Pépinière viticole
Une place à défendre

Publié par Cédric Michelin
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Montélimar accueille le rendez-vous annuel des pépiniéristes viticoles français les 26, 27 et 28 octobre. Entretien avec le président de leur Fédération nationale, David Amblevert.
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David Amblevert, la Fédération française de la pépinière viticole (FFPV), que vous présidez, tient son congrès à Montélimar cette fin octobre. Présentez-nous votre organisation.
David Amblevert : Créée en 2003, la FFPV regroupe tous les syndicats départementaux ou régionaux (13) avec trois métiers : les producteurs de vignes mères de porte-greffe, de vignes mères de greffons et de plants. Elle a pour rôle de défendre, représenter et promouvoir la pépinière viticole française mais aussi de renforcer sa position de leader mondial.

Quels sujets votre congrès va-t-il aborder ?
D. A. : A ce treizième congrès, organisé par le syndicat des producteurs de bois et plants de vigne Drôme Ardèche, nous évoquerons l'actualité réglementaire, technique et économique de la filière. L'un des points forts sera le lancement, le 27 octobre, du logiciel de traçabilité Pépite mis en place par l'Institut français de la vigne et du vin (IFV). C'est un moyen moderne pour gérer la traçabilité, qui est au cœur de notre métier. Nous parlerons aussi du dépérissement inexpliqué dans la zone méridionale de vignes greffées sur le porte-greffe 161-49 et de xylella, bactérie qui s'attaque à différentes espèces végétales dont la vigne avec la sous-espèce fastidiosa. D'autres sujets seront évoqués, notamment le traitement à l'eau chaude des plants contre la flavescence dorée. Actuellement, pour cette technique, le couple temps-température validé par le ministère de l'Agriculture est de 50° C pendant 45 minutes. Ce traitement est traumatisant pour les plants, il peut occasionner d'importants problèmes de reprise. Nous souhaitons, donc, une réduction de sa durée.

Quelles sont les forces et faiblesses de la filière des pépinières viticoles ?
D. A. : Notre filière a des atouts : premier producteur mondial de plants de vigne, qualité sanitaire, diversité de production, complémentarités régionales, savoir-faire reconnu, notoriété internationale de la marque Entav-Inra(*)… Mais elle est handicapée par un contexte économique peu favorable, des lourdeurs réglementaires et des coûts de production les plus élevés d'Europe du fait du niveau des charges. Cela nous fait perdre en compétitivité.

Alors, avez-vous réfléchi à la manière de gagner en compétitivité ?
D. A. : Oui, un plan de compétitivité résultant d'un long travail de concertation des pépiniéristes a été dévoilé à notre congrès 2014. Il nécessiterait 15 millions d'euros d'investissement sur cinq ans pour répondre aux nouveaux défis : innovations clonales et variétales (variétés résistantes à l'oïdium et au mildiou), sécurité sanitaire (implantation de vignes mères), mécanisation (pour réduire la pénibilité et les coûts salariaux), modernisation des bâtiments… Le tout en visant une triple performance : économique, sociale et environnementale.
Ce plan de compétitivité est une feuille de route pour les syndicats régionaux. A eux de l'adapter à leurs besoins afin de solliciter un soutien financier auprès de leur Région, c'est le moment. Certains conseils régionaux ont d'ailleurs déjà répondu très positivement. Nos pépinières n'ont jamais pu bénéficier d'aides de l’État ni de l'Union européenne…



(*) La marque Entav-Inra garantit l'origine, l'authenticité, la qualité sanitaire et la valeur génétique des clones.



Plants de vigne : La France leader mondial



- La France est le premier pays producteur mondial de plants de vigne et représente près de 40 % de l’offre européenne. La filière de la pépinière viticole compte près de 1.000 professionnels.
- Autour de 3.500 hectares de vignes mères, dont 2.000 de porte-greffes et 1.500 de greffons. En surface plantée de vignes mères, Provence-Alpes-Côte d'Azur est en tête, devant les régions Languedoc-Roussillon, Rhône-Alpes et Aquitaine-Charentes.
- Production de près de 200 millions de greffes boutures en 2014, dont 24 % en Aquitaine-Charentes, 23 % en Provence-Alpes-Côte-d'Azur, 17 % en Rhône-Alpes, 15 % dans le Val de Loire, suivis du Nord-Est, de Midi-Pyrénées et du Languedoc-Roussillon.
- Production de plants racinés : 1,5 million de boutures.
- Commercialisation : 90 % sur le marché national, 10 % à l'export.