Exportations de céréales
La logistique, un levier essentiel

En matière de logistique au sein de la filière Céréales française, le "tout camion" est révolu même si ce mode de transport représente encore plus de 40 % du trafic. Les ports céréaliers optent de plus en plus pour le plurimodal…
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A l’international, la compétitivité de la France sur les marchés mondiaux se joue sur la capacité de ses négociants, de ses entreprises spécialisées et de ses coopératives à collecter –dans toutes les fermes– les céréales produites pour intégrer l’ensemble des producteurs dans les échanges commerciaux. Mais que ce soit par route, par rail ou par voie navigable ou encore dans les ports, traiter une offre massique de grains est un facteur de compétitivité déterminant. Et plus les quantités transportées sont importantes, moins le coût d’acheminement pénalise les prix de vente des récoltes à la sortie de ferme.

Réduire les goulots d’étranglement


Au port de Dunