Foins humides...
L'analyse d'Arvalis

Publié par Cédric Michelin
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Les conditions climatiques du printemps 2016 risquent d’entraîner dans de nombreuses exploitations d’élevage un déficit fourrager. Arvalis aborde les principales questions des agriculteurs sur le stockage et la qualité du foin humide.
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Le foin récolté est humide, quel est le risque d’échauffement ?
L’échauffement du foin jusqu’à une température de 40 ou 45°C est normal. Dans ce cas, au bout d’une semaine la température redevient proche de la température ambiante. Il n’y a aucun risque à stocker les balles. Quand on soupçonne un échauffement anormal (risque élevé pour des teneurs en MS < 80 % MS et des densités de balle élevées), il faut absolument contrôler la température, notamment à l’aide d’une sonde thermométrique. Si la température dépasse 60°C, il faut soit aérer le tas à partir du sommet ou en le déplaçant, soit prévoir un extincteur à proximité, et sortir les balles si celles-ci sont stockées dans un bâtiment. Au-delà de 80°C, le danger devient imminent. Il faut avertir les pompiers, sortir le matériel, et fermer les portes et ouvertures.
NB : au champ, la réduction de la densité des balles peut être une solution partielle pour limiter l’échauffement. L’utilisation de presse à chambre fixe ou de type variable avec application d’une pression réduite voire quasi nulle sur le fourrage permet d’obtenir des balles de faible densité. Dans ces conditions, l’utilisation des presses à haute-densité (balle carrée) n’est pas recommandée.

Comment suivre la température sans sonde thermométrique ?
Avant le stockage, il est possible de mettre la main entre les couches de foin. La sensation de chaleur vive est présente lorsque la température est supérieure à 60°C.
Une fois le foin stocké, le mieux est de plonger une tige d’acier ou de cuivre au centre de la balle, de la laisser une heure. Une fois la tige retirée, si elle est trop chaude pour être tenue en main, cela signifie que le foin a atteint les 80°C, et que le risque d’incendie est élevé.

Quelles sont les conséquences d’un léger échauffement au niveau de la valeur alimentaire du foin ?
L’échauffement est le signe de l’activité métabolique des cellules de la plante et/ou de micro-organismes qui consomment de la matière organique digestible. De fait, un échauffement entraine une diminution de la digestibilité (et donc de la valeur énergétique) ainsi que des pertes de MS (de 2 à plus de 20 %). Par ailleurs, l’échauffement prolongé à des températures supérieures à 35°C entraine une caramélisation du fourrage (réaction de Maillard). Les protéines des foins concernés sont alors moins dégradables et digestibles. Pour une même teneur en protéines, la valeur protéique peut ainsi être abaissée de plus de 15 % (voir tableau ci-dessous).
NB : dans ces situations, les analyses de fourrage couramment réalisées ne peuvent pas déceler cette baisse de valeur. Malgré une excellente appétence lorsqu’ils sont exempts de moisissures, il importe de tenir compte de la plus faible valeur énergétique et protéique des foins "caramélisés" dans le rationnement.

Y a-t-il des risques sanitaires en présence de foin humide ?
Différents micro-organismes sécrétant des agents toxiques peuvent en effet se développer sur des foins humides. Les conséquences peuvent toucher la santé des animaux, et des éleveurs. En cas de doute et si cela est possible, il convient de ne pas distribuer les balles aux animaux.