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Saint-véran se met aux bulles

Françoise Thomas
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L’appellation saint-véran a 50 ans. Certes, il y a eu la fête, le 18 juin, permettant de réunir au château de la Balmondière viticulteurs, passionnés, partenaires et fêtards autour de ce bel anniversaire, « mais nous voulions que ce cinquantenaire laisse une trace et disposer d’un élément intemporel », relate Kévin Tessieux, le président de l’appellation. Cet élément est donc une bande dessinée…

Saint-véran se met aux bulles
Kévin Tessieux, le président de l’ODG, présentant la BD qui va sortir autour des fêtes de Noël (prix public 11,90 €).

L’idée de créer une bande dessinée est venue de fil en aiguille, Kévin Tessieux étant ami avec l’humoriste lyonnais Sellig, lui-même étant en contact à ce moment-là avec les éditions mâconnaises Bamboo. Pourquoi alors ne pas créer toute une série de planches, relatant la découverte du saint veran par un Sellig, amateur de vin certes, mais aussi parfait ignorant des aspects techniques, historiques, organoleptiques, etc., de cette appellation.
« Notre volonté était de vulgariser sans dénigrer, tout en délivrant des messages techniques et instructifs », présente Kévin Tessieux.
Intégrée dans la collection Les fondus du vin, cette BD permet de retrouver l’ambiance, les personnages, l’humour de cette série. Mais il est important de noter que « c’est le premier numéro dédié à une seule appellation ». En effet, depuis les premières parutions en 2013, les autres tomes ont été consacrés aux vins de Bourgogne en général, à ceux de Bordeaux, des Côtes du Rhône, au Champagne, au vin d’Alsace, du Beaujolais, de Loire, de Savoie-Jura-Suisse. Dernièrement, le whisky avait eu les honneurs de la série, précédé quelques années auparavant par la bière.

Les personnalités du cru

Concernant les secrets de fabrication, à l’ODG, le choix des thématiques à aborder et l’apport du contenu et des connaissances, aux équipes de Bamboo, avec Sellig et Richez comme scénaristes et Saive comme dessinateur, la définition des gags et des mises en images.
Au fil des pages, on découvre ainsi pourquoi saint-véran ne s’écrit pas saint-vérand, quelles sont les meilleures associations mets-saint-véran, les idées reçues sur le « Tchardoneille » à combattre sur les salons grand public, l’histoire des galeries mâconnaises, etc.
Du travail avec les enjambeurs à la commercialisation des bouteilles, de très nombreux aspects sont abordés « toujours dans le général pour ne pas être trop marqué dans le temps ».

Si Sellig l’humoriste est clairement identifié et que Lamartine fait aussi une apparition !, on reconnaît aussi plusieurs figures actuelles de l’appellation… « Au départ, au sein de l’ODG nous souhaitions quelque chose de beaucoup plus neutre, mais Bamboo a plaidé pour que ce soit malgré tout un peu personnalisé… ». Et ce genre de clin d’œil est toujours sympathique.

Fidèle à un état d’esprit

La bande dessinée est un produit Bamboo édition, mais cette opération a malgré tout représenté un coût de 25.000 € pour l’ODG saint-véran, entre les frais de création et de mise en place. Frais que l’appellation devrait amortir avec la revente, via les vignerons et les partenaires, des 3.000 exemplaires qu’elle a précommandés. « Nous ne souhaitons pas faire de l’argent avec ce produit, notre gain à nous reste la communication et la notoriété que cette BD va nous apporter ». Bien au-delà des vignerons de saint-véran, l’ouvrage va désormais vivre sa vie de bande dessinée classique, écoulé comme les autres Fondus du vin dans le circuit habituel.
« Nous sommes contents de nous dire que nous sommes allés au bout de ce projet, que c’est sympa de laisser une trace de la vie des vignes et des vignerons de saint-véran ».
Pour Kévin Tessieux, cette BD reflète ainsi bien l’historique de ce vin, son identité actuelle et les défis auxquels il se trouve confronté.

Sellig ou l’humour du bon vin !
Sellig a fait des vidéos sur YouTube au moment des 50 ans du cru saint-véran.

Sellig ou l’humour du bon vin !

Sellig sait depuis longtemps que le saint-véran « est un très bon vin », une connaissance qui remonte au temps où il travaillait en restauration : « c’est mon chef cuisinier qui me l’avait fait découvrir et je n’aurais jamais imaginé à l’époque me rapprocher autant d’eux ».
Car depuis, c’est devenue une histoire de potes. Notamment entre l’humoriste lyonnais et Kévin Tessieux, le président de l’appellation. Aussi, lorsque l’ODG Saint véran est à la recherche d’une idée originale pour ses 50 ans, Sellig, travaillant en parallèle à ce moment-là avec les Éditions Bamboo (sur un projet de mise en bande dessinée de ses sketches), leur soumet une idée : « pourquoi ne pas créer une BD mettant en scène un personnage candide partant à la découverte de tout ce qui constitue le cru saint-véran ? ». Le principe étant de mettre en scène un personnage naïf et gaffeur, tout le monde pousse à ce qu’il soit interprété par… Sellig.

« Nous avions malgré tout un cahier des charges très compliqué à respecter, se rappelle l’humoriste aujourd’hui. Par exemple, nous ne pouvions pas citer de producteurs et impossible également de critiquer les autres vins », souligne-t-il dans un sourire. « Toutes les vannes devaient rebondir sur quelque chose d’instructif ». Aussi, les scénaristes dont il faisait partie ont dû « se concentrer sur le savoir-faire, les producteurs, l’histoire de saint-véran ».

Pour apporter un maximum de crédibilité aux propos et que les gags tombent au plus juste, pas de secret : Sellig a dû donner de sa personne : « nous avons visité beaucoup de caves et goûter beaucoup de vins. Mais j’ai aussi dû rentrer dans des cuves, nettoyer des pressoirs, porter une hotte et grimper un coteau pour me rendre compte comme c’est physique, conduire un enjambeur ! ». D’ailleurs, l’humoriste lyonnais se rappelle avec beaucoup de malice que les viticulteurs n’étaient pas rassurés : « ça coûte cher un enjambeur… ».

Aujourd’hui, Sellig est fier du produit final mais il peut également témoigner que même avec « le meilleur enjambeur du monde, rien ne remplacera l’humain pour créer de bons vins ».