Transmissions et installations
« Avant tout, l’humain »

Publié par Cédric Michelin
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Le 15 octobre, l’APCA, le réseau des chambres d’Agriculture de France organisait en Saône-et-Loire un voyage pour les médias nationaux. Le but était de leurs montrer plusieurs exemples de transmission et d’installation en agriculture. Première halte au Gaec du Confluent à Charnay-les-Chalon, chez Adrien Verot et Sébastien Calvo. Le premier ayant repris le Gaec familial et le second s’étant associé en hors cadre familial pour trouver un nouvel équilibre économique et « humain ».
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En Bourgogne, 3.135 exploitants ont entre 57 et 61 ans. En face, seulement 900 repreneurs potentiels se manifestent au Point accueil installation chaque année. La Saône-et-Loire agricole enregistre 250 départs en retraite par an. Encore une fois, seul 105 installations ont pu être aidées (en CDOA) en 2014, principalement faute de candidats. D’ailleurs, 25 % des installations en Bourgogne sont aujourd’hui le fruit d’hors cadres familiaux. C’est dire à quel point le sujet des transmissions et des installations est capital. Un besoin de communiquer est plus que jamais nécessaire. « C’est un sujet important qui nous préoccupe quotidiennement », résumait d’emblée le président de la chambre régional d’agriculture, Christian Decerle, devant le préfet de Saône-et-Loire et Guy Vasseur, le président de l’APCA.

Partager les responsabilités



A Charnay-les-Chalon, le Gaec du Confluent à l’avantage de présenter plusieurs cas de figure. Une transmission familiale et une installation d’un ex-ouvrier. L’ancien gestionnaire, Jacques Verot a transmis son exploitation - fin 2013 – a son fils, Adrien, qui lui s’était installé sur la ferme en 2005. En 1976, Jacques développe la ferme de son père pour passer de 25 ha et 6 laitières à aujourd’hui, 184 ha et une soixantaine de laitière (130 bêtes au total). Sa femme, conjointe-collaboratrice, toujours en activité mais prochainement à la retraite, s’occupant de la traite et de la comptabilité. « Les bâtiments – dont la salle de traite (200.000 €) – étaient amortis. On a fait la liste du matériel, des bâtiments, des terres… et on a pris le prix le plus bas : soit 460.000 € », se rappellent Jacques et sa femme, au moment de vendre les parts sociales à leurs fils. Les terres n’en faisant pas partis. Rachetant des parts à sa sœur, « il a fallu baisser le salaire » prévu dans les plans, se souvient ce jeune diplômé du lycée de Fontaines qui a rapidement construit une stabulation pour atteindre les 500.000 l de quota de lait annuel. Sa jeune épouse est embauchée à mi-temps par le Gaec pour faire la comptabilité. Mais « pour que ce ne soit pas le bagne » en terme d’astreintes et de travail, Adrien se met vite à la recherche d’un associé, « plutôt qu’un salarié », pour bien partager les responsabilités. En allant à des réunions de la chambre d’Agriculture, ils découvrent que des stages « de parrainages » sont possibles. Ce qui est intéressant pour se connaître en situation réelle…

Un stage pour se connaitre



Car prime « avant tout l’humain » pour toutes formes d’installation, répète partout Gaël Pellenz, conseillé transmission à la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire qui a suivi ce dossier. L’économie et le juridique étant les deux autres clés du succès. Sébastien Calvo le savait que trop bien, lui qui sort du milieu industriel. Son choix de vie, il l’a toujours vu dans l’agriculture pourtant. Il décide à 35 ans de faire un contrat de formation (CIF) et passe son BPREA. « Pour un hors cadre, arrive vite la problématique d’accès au foncier », regrette-t-il. Il s’inscrit alors au répertoire installation « en céréales ». Cela tombe bien car Adrien Verot est « plus laitier », sourit-il. Un bon complément donc. En 2014, après deux stages (aidés financièrement) de 6 mois sur l’exploitation, Sébastien s’installe au sein du Gaec du Confluent (47 %). « Les stages ont permis de négocier plus sereinement. De façon moins abrupte que s’il avait fallu négocier l’entrée dans le Gaec dès le départ », reconnaissent les deux associés.

« Je le referais »



Car les sommes en jeu sont conséquentes. Les parts sociales ayant été réévaluées entre temps. Les deux associés prélèvent chacun 2.500 € par mois dont 1.500 € servent à rembourser le capital. Pas évident tout le temps avec la volatilité des cours du lait et des céréales. Sébastien Calvo note que sa « banquière était aussi celle du Gaec et savait que la société était viable. Cela joue beaucoup » pour obtenir les prêts. Dans son cas, 180.000 € de prêt bonifié sur 12 ans, sans oublier la prime régionale (8.000 €) et une dotation (DJA de 10.600 €). « Malgré les esprits chagrins, le partenariat avec les JA marche très bien », rajoutait Guy Vasseur, président de l’APCA. En France, les autres secteurs d’activité (artisanat, commerce, services, industrie) sont largement moins aidés lors de la transmission de société et installation.
Au final, « à refaire, je le referais » conclut Sébastien avec un regard complice en direction d’Adrien et de ses parents, qui lui ont tous les trois, permis de réaliser son rêve d’être agriculteur. Désormais, d’un commun accord, Adrien et Sébastien envisagent à l’avenir d’investir dans une nouvelle stabulation « pour libérer du temps » et du travail et ainsi pouvoir profiter d’avantage de leurs familles respectives.