Cave de Lugny
Record sur record !

Publié par Cédric Michelin
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Une nouvelle fois, la Cave de Lugny a annoncé un nouveau record de chiffre d’affaires, le 23 février à Saint-Gengoux-de-Scissé. Malgré les pertes de volumes, compensés par les VCI, la montée en gamme des vins semble avoir atteint son objectif. Cherchant à stabiliser ses prix, la cave mise désormais sur les crémants, avec prochainement la création d’une marque forte. Des cuvées bio pourraient aussi bientôt voir le jour. Les régionales ne sont pas délaissées, bien au contraire, un nouvel exportateur a signé pour développer le marché américain. Quant au projet d’AOC commune Lugny, il avance en parallèle, tout comme les cuvées sous lieux-dits.
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36,5 millions d’€ (M€) sur l’exercice 2015/2016 contre le précédent record de 35,6 M€ de chiffre d’affaires. Le plus impressionnant est sans doute, la « hausse sensible » (+1,3 point) du taux de marge global, notait Emmanuel Meunier, lequel présentait les comptes de la Cave de Lugny.
Après des récoltes 2012 et 2013 toutes deux en retrait, les récoltes 2014 et 2015 ont permis de reconstituer les stocks. Et la récolte 2016 - qui s'élevait à 80.124 hl (contre 69.538 hl) - permet d’envisager l’avenir avec une certaine sérénité. Pour régler ces apports, 23 M€ ont été versé aux coopérateurs, sans compter les compléments de prix (2014 et 2013) et les primes. Si les coûts de production - vinification notamment - demeurent « stables », les charges de fonctionnement au global sont en hausse du fait, notamment, de la rénovation de la cuverie Florière qui sera inaugurée lors des portes ouvertes des 13 et 14 mai à l’occasion des quatre-vingt-dix ans « de nos caves ».

De nombreux projets


Réélu administrateur à l’unanimité à l’issue de l’assemblée générale, le président, Marc Sangoy, félicitait donc l’ensemble des coopérateurs et le personnel pour avoir mis, ensemble, la cave « sur la bonne voie ». Mais il ne cachait cependant pas les défis qui attendent la coopérative, à commencer par l’installation de jeunes vignerons. Et dans ce contexte de marchés porteurs, il n'est pas évident pour la coopération d’attirer comme avant. Pour lui, à long terme, « le danger, c’est l’atomisation du marché, non pas celui des bouteilles, mais bien celui du vrac, ce qui pose question à la coopération ». La meilleure réponse étant les projets valorisants et novateurs au sein de la cave, il annonçait ainsi le lancement de deux nouvelles cuvées, l’avancée du dossier de reconnaissance de l’AOC communale Lugny, le travail autour du label VDD, la rénovation de la cuverie, les réflexions autour d’un "domaine" ou de cuvées AB, la rénovation du magasin de vente ou encore l’expérimentation de l’Internet des objets (Winecloud) avec Vitagora, Orange et plusieurs starts-ups. Il y en a pour tous les goûts, y compris en dehors du métier de vigneron. Des choix passionnants qui permettent à tous de conserver une certaine souplesse en terme de qualité de vie avec sa famille et ses ami(e)s...

Montée en gamme trop rapide ?


Avec autant d’activités, la gestion est forcément primordiale. Le directeur, Edouard Cassanet, revenait donc à la base de toutes les réflexions : la valorisation des apports. « La courbe monte sur les quatre cépages. C’est très satisfaisant. Tout l’enjeu est de rester à ces niveaux », expliquait-il, semblant confiant pour cette année sur la stabilité des cours du vrac au négoce. Sur l’exercice clos au 31 août 2016, les ventes vrac avaient été « dans la normale » à 39.300 hl. La « déception », toute relative, pour le directeur provenait des ventes bouteilles à hauteur de 40.703 hl. Malgré ce bon ratio 50/50, « on voulait progresser mais cela n’a pas été possible ». La faute à un « début d’année très mou » en grande distribution comme à l’export. Belgique et Australie n’ont en effet pas commandé comme d’habitude. Depuis, les chiffres sont revenus à la normale. Mais une autre raison est à chercher du côté de la "montée en gamme" collective des vins de Bourgogne. Ainsi, par exemple, en Belgique, les vins AOC mâcon chardonnay de la cave de Lugny se sont-ils retrouvés « avec des niveaux de prix consommateurs talonnant les AOC saint-véran ou viré-clessé, créant une incompréhension des clients. Cela doit nous amener à réfléchir aux conséquences qui en résultent, mais aussi en ce qui concerne la future AOC Lugny ». Un succès qui pousse donc à réfléchir bien au-delà de la seule cave de Lugny laquelle entend de continuer à être moteur dans bien des secteurs…


Bientôt une marque « forte » en crémant

Faisant suite à un séminaire de réflexion, la cave de Lugny s’est donnée pour objectif de développer ses ventes de crémants de Bourgogne à l’horizon 2020. Les coopérateurs sont donc invités à répondre à un questionnaire pour connaître leurs projets en la matière à l’avenir, sachant que la cave a produit 17.000 hl de vins de base crémant cette année, proche de son record de 18.000 hl. En fonction des réponses, la cave s’adaptera « en terme d’investissements », anticipait Isabelle Meunier qui évoquait également la possibilité à terme de « proposer de la prestation de services (embouteillage, dégorgement…), y compris aux coopérateurs comme le fait, par exemple, la Cave de Bel Air qui s’occupe du ramassage et des équipes vendangeant à la main ». En parallèle, la cave a réalisé une « grande enquête » sur les ventes de crémants. « Contrairement aux vins tranquilles se vendant à travers les AOC, les crémants se vendent à travers l’univers particulier des marques », insistait Marjorie Brayer, responsable Marketing. D’ici peu, elle « dévoilera » donc des pistes pour « être en phase » avec cette attente des clients. Le but étant de valider rapidement le projet pour être opérationnel « dès janvier 2018 avec un vrai lancement de marque et sa commercialisation ». Et pour son positionnement, les cuvées "Eminent" et "Grand éminent" seront des premiers « leviers prestigieux » pour cette nouvelle marque.




Des VCI pour consolider la stratégie


Depuis les quatre dernières récoltes, la cave enregistre des VCI en augmentation, passant de 622 hl en 2013 à 6.337 hl en 2016. Au total, le stock VCI représente 12.166 hl. « C’est un matelas en cas de pépin et qui permet une meilleure projection commerciale, en minimisant les à-coups » sur les prix, se réjouissait le directeur. Car en face, les marchés restent incertains (Brexit, Trump, terrorisme…). Reste que « les cavistes et les clients exports ne nous demandent plus de baisse. C’est une année charnière » pour stabiliser la montée en gamme, faisait-il comprendre. Et le VCI le permet à court terme, même en cas de nouveaux aléas à la production. Une sécurité pour tous....