Traitements phytosanitaires
« Mieux vivre ensemble »

Publié par Cédric Michelin
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Quelques jours avant le week-end du "Mâcon Wine Note ?", le président de l’Union des producteurs de vins Mâcon (UPVM), Jérôme Chevalier a reçu des menaces - par courrier accompagné d’une cartouche de fusil - à son domicile. L’auteur anonyme de la lettre - toujours recherché par la police et par la justice - incriminait alors les responsables professionnels et les risques « de mort » liés aux traitements des vignes. Suite à la médiatisation de cette nouvelle affaire autour des pesticides, la profession a voulu « apaiser le climat ambiant ». L’objectif du « vivre ensemble » était rappelé tant du côté de l’Etat que des élus politiques. Y compris avec le soutien du collectif Pesticides et Santé en Mâconnais. Tous soutenaient le vigneron de Charnay-lès-Mâcon dans cette épreuve.
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Ce n’est qu’une « initiative individuelle stupide », condamnait le sénateur-maire de Mâcon, Jean-Patrick Courtois, au moment d’apporter son soutien à Jérôme Chevalier. La police travaille actuellement pour retrouver l’auteur de la lettre et le présenter devant la justice.
Mais comme de plus en plus souvent dans notre société "médiatique", un fait divers peut vite prendre une symbolique et avoir de larges répercussions.
Au-delà donc de cette sinistre menace de mort dont il a été victime, Jérôme Chevalier a voulu inverser la communication négative autour de cette affaire pour, au contraire, « apaiser » d’autres polémiques locales potentielles autour des pratiques viticoles, et notamment des traitements phytosanitaires. « Les vignerons ont conscience des craintes des populations. Nous souhaitons continuer à faire des vins en réduisant au maximum nos recours aux produits phytos. Nous sommes les premiers exposés », rappelait-il se disant « prêt à entretenir un dialogue permanent avec les riverains » et ainsi tenter « d'anticiper pour continuer de vivre ensemble en bonne intelligence ». Associant la parole aux actes, dès le soir même du 31 mai, il devait se rendre à une réunion d’information sur ce sujet à Hurigny, après celle déjà organisée - toujours à l’initiative de la profession - à Viré ou encore avec le collectif Pesticides et Santé du Mâconnais.

Besoin d’explications


Vice-président de l’UPVM, Marc Sangoy en profitait pour annoncer aux médias régionaux la préparation d’une "Charte" des bonnes pratiques agricoles et viticoles. Il insistait également sur la réglementation encadrant déjà ces pratiques et sur les efforts de la profession depuis de nombreuses années. Le président de la FDSEA de Saône-et-Loire, Bernard Lacour, regrettait quant à lui que, malgré ces efforts évidents, les responsables professionnels soient « de plus en plus souvent les cibles » toutes désignées de la « dégradation » réelle ou présumée des zones rurales. « Nous avons besoin d’expliquer l’évolution de notre travail », insistait-il, invitant chacun à « plus de concertation, de dialogue… » pour éviter les caricatures, les manipulations politiques et surtout les jugements hâtifs. Chacun voyant midi à sa porte et n’ayant pas toujours le recul nécessaire pour évaluer justement les avantages/inconvénients de toute chose.

Ne plus opposer


Dans la salle, loin de se défausser, la profession agricole et viticole de Saône-et-Loire - et de Bourgogne - condamnait unie « les quelques rares comportements irresponsables » de certains vignerons qui font du tort à tous.
Le préfet de Saône-et-Loire, Gilbert Payet, en profitait donc pour rappeler avec force la loi et le Code rural. Il cassait lui-même immédiatement une idée répandue pour ne pas retomber dans des oppositions stériles entre modèles agricoles : « avoir une étiquette bio ne rend pas les produits inoffensifs si les règles ne sont pas tout autant respectées ». Si pour l’heure, tous les préfets de la Région Bourgogne ont considéré qu’il n’était pas obligatoire de prendre des arrêtés départementaux, Gilbert Payet avertissait qu’il n’excluait toutefois pas de le faire et d’interdire les traitements à proximité des lieux publics. Reconnaissant que les préfets attendent toujours beaucoup des maires pour organiser des temps et lieux d’échanges publics « pour rapprocher les personnes qui ont du mal à se comprendre ». Mais cela devient urgent et nécessaire si l'on veut éviter des drames humains...