Traité transatlantique (TTIP)
Le danger se précise

Les conséquences du TTIP, le traité de libre-échange transatlantique actuellement en négociation entre l’Union européenne et les États-Unis sont sans ambiguïté : pour le secteur agricole, les effets seront très positifs pour les États-Unis et nettement moins, voire même négatifs, pour l’Union européenne…
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Suite à l’analyse publiée par le ministère américain de l’Agriculture, le think-tank Momagri a adressé une lettre à Jean-Paul Juncker, le président de la Commission européenne, pour lui demander comment et à quel titre il serait encore possible d’affirmer que le TTIP préserverait les intérêts de l’agriculture européenne. Ce qui est la position actuelle de Bruxelles…
En effet, cette étude de l’USDA, le ministère américain de l’Agriculture, analyse notamment deux scénarios qui vont de l’abolition des droits de douane jusqu’à la suppression des mesures non tarifaires. Et la conclusion des experts américains est sans équivoque ; elle confirme les craintes du monde agricole européen : les résultats d’un tel partenariat sur le secteur agricole seraient très positifs pour les États-Unis et nettement moins, voire même négatifs, pour l’Union européenne !

Les États-Unis, cinq fois plus gagnants


C’est ainsi que dans le premier scénario, celui d’un accord réduit à l’abolition des droits de douane, les exportations agricoles américaines en direction de l’Union européenne augmenteraient de près de 5,5 milliards de $, alors que le gain européen ne serait, lui, que de 0,8 milliards de $.
Si l’on ajoute la suppression des mesures non tarifaires, ce deuxième scénario augmente encore les avantages des Américains qui gagneraient, selon les projections, 9,6 milliards de $ contre 2 milliards de $ pour les Européens.
Autrement dit quand les Européens gagneront 1 $, les Américains, eux, en gagneront 5 !
Au surplus, il faut souligner la conclusion selon laquelle les prix agricoles européens subiront des pressions à la baisse, alors que les prix américains seraient soutenus à la hausse.

A Bruxelles de se positionner


Sans compter que le Farm Bill est une politique agricole couplée à la production qui, à travers l’ensemble de ses dispositifs, garantit un revenu minimum à ses farmers, ce qui n’est absolument plus le cas de la Pac.
Momagri souhaite donc que la Commission européenne prenne position sur cette étude hautement inquiétante pour l’agriculture européenne.
Soit la Commission européenne est en mesure d’infirmer les résultats de l’étude du ministère américain de l’agriculture, soit la Commission européenne a le devoir de stopper les négociations sur le volet agricole au risque de mettre en danger un des un des atouts stratégiques de l’Union européenne, à savoir son agriculture, socle de son indépendance alimentaire.



Le projet d’accord de libéralisation, le Nafta ou TTIP, entre les États-Unis et l’Union européenne inquiètent, c’est peu dire. Pour preuve, les propos tenus fin novembre lors de la session de la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire par Jean-Pierre Fleury, président de la FNB : « A Paris, on nous dit : "ne vous inquiétez pas, rien ne se fera avant les élections américaines". Ah bon ! Mais on s’en fout, là n’est pas la question. Si ce n’est pas avant, ce sera après ! La question, c’est ce que l’accord comportera ou ne comportera pas ». Cela a le mérite d’être clair.