REPORTAGE
Avant la télémédecine, « ici, c’était pire que le désert médical »

Depuis la mi-janvier, la commune de Saint-Nazaire-le-Désert propose un accès à la télémédecine pour ses 196 habitants et ceux des communes voisines.

Avant la télémédecine, « ici, c’était pire que le désert médical »
À Saint-Nazaire-le-Désert, qui n’a pas vu un médecin depuis plus de dix ans, il est désormais possible de bénéficier d’une téléconsultation avec des appareils médicaux connectés. (Crédit : S. Laborde-Castex)

Au cœur de la vallée de la Roanne, entre Diois et Baronnies, Saint-Nazaire-le-Désert compte à peine 200 habitants. Pourtant, la commune est loin d’être désertique. La vie locale est animée par une école, une auberge, un centre d’incendie et de secours, une agence postale communale, un espace public internet, entre autres. Ne manquait qu’un accès à des consultations médicales. C’est chose faite avec l’inauguration le 19 janvier dernier d’une salle aménagée pour la télémédecine au sein de l’espace « tourisme info services » (TIS). « Nous sommes à 25 kilomètres du premier médecin, avec des conditions de route souvent compliquées l’hiver. Il y a encore une dizaine d’années, un médecin venait de Saillans faire des permanences le mercredi matin dans un local mis à disposition par la commune, raconte Daniel Fernandez, maire. Cela évitait à la population de faire 50 km aller-retour pour un renouvellement d’ordonnance. Mais son remplaçant n’a pas souhaité poursuivre. Pour les habitants, c’était devenu pire qu’un désert médical, sans médecin, sans pharmacie, sans infirmier, sans kiné ». Aussi quand l’élu est mis en contact avec la société « Ma question médicale » - plateforme de consultation en ligne fondée par Jean Tafazzoli, médecin à la Tour-de-Salvagny (Rhône) - il est rapidement convaincu du service qui peut être rendu à la population. Saint-Nazaire-le-Désert devient commune pilote pour implanter un espace de téléconsultation. Pour cela, les élus décident de s’appuyer sur le TIS, tiers lieu associatif qui gère depuis 2009 l’espace public internet. Après quelques travaux d’isolation phonique, une pièce est aménagée pour accueillir le matériel nécessaire à la téléconsultation : ordinateur, stéthoscope électronique, saturomètre, tensiomètre, connectés en Bluetooth... Soit un investissement de près de 1 800 euros pour la commune, qui s’acquitte par ailleurs d’un abonnement mensuel de 69 euros pour la maintenance du système.

« Le présentiel reste la priorité »

Grâce à ces équipements, les habitants peuvent, durant les horaires d’ouverture du TIS (du lundi au samedi matin), avoir accès à l’un des médecins du territoire partenaires de la plateforme. Pour cela, il leur suffit de créer un compte, si besoin avec l’aide d’une animatrice du TIS. La téléconsultation est réglée en ligne et bénéficie d’un remboursement si elle remplit l’une des conditions prévues par le parcours de soins défini par l’Assurance maladie : enfants de moins de 16 ans, en cas d’absence de son médecin traitant, situation d’urgence… Sur place, une imprimante permet d’imprimer une ordonnance si besoin. Autre point non négligeable : le village de Saint-Nazaire-le-Désert bénéficie d’une ligne VDSL qui permet la transmission numérique à très haute vitesse. « C’est un plus pour les habitants des villages alentour qui peuvent utiliser la plateforme ici, alors que chez eux la connexion serait insuffisante », signale Daniel Fernandez. Mais il insiste : « Cette solution n’est pas faite pour remplacer un médecin. Le présentiel reste la priorité. » Malgré tout, il encourage ses administrés à demander à leur médecin habituel de rejoindre la plateforme. Une façon d’éviter les déplacements si la téléconsultation est possible depuis le village. Un mois après la mise en service de cet espace, les premiers retours d’utilisateurs sont très positifs, même s’ils sont encore peu nombreux. Mais pour Daniel Fernandez, peu importe les chiffres : « Je n’avais pas le droit de laisser passer une opportunité comme celle-là, même si ça ne concerne que quelques personnes. »

S.Sabot