur. La co-gestion n'étant pas à l'ordre du jour, les revendications sont restées fermes sur les trois piliers de la dynamique de développement de l'agrobiologie : la conversion – l'aide au maintien – l'accompagnement. Sans distinction de durée, de seuil... En revanche en proposant un plafonnement permettant de répartir les fonds avec équité. Et c'est bien là aussi que le bât blesse. Les représentants professionnels ont beaucoup insisté sur le manque de reconnaissance qu'ils vivent comme une injustice, eu égard aux services rendus à la société et à l'environnement. Ils s'estiment « les parents pauvres des financements publics », alors que leur engagement profite à la société comme à l'environnement.
Le dialogue reste ouvert et de nouvelles pistent de réflexion ont été évoquées. Nul doute que la partie ne saurait se jouer en un acte, mais que les mois à venir devraient apporter de nouveaux éléments de réflexion et de travail collaboratif entre le Conseil régional et les agrobio.