Renouvellement des générations en Agriculture
Plus que jamais la priorité !

C’est dans le Jura que les Jeunes agriculteurs organisaient leur traditionnelle session consacrée au renouvellement des générations. Celle-ci s’est tenue les 31 janvier, 1er et 2 février. Retour sur les enseignements.
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Les Jeunes agriculteurs du Jura organisaient à Champagnole la session RGA (Renouvellement des générations en Agriculture, véritable temps fort du réseau national JA. Plus de cent-cinquante responsables JA venus des treize régions françaises se sont ainsi réunis pour travailler sur le thème "Où acquérir les compétences indispensables pour être chef d’entreprise agricole ?".
Ce rendez-vous annuel est le lieu privilégié pour échanger entre échelons sur l’installation et la transmission.
Dans un premier temps, quelques points d’actualité ont été abordés : 4e modulation de la DJA, appels à projet nationaux sur le Point accueil Installation, la transmission ou encore les stages à l’étranger, mais également let rappel du projet de mandature de l’équipe RGA des JA National. Ce projet vise à renforcer le financement et les aides à l’installation, à mettre en place un accompagnement humain et financier à la transmission, à améliorer l’accompagnement des candidats à l’installation, à renforcer la légitimité des JA sur le dossier Installation et la promotion des métiers.

Dans le vif du sujet


Au programme de la première soirée : une table ronde en deux séquences. La première partie réunissait le Réseau Entreprendre et le Réseau France Initiative qui accompagnent des projets dans des domaines extérieurs à l’agriculture. L’objectif était de découvrir et de mieux connaître l’accompagnement à l’émergence de projets d’entrepreneuriat et les compétences du chef d’entreprise dans d’autres secteurs. Le deuxième temps a permis de rappeler l’historique de la mise en place du PPP, le Plan de professionnalisation personnalisé), rappel réalisé par Philippe Monnet, qui était le vice-président RGA de 2006 à 2008. Ce deuxième temps a aussi été l’occasion de présenter les résultats d’une enquête sur les compétences des jeunes installés en agriculture, de s’interroger sur la préconisation des formations dans le cadre du PPP et sur le suivi post-installation.
On est entré dans le vif du sujet le deuxième jour avec des ateliers de travail ayant pour but de déterminer les compétences indispensables du chef d’exploitation, d’identifier les compétences à acquérir en formation initiale, dans le PPP et en suivi post-installation, de définir comment mieux préconiser les formations PPP, de proposer des actions pour inciter au suivi post-installation et de définir quel suivi post-installation (individuel, collectif, conseils, analyse, échanges, formations).

Se poser les bonnes questions


Pour Alexandre Saunier, responsable installation aux JA de Saône-et-Loire, « ces ateliers de travail permettent des échanges riches avec les autres régions ».
Après la mise en place du PPP qui faisait suite au rapport d’orientation des JA de 2006, le moment est venu de faire le bilan du dispositif d’accompagnement. Et il est positif : le PPP répond en effet aujourd’hui aux objectifs de professionnalisation et de personnalisation fixés à l’époque. Cependant, « nous avons tous la volonté de faire évoluer le dispositif PPP pour que les jeunes soient encore mieux armés pour s’installer. Plusieurs régions s’interrogent, comme nous le faisons d’ailleurs, sur la redéfinition du rôle des professionnels dans le dispositif », poursuit Alexandre Saunier. En sortant des ateliers, « on se dit qu’à court terme, on a des possibilités pour améliorer le dispositif. Sur la formation initiale, c’est plus compliqué ; cela prendra plus de temps ».
Cette journée s’est terminée par des échanges autour des projets en cours sur la promotion des métiers : il y fut question du rapport moral des JA actuellement en cours de débat et de construction qui sera présenté lors du prochain congrès national en juin et qui porte sur la communication ; il fut aussi question de la relance du dispositif "Demain, je serai paysan".

Sans oublier l’actualité !


La dernière journée a commencée par un groupe de travail sur la stratégie de communication sur le métier d’agriculteur dans le cadre de la semaine RGA (lire encadré ci-dessous). Des idées innovantes sont ressorties de ce groupe comme, par exemple, celle de créer des vidéos pédagogiques pour expliquer les activités des agriculteurs au quotidien sous forme de calendrier des travaux en fonction des productions ou organiser des interventions après d’élèves d’écoles primaires autour de l’alimentation. Il a été rappelé l’importance des interventions en classe pour faire déguster des produits locaux aux élèves ou celles visant à recevoir des enfants sur une exploitation pour leur montrer comment sont produits leurs aliments.
La journée s’est poursuivie en salle plénière en présence de Julien Barre du ministère de l’Agriculture pour répondre aux nombreuses questions du réseau. Il fut ainsi interpellé sur de nombreux points : problématiques nationales (appel à projets, définition de l’agriculteur actif) et régionales (mise en place de la 4e modulation de la DJA et de l’AITA (Accompagnement à l'installation transmission en agriculture), gestion de l’enveloppe PCAE, avenants au Plan d’entreprise pour les jeunes installé depuis le 1er janvier 2015, logiciel Osiris, retards de paiement de DJA, répartition des missions entre région et département, reliquat d’enveloppe Etat dans le cadre du cofinancement Feader…
A cette occasion, le conseiller du ministre a salué le travail des JA sur les filières animales. Jérémy Decerle, président national, a conclu les travaux, rappelant toute l’importance stratégique du renouvellement en Agriculture car, en Agriculture comme ailleurs, une profession qui ne se renouvelle pas est une profession qui se meurt…



Qui fera l'agriculture de demain ?


Pour mettre en avant l’importance du Renouvellement des générations, les JA organisent une semaine nationale de sensibilisation, déclinée localement…
Pour maintenir un renouvellement des générations en agriculture élevé, les JA organisent depuis six ans des forums dans les lycées agricoles, des visites d'exploitation ainsi que des rencontres avec les élus locaux durant une semaine pour sensibiliser un large public à cet enjeu. Du 6 au 10 février, les Jeunes agriculteurs organisaient à ce titre plusieurs événements en région, Bourgogne Franche-Comté.
Les agriculteurs de moins de 35 ans représentent 12,5 % du nombre total des agriculteurs. Et la population des agriculteurs est vieillissante puisque l'âge moyen des chefs d'exploitation est de 49 ans (chiffres issus du recensement 2015 de la MSA).
« Comment imaginer un paysage agricole français demain, sans la présence de jeunes pour se lancer dans ce métier ? Les politiques publiques françaises et européennes en matière d'agriculture et d'environnement doivent avoir conscience de cela, car le futur se construit aujourd'hui », insiste Jérémy Decerle, président des JA.


Pour trois départs en retraite, deux sont remplacés par des installations de jeunes. « La relève n'est pas assurée dans l'agriculture, il faut que l'ensemble de la profession et les pouvoirs publics s'en préoccupent davantage », précise Jérémy Decerle, inquiet.

L'engouement pour les formations agricoles où le nombre d'inscrits est en hausse montre que le problème en France n'est pas le manque de candidats. Les freins à l'installation sont nombreux : difficulté d'accès aux terres, aux financements, alors que les investissements requis sont parfois lourds, démarches administratives perçues comme fastidieuses. Il existe pourtant un accompagnement des porteurs de projet qui prouve son efficacité et qui continue de s'adapter aux besoins de plus en plus diversifiés des jeunes. Il faut en faire la promotion !