Charolais Horizon
En ordre de marche pour innover

Vendredi dernier, Charolais Horizon présentait des comptes équilibrés face à ses adhérents réunis en assemblée générale. Une santé saine qui récompense une restructuration rigoureuse autour d’une stratégie claire d’implication dans des outils d’aval coopératifs. De quoi être en ordre de marche pour imaginer des concepts innovants de valorisation des viandes.
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L’activité de la coopérative Charolais Horizon a poursuivi sa progression en 2015. Elle dépasse 30.000 animaux, dont environ 40 % d’animaux abattus. Le nombre d’adhérents progresse également. Bien que modeste au regard du chiffre d’affaires, « le résultat économique - à 200.000 € net - a le mérite d’être positif », commentait le président, Guy Fonteniaud, faisant valoir le montant des aides qualité, planification, contractualisation et autres accompagnements de trésoreries redistribués aux adhérents. Et si l’on peut toujours déplorer que « ce soit l’activité approvisionnement qui fasse le résultat », comme certains le soulignaient dans la salle, le directeur, François Chaintron, faisait remarquer que, dans une activité bovine à la rentabilité très limitée, sans appro, il serait impossible de financer des plus-values ni d’offrir un service technique gratuit aux adhérents.
En dépit de la crise qui sévit dans le secteur, la coopérative parvient ainsi « à équilibrer ses comptes, à apporter le meilleur service à ses adhérents » tout en poursuivant ses investissements dans son outil collectif d’abattage et de transformation, énumérait Guy Fonteniaud. La preuve, pour son conseil d’administration, que le choix « de se regrouper autour de notre structure d’aval, Sicarev » est bien le bon. Une stratégie qui a permis de « réduire nos coûts et gagner en efficacité », rappelait le président. De fait, les importants efforts de restructuration accomplis ont permis de réduire les charges significativement. Et avec les autres coopératives du GIE Alliance, Charolais Horizon réfléchit d’ores et déjà pour « aller sans doute encore plus loin dans notre organisation amont. Gagner en performance, accroître la part de production génératrice de plus-values et ne pas les gaspiller dans des coûts d’intermédiaires », justifiait Guy Fonteniaud qui jugeait « capital que Sicarev conforte sa position au niveau national ».

Outil d’abattage actif


L’activité d’abattage des deux principaux outils du groupe Sicarev a progressé de +3,5 % en 2015. A Saint-Etienne, l’abattoir fraîchement rénové est désormais pourvu du meilleur niveau de classement, « ce qui nous ouvre des marchés à l’export sur pays tiers », indiquait Guy Fonteniaud. A Roanne, une nouvelle tranche de travaux est en court. Affichant une volonté de « développer la valorisation des animaux de qualité », Sicarev s’est trouvé de nouveaux « débouchés intéressants dans le Sud de la France », d’où un développement conséquent de l’AOP Bœuf de Charolles. Le groupe coopératif mise aussi sur la restauration hors foyer. « Un commercial spécifique a été embauché et des investissements sont en cours à Saint-Etienne » pour répondre à ce marché particulier. Un contrat a par ailleurs été « finalisé avec Moy Park Beef, sous-traitant pour Mc Donald, pour fournir des avants de jeunes bovins et bœufs montbéliards à un prix garanti », informait le président. Un exemple que Sicarev aimerait bien « généraliser ».

Des pistes pour repositionner la charolaise…


Cultivant son atout de détenir, avec d’autres groupements similaires, son propre outil aval, Charolais Horizon - et avec lui tout Sicarev - se donne ainsi la possibilité de passer de la parole aux actes pour ce qui est de la valorisation des productions. Le groupe parie sur le développement de la consommation de viande française dans la restauration collective ; la construction de démarches contractualisées avec la grande distribution ; les vertus de la transformation pour valoriser les pièces plus difficiles à vendre…
Au sein de Sicarev, on réfléchit aussi au « repositionnement de la charolaise aujourd’hui comprimée entre l’entrée de gamme et le segment supérieur ». C’est d’ailleurs pour alimenter cette réflexion que les responsables de Charolais Horizon avaient fait venir Gabriel Tavoularis du Crédoc lors de leur assemblée générale (lire encadré). En s’inspirant des enquêtes consommateurs présentées par l’intervenant, le groupe Sicarev imagine « un concept lui permettant de vendre sa viande bovine charolaise différemment ». Un mode de valorisation novateur qui permettrait de « séduire la grande distribution », expliquait François Chaintron. Il s’agit de capitaliser sur les atouts sous-estimés de la production bovine charolaise. Elle qui semble avoir toutes les vertus pour répondre aux besoins de rassurance du consommateur : santé, transparence, goût, naturalité… Reste à l’inscrire dans une démarche de filière solide, irréprochable, visible et efficace sur le plan marketing. Le groupe Sicarev y réfléchit activement.



