Vendanges 2016
30 % de pertes en volume

Publié par Cédric Michelin
-
L’année a été compliquée pour les vignerons (gel, grêle, mildiou…). L’exercice de communiquer sur le millésime 2016 l’était tout autant. Le 7 octobre à Beaune, le BIVB se prêtait à cet exercice devant les médias. 2016 est jugé « qualitatif » et s’annonce « cher ». Négociants et vignerons en conviennent avec 30 % de pertes de récolte sur la Bourgogne à 1,15 millions d’hl. Si certains vignobles sont néanmoins « agréablement surpris », nombre de vignerons font face à des situations économiques « graves ». Heureusement, le beau millésime 2015 profite de marchés porteurs...
132805--DSC_0207.JPG
« 2016 va contredire le dicton "Année gelée, pas une bonne année". A mon avis, on aura pas de mauvais cette année, au contraire », essayait de convaincre le président délégué du BIVB, Claude Chevalier, face à des journalistes le questionnant sur les conséquences des épisodes de gel, de grêles et de mildiou. Louis-Fabrice Latour parlait, lui, du « miracle bourguignon ». Malgré un printemps « compliqué », les vignerons « qui ont bien travaillé » et aidés par la météo de septembre « vont réussir à faire des vins de qualité », assurait le président du BIVB.
Exercice délicat que de communiquer globalement alors que, dans les faits, Chablis « fera une moitié de récolte », les Côtes de Beaune et de Nuits ont des rendements « très faibles », la Côte chalonnaise (AOC Mercurey et Rully) partage à moitié ce constat avec aussi « de belles récoltes » au sud, comme dans le Mâconnais, à l’exception des AOC Pouilly et Saint-Véran, lesquelles ont grêlées tout comme les appellations du Nord Beaujolais.
Les estimations du BIVB tablent sur une vendange de 1,15 million d’hl pour l'ensemble de la Bourgogne, soit 30 % de volume de moins par rapport à la moyenne décennale qui s'établit à 1,5 Mhl. Un « soulagement » néanmoins pour ce qui apparaissait - cet été - « plus grave » encore.

Prix en hausse


Conséquence de cette baisse de volume : « on sait que ce sera un millésime cher », reconnaissaient les responsables de l'interprofession, cherchant à rapidement recentrer les échanges sur le volet économique. Louis-Fabrice Latour concédait que les stocks sont à des niveaux historiquement « bas », 10 mois en moyenne seulement. La dynamique des marchés est toujours jugée « bonne ». Pour preuve, le prix moyen en Angleterre d’une bouteille de Chablis « franchit » les 10 £. Idem bientôt pour les vins Mâcon, ce qui pèse sur les cours « à la hausse », reconnaissait le négociant. Les opérateurs sur le terrain se montrent néanmoins « prudents » sur leur capacité à continuer de passer des hausses de prix. Ainsi, la campagne d’achat n’aurait-elle « pas vraiment commencé », officiellement. Reste un beau millésime 2015 à commercialiser et aussi des 2014 en volumes chez les négociants, apparemment.

Un négoce s’extériorisant


Des négociants bourguignons qui n’en sont plus vraiment puisqu’ils produisent eux-mêmes. Et surtout, ils « s’extériorisent » puisque « 55 à 60 % » de leurs achats - représentant 30 % en valeur de leurs chiffres d’affaires - se font maintenant en dehors de la région, contre 40 % il y a une dizaine d’année. « Il faut nourrir la bête », lançait Louis-Fabrice Latour, les acquisitions et achats ayant lieu principalement dans le Beaujolais.
La Grande Bourgogne reste « un des grands idéaux » du BIVB, alors que les instances des deux interprofessions ont repris leurs relations. « Le nouveau président d’Interbeaujolais, Dominique Piron, a des idées fortes et est en capacité de créer une unité, ce qui assure un bel avenir à ce vignoble », encourageait Claude Chevalier. Tout n’est pas gagné pour autant, comme l’avouait à titre personnel, Louis-Fabrice Latour : « je me suis trompé. Le prix du Bourgogne rouge est maintenant le double de celui du Fleurie. Je pensais que beaucoup de nos clients partiraient pour les crus du Beaujolais, cela ne s’est pas produit ».
« Cela n’empêche pas de travailler ensemble même si on n'est pas marié », plaidait le BIVB. Les deux régions viticoles attendent ainsi notamment les résultats de l’INAO sur la délimitation de l’appellation bourgogne. « Cela ne devrait pas poser de problème », souligne-t-on à Beaune. En attendant, la mention "bourgogne Côte-d’or" est possible en appellation de repli, même si elle ne connaît pas encore de revendication. Pour 2017 sans doute...



Cités des vins de Bourgogne
Retour à la case départ




La prochaine assemblée générale du BIVB, le 19 décembre prochain, ne se passera pas cette fois « en catimini ». L’occasion pour tous les partenaires de la filière de « remercier » le directeur « historique » du BIVB depuis 38 ans, André Ségala et d’introniser son successeur, Christian Vannier.

Surtout, il sera question de soumettre au vote « pour ou contre » les projets de Cités des vins de Bourgogne, à Beaune, à Mâcon et à Chablis. En somme, un retour à la case départ ou presque car « un projet qui n’avance pas est forcément critiqué », analysait Claude Chevalier. Les questions de financement (Région, Départements…), tout comme le projet urbain qualifié de « luxueux » du maire de Beaune ou encore la concurrence ou non de la Cité des vins et de la gastronomie de Dijon… ont obligé le BIVB à « redemander l’avis aux vignerons sur le terrain ». « Il n’y aura pas de consigne de vote des familles. Les 90 votants reflétant la région devront s’exprimer mais ce vote ne portera pas sur le volet financier », précisaient les présidents. Enfin, le coût total estimé à 20 millions d’€ était « relativisé » face aux deux milliards d’€ de chiffre d’affaires annuel de la Bourgogne viticole.