Terres de Jim
L’agriculture française a de l’avenir

Publié par Cédric Michelin
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Si les finales de labour constituent un évènement traditionnel cantonné au monde agricole, les jeunes agriculteurs ont donné avec Terres de Jim l’image d’une agriculture vivante, dynamique, courtisée par le grand public et même le Premier ministre qui avait fait le déplacement.
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Cette année, la finale mondiale de labour avait lieu en France du 4 au 7 septembre, à Saint Jean d’Illac, près de Bordeaux. Renommé « Terres de Jim » et organisé par les Jeunes agriculteurs, l’évènement avait l’ambition de démontrer que l’agriculture française était un secteur d’avenir et une réponse durable à l’alimentation de demain, loin des clichés - bien souvent fruit de l'agroalimentaire - qui ont tendance à la reléguer comme une activité appartenant au passé.


S’adresser au grand public




Sur 300 hectares, le lieu pouvait accueillir plus de 300 000 visiteurs qui se sont essentiellement déplacés le week-end. Si la compétition a rassemblé les professionnels de tous les continents, avec une trentaine de délégations, un grand nombre de stands et d’animations étaient destinés au grand public, à la manière d’un salon de l’agriculture en plein air. Une carte de France végétalisée, un labyrinthe de maïs ou encore un potager proposaient aux visiteurs une représentation concrète et ludique des filières agricoles. D’autres espaces étaient réservés à la découverte des animaux d’élevage, aux innovations ou aux saveurs du terroir. Surtout, pour renforcer le lien entre producteurs et consommateurs de façon innovante, les jeunes agriculteurs ont mis en place les Halles de Jim, grand marché regroupant 700 références de produits du terroir sur 2.000 m2. Objectif de l’opération : vendre des produits français au juste prix. En maîtrisant ainsi leur distribution, les agriculteurs souhaitent sensibiliser les acheteurs à la notion de prix rémunérateur. On trouvait donc sur les étals des produits un peu plus chers que dans la distribution traditionnelle, comme la viande ou les vins, mais aussi des œufs à 80 centimes la barquette de six ou encore des baguettes « tradition », issues de cultures locales et raisonnées, à 1 €. Une consommation locale que les jeunes agriculteurs, soutenus en cela par le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll qui considère « qu’il faut les valoriser, au même titre que les autres marchés » et que les autres innovations qui renouvellent la relation entre agriculture et société. « La terre et l’agriculture doivent intéresser les jeunes », a-t-il ajouté.

Une agriculture saluée par le premier ministre



Le discours de Manuel Valls, présent le 6 septembre, est venu conforter cette image d’une agriculture dynamique, « une des forces de notre pays », au « modèle compétitif » malgré une conjoncture difficile que le Premier ministre n’a pas manqué d’évoquer. Lui aussi a souhaité « tordre le cou aux clichés qui trop souvent entourent le monde agricole », en faisant notamment référence à la relation complexe qu’entretient l’agriculture avec l’environnement. « Vous êtes de vrais écologistes car vous êtes au cœur de la nature », a-t-il affirmé devant une assemblée enthousiaste, ajoutant qu’il était possible de produire davantage sans pour autant nuire à l’environnement, grâce aux innovations et aux nouvelles technologies. Un discours qui ne pouvait que séduire les agriculteurs au moment où la France vient à nouveau d’être condamnée par l’Union européenne concernant la directive nitrates. Une directive que Manuel Valls veut renégocier via la mobilisation conjointe de Ségolène Royal et de Stéphane Le Foll qu’il a chargé de deux missions : « la sauvegarde de l’élevage extensif et l’obtention d’un calendrier réaliste ». « L’approche normative a clairement montré ses limites », a-t-il ajouté. Le Premier ministre a également assuré de son soutien sur l’ensemble des sujets d’actualité, sans exception : la simplification car « il n’est pas possible qu’autant de réglementation entrave aujourd’hui cette énergie », les vols en milieu agricole, la préservation du foncier, les accords de partenariat transatlantique et, bien sûr, le renouvellement des générations car, a-t-il conclu sous les applaudissements, « l’agriculture n’est pas un métier du passé, c’est un métier d’avenir ».
La transparence des GAEC enfin acquise

A l’occasion de son discours aux Terres de Jim, Manuel Valls a annoncé la possibilité pour les formes sociétaires, et en particulier les EARL entre époux, de se transformer en GAEC (Groupements agricoles d’exploitation en commun). Une possibilité défendue depuis longtemps par Stéphane Le Foll qui se heurtait aux réticences de la Commission européenne. Cette dernière a finalement accepté le schéma proposé par la France. Comme l’explique un communiqué du ministère de l’Agriculture, « chaque agriculteur membre d’un GAEC bénéficiera des aides de la PAC au même titre qu’un agriculteur individuel ». Stéphane Le Foll s’est ainsi félicité de « pouvoir rassurer les milliers d’agricultrices et d’agriculteurs qui doutaient encore de cette issue favorable ». Jeunes agriculteurs a salué cette annonce qui montre que « le combat syndical peut porter ses fruits » et qui doit « donner confiance pour les combats qui suivent », car l’enjeu à venir en France reste celui de « la reconnaissance des « vrais » agriculteurs », avec en particulier « la déclinaison de la loi d’avenir et du registre renouvelé ».