Union des producteurs de Saint-Véran
L’inquiétude et la joie

Publié par Cédric Michelin
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Le 28 avril à Davayé, l’Union des producteurs du cru saint-véran tenait son assemblée générale. Malgré un exercice particulièrement positif, les esprits étaient encore tournés vers les conséquences de l’orage de grêle qui a frappé l’appellation le 13 avril. S’il est trop tôt pour quantifier précisément les dégâts, et attendant encore la fin des gelées de printemps en cours, les vignerons peuvent néanmoins se réjouir d’un millésime 2015 qualitatif pour maintenir la dynamique collective. Une dynamique qui se matérialisera en janvier 2018 par un superbe événement bacchique…
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« Si parfois la “phrase” sous le nom d’une appellation est due au “hasard”, là il n’en est rien sous notre Saint-Véran : "les couleurs du blanc”, cela à été réfléchi et résume bien notre diversité de terroirs et notre diversité de cuvées. Si cela peut paraître une contrainte, au contraire, c’est un avantage à exploiter plus loin en vue des premiers crus ». Le nouveau président de l’Union, Kevin Tessieux, a beau être jeune, Lyonnais et tout juste (4 ans) installé au Domaine des deux Roches, il n’en a pas pour le moins le sens de la formule concise, précise et mobilisatrice. Au sein du bureau, il peut compter sur un savant mélange d’expérience et de jeunesse pour faire avancer les dossiers que porte l’Union. « Ensemble », répétait-il plusieurs fois comme leitmotiv. Car avec son regard “neuf”, il sait aussi que l’appellation saint-véran souffre d’un « déficit de notoriété ». L’Union travaille donc actuellement avec l’interprofession sur l’image du cru et son positionnement global -en lien avec les autres AOC bourguignonnes- pour ensuite pouvoir communiquer sur les valeurs « qui font l’appellation ».

Les potentiels premiers crus bientôt présentés


Ce qui ne devrait pas être trop compliqué tant les fondamentaux sont bons. Pour preuve, le classement des parcelles en premier cru avance, se réjouissait Pierre Beaubernard, en charge de la commission. La révision de l’aire de production par l’INAO est en cours. Ce “toilettage” retirera notamment les « maisons, voiries, jardins… » délimités « mais qui ne peuvent produire de vin ». La commune de Saint-Amour a également été sortie de l’aire géographique de l’appellation.
Reste surtout après à « vérifier toutes les parcelles » de l’appellation. Ce travail réalisé avec l’INAO va s’accélérer désormais puisque le dossier des premiers crus de pouilly-fuissé « arrive au bout ». Ainsi, les climats de Saint-Véran susceptibles d’être classés pourraient être présentés « dès la fin de l’année ». En attendant, les vignerons sont invités à participer aux réunions et à déposer sur une base de donnéesweb -créée et gérée par l’Union- les documents “complets” (revue de presse…) démontrant la notoriété historique de chaque cru que ne manquera pas de réclamer prochainement l’Institut national.

Hausse des ventes bouteilles


L’Union fait déjà la promotion de l’appellation via des opérations collectives de communication. Le vice-président, Sylvain Paturaux, les listait : à la Fête des crus du Beaujolais en tant qu’invité d’honneur à Saint-Amour l’an dernier ; à la fête des Grands vins de Bourgogne à Beaune ; lors de la distinction du cru avec Viré-Clessé ; avec une opération “média” lors des Grands jours de Bourgogne ou encore avec une dégustation pour le magazine Bourgogne Aujourd’hui. Autant de retombées indirectes qui s’ajoutent au marketing direct (publicité, carte postale, roll-up, twitter…). Le prochain site web devrait aussi être « bouclé pour fin 2016 » et proposer une carte interactive de l’appellation.
Cela se ressent sur les sorties de propriétés. Les derniers chiffres du BIVB sur six mois de campagne montrent que les ventes bouteilles « continuent de progresser de façon régulière ». Avant la grêle et les gelées, les volumes de transactions (sur 8 mois pour la campagne 2015/2016) enregistraient -23 % (12.543 hl) mais avec des cours encore en « augmentation » à 1.040 €/pièce de moyenne. Sur la dernière campagne, les 270 adhérents de l’Union ont exploité 724 ha et récolté 45.217 hl. 1.457 hl de VCI ont été constitués (3 % du total). A l’heure actuelle, les saint-vérans + noms de climat représentent 155 ha et 19 % des volumes.

Grêlés mais pas coulés


Avec 62,45 hl/ha de rendement moyen, « ce n’est pas si mal », relativisait Jérôme Jeandin dans son rapport technique. Le millésime 2015 était en effet mal engagé en terme de volume avec la sécheresse. Les pluies sont tombées piles pour permettre un millésime « de qualité ». Une qualité contrôlée -en interne et en externe- par l’Union et par Siqocert. La commission a réalisé des modifications « mineures » sur le plan de contrôle (enregistrement température ou hygrométrie dans les locaux…) et abandonné sa demande de changer la date de la mise à la consommation qui reste fixée au 15 février. Une dérogation est toujours possible par millésime « car en 2017 on risque de ne pas aller loin avec les vins de 2016 ». Une allusion au « violent » orage de grêle du 13 avril qui a touché une « grosse » partie de l’aire d’appellation : « en totalité » (95 %), les parcelles sur Leynes, Chasselas, Saint-Vérand, Davayé et « “moins” » (70 à 80 %) sur Chânes et Prissé.
Si l’appellation est « sévèrement touchée » reconnaît le président, le cru « va essayer d’encaisser » le choc et peut -pour cela- compter sur la « solidité d’une équipe ». Kevin Tessieux encourageait donc chacun à poursuivre « l’élan » et la « montée en gamme des cuvées parcellaires ». « Depuis 5 ans, l’appellation saint-véran présente un large panel de vins et n’a pas à rougir lorsqu’on entend les nombreux retours positifs », concluait-il.


D’abord Mercurey et ensuite…


“Obligé” de demander l’avis de l’Union lors de l’assemblée, Kevin Tessieux révélait que Saint-Véran s’était porté candidat et a obtenu de la Confrérie des chevaliers du Tastevin le droit d’organiser la Saint Vincent tournante de Bourgogne en 2018. « On s’y prend à l’avance car cela va prendre du temps », prévenait-il. Des commissions sont déjà en place. La plus importante des manifestations vineuses en Bourgogne attire généralement près de 40.000 visiteurs le temps d’un week-end en janvier. Le lieu est déjà choisi. « Prissé sera la commune d’accueil », expliquait le président en toute transparence, en raison de ses infrastructures existantes « pour les différents repas et confréries venant ce jour là », ainsi que pour des questions de sécurité. L’Union rassurait : « on fera en sorte que tous les villages soient bien représentés », ainsi que le Grand site de France. Après Mercurey en 2017, le vignoble de Saône-et-Loire sera une nouvelle fois mis à l’honneur. Ce sera même la première fois pour une appellation communale du Mâconnais après la très belle réussite de la Saint-Vincent tournante de Mâcon en 2009.