SCL de la Sigraie à Pierre-de-Bresse
Moderne et économe à la fois !

A 26 et 31 ans, Sarah et Julien Gandrey ont fait le choix du lait et de la diversification dans un secteur où les productions végétales ne cessent de gagner des adeptes. Sur seulement 90 hectares et avec 50 Holsteins, les deux jeunes époux produisent 590.000 litres de lait avec des coûts alimentaires inférieurs à la moyenne. Rencontre.
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La SCL de la Sigraie à Pierre-de-Bresse est l’exploitation de Sarah et de Julien Gandrey, respectivement 26 et 31 ans. Ce jeune couple est à la tête d’un troupeau de 50 Prim’holsteins produisant 9.894 kg de lait par an et par animal, ce qui en fait le meilleur élevage laitier de Saône-et-Loire en production de lait brut. La structure compte aussi un atelier porcs à l’engraissement de 600 places et accueille des génisses charolaises en finition. Le couple exploite par ailleurs un gîte à deux pas de la ferme. Une structure bien diversifiée qui ne couvre pourtant que 90 hectares de terres, pour moitié consacrés au maïs, et pour moitié à des prairies temporaires.
La SCL de la Sigraie est née de la scission d’un Gaec qui comptait alors plus de 300 ha et un quota de 520.000 litres de lait. En 2010, Sarah et Julien ont fait le choix de de se focaliser sur les activités d’élevage et de diversification en conservant l’atelier lait, les porcs, le gîte, mais en se délestant des surfaces.

Robot et vaches à 10.000 litres


Au cœur de l’exploitation, l’atelier Lait a su s’équiper des technologies de pointe tout en atteignant une remarquable efficacité économique. La traite est effectuée par un robot et les vaches sont maintenues en bâtiment toute l’année. La stabulation est équipée de logettes avec des couloirs sur caillebotis ou raclés. Avec seulement 50 vaches en lactation, « le robot n’est pas trop chargé », font remarquer les éleveurs. Les vaches se font traire en moyenne trois fois par jour. Le robot a permis un substantiel gain de temps, confient les associés. « Cela se ressent notamment les week-ends et sur la souplesse des horaires du matin et du soir », constatent les époux. Du temps où le troupeau était encore géré en Gaec, il fallait quatre personnes pour s’en occuper. Grâce au robot, Sarah et Julien parviennent à s’acquitter de la tâche avec moitié moins de main-d’œuvre.
A la SCL de la Sigraie, la moyenne de production des vaches flirte avec les 10.000 kg de lait par an et ce depuis plusieurs années. Aujourd’hui, Sarah et Julien ne cherchent pas spécialement à augmenter ce chiffre. En revanche, ils aimeraient améliorer les taux (39 à 40 en TB et 32 en TP). La fromagerie Delin de Gilly-les-Citeaux (21) qui collecte leur lait est en effet demandeuse d’une bonne teneur en matière grasse.

Ensilage d’herbe et de méteil


Le couple d’éleveurs s’est également donné comme objectif de « faire du lait qui ne coûte pas trop cher à produire ». Pour se faire, ils misent sur des fourrages de qualité et une moindre dépendance aux concentrés. En trois ans, la quantité de concentré consommée par kilo de lait produit est descendue de 250 à 170 grammes. Les vaches en reçoivent environ 2,5 kg par jour et jamais plus de 4 kg. L’alimentation fourragère repose sur 45 hectares de prairies temporaires. Les associés cultivent un mélange de raygrass et de trèfles implanté pour trois ans et qui reçoit du lisier de porc comme fertilisant. Ce fourrage est en grande partie ensilé. La SCL cultive également de la luzerne ainsi que du méteil depuis l’an dernier. Il s’agit d’un mélange de pois, vesce, avoine et triticale semé annuellement avec un apport préalable de 20 tonnes de fumier par hectare. Cette culture ne nécessite aucun désherbant et « elle pousse toute seule ! », confie Julien. Ce méteil est fauché lorsque la vesce fleurit de sorte à maximiser le taux de protéines. Le fourrage est ensilé. Herbe et méteil atteignent une teneur de 18 % de matière azotée.

Maïs plante entière et épis


L'exploitation cultive aussi 45 hectares de maïs. 25 sont destinés à l’ensilage plante entière. Depuis trois ans, les associés récoltent également 7 à 8 ha de maïs en épi. La récolte est effectuée avec une ensileuse équipée d’un bec cueilleur. Les épis sont ensilés. Ils remplacent du blé aplati dans la ration.
Malgré un niveau de production élevé, l’atelier lait de Sarah et Julien affiche des coûts alimentaires nettement inférieurs à la moyenne. Leur coût en fourrages de 62 €/1.000 litres de lait produit est inférieur de 10 € à la moyenne du groupe "Robot" de Saône-et-Loire. A 54 €/1.000 litres, leur coût de concentrés (inclus minéraux et adjuvants) est inférieur de 9 € à la moyenne du groupe. Au final, le coût de ration de la SCL de la Sigraie est de 117 € les mille litres alors la moyenne des exploitations robotisées du département est à 135 €.

Vêlage à deux ans


Cette maîtrise de l’alimentation et des coûts est assortie d’une conduite rigoureuse en termes de génétique, de reproduction et de conduite des génisses. Ce cheptel Prim’Holstein compte parmi les meilleurs de Saône-et-Loire et l’âge moyen au premier vêlage est de 25 mois.
La SCL de la Sigraie sait aussi profiter de la diversité de productions de l’exploitation. « Lorsque le lait ne va pas trop bien, on vend davantage de maïs grain et quand les cours du maïs sont mauvais, on engraisse davantage de charolaises », illustre Julien.
Le jeune éleveur apprécie en outre d’avoir son exploitation sur une commune détenant six exploitations laitières pour 3 ou 4 millions de litres de lait. Ces élevages sont impliqués dans une Cuma dynamique et ce contexte collectif est très motivant, juge Julien.