Le consommateur veut être rassuré


Directeur d’études et de recherche au Crédoc, Gabriel Tavoularis était invité à éclaircir les attentes des consommateurs en matière de viande bovine. Premier enseignement de son intervention éclairante : une reprise économique serait bel et bien avérée en 2015 avec la perspective d’un regain de pouvoir d’achat et d’un retour de l’item "Plaisir" dans les envies des consommateurs… Autre donnée importante : la baisse de consommation de viande bovine n’est pas un phénomène nouveau puisqu’elle date du milieu des années 80. Et en dépit d’un retour annoncé du moral des Français, cette érosion va se poursuivre… Une tendance inéluctable, car structurelle, selon Gabriel Tavoularis. Un phénomène de génération avec de nouvelles manières de se restaurer : « plateau-repas, sandwich-hamburgers, apéritifs dînatoires… ». Dans cette évolution, l’alimentation à domicile régresse au profit de la restauration hors domicile. Alors que toutes les viandes stagnent ou reculent, la charcuterie et les plats préparés sont à la hausse. En marge de cette tendance de fond, l’arrivée à la retraite des "babyboomers" explique le succès des rayons boucherie "trad" aujourd’hui ! Un fait qui montre qu’aborder le consommateur comme un seul homme est une erreur. « Une offre globale pour tout le monde ne peut pas fonctionner », prévient l’expert du Crédoc. A ne pas négliger non plus le poids croissant des dépenses de logement qui pousse certains foyers à réaliser des arbitrages en termes de budget. Et là, on préfère parfois « dépenser dans autre chose que dans de la nourriture », constate Gabriel Tavoularis. La tendance va donc vers des produits « prêt à manger » pour des repas simplifiés, au sein de foyers où la part des personnes seules s’accroit. Pourtant bruyant médiatiquement, les végétariens ne sont que 0,5 % de la population. Mais le passage de « petit consommateur de viande » à « non consommateur » se fait très facilement. Ceux qui consomment le plus de viande bovine sont les familles avec enfants et les personnes d’âge mûr…, plutôt bons vivants ! L’intervenant voit aussi derrière l’engouement télévisé pour la cuisine, un attrait pour « une cuisine du week-end, plus élaborée », mais que pour un ou deux repas par semaine en somme.

Santé, transparence, plaisir


« Comment faire changer les jeunes consommateurs de viande bovine ? », interrogeait l’expert. Une chose est sûre, c’est que ces nouveaux consommateurs sont en attente de plus de santé vis-à-vis de la nourriture. Les bienfaits nutritionnels (Fer, Zinc, Sélénium…) de la viande peuvent les intéresser, assure Gabriel Tavoularis. Les crises alimentaires ont fait beaucoup de dégâts. Les consommateurs veulent de la transparence ; pouvoir remonter eux-mêmes la traçabilité des produits… Ils veulent à tout prix être rassurés. Fini le « courant anxiogène » du milieu des années 2000 où l’excès de diététique avait aboli les plaisirs… Aujourd’hui, le goût est redevenu « le critère n° 1 ». En viande bovine, la tendreté est une autre attente incontournable, au moins pour les produits non transformés. Et le « naturel » s’est substitué au « tout nutritionnel ». Un retour vers la nature un peu idéalisé, en rejet de l’industriel, des pesticides, des hormones, des OGM…

« Une marque forte avec une promesse forte »


Pour répondre à ces attentes nouvelles qui varient selon les catégories de consommateurs, la viande bovine a finalement l’avantage de ne rien avoir de vraiment négatif, faisait remarquer Gabriel Tavoularis. Le végétarisme est somme toute à la marge et la viande demeure associée à la bonne santé ; on la privilégie encore pour la croissance des enfants. Mais la seule segmentation des viandes telle qu’on la connait ne permettra pas de séduire toutes les catégories de consommateurs. Outre le prix, toujours déterminant, les consommateurs ont besoin d’être rassurés sur ce qu’ils achètent : origine française voire régionale, traçabilité, transparence jusque dans l’élevage, naturalité… Pour y répondre, Gabriel Tavoularis a cette formule : « certes, ce n’est pas vous qui vendez, mais c’est bien vous qui produisez ! ». Autrement dit, c’est aux éleveurs d’aller expliquer comment ils travaillent ; la distribution ne saura pas le faire ! « Une marque forte avec une promesse forte », telle serait la réponse innovante à apporter selon l’expert du Crédoc.






Charolais Horizon et Bourgogne du Sud
Partenariat fructueux dans l’Est…


Le partenariat noué entre Charolais Horizon et Bourgogne du Sud porte des fruits. Il s’est concrétisé en 2015 par plusieurs adhésions dans l’Est du département « d’agriculteurs désireux de développer une activité élevage. Des mises en place de lots d’animaux ont été réalisées. L’approvisionnement en matériel d’élevage est aujourd’hui assuré en commun », rapportaient les responsables du groupement. Les deux partenaires souhaitent poursuivre en développant de nouvelles productions : veaux de boucherie, veaux rosés, finition, repousse…




Deltagro Export
Premier exportateur français en volume
Pour le maigre, Charolais Horizon continue de s’appuyer sur la structure export du groupe, à savoir Deltagro Export, premier exportateur français en volume. Si l’Italie représente encore 83% des débouchés, fort de sa filiale export, le groupe continue de croire à la destination turque, en souhaitant « construire des relations partenariales durables » avec ce pays. D’autres pays tiers sont explorés par Deltagro : Algérie, Lybie, Tchéquie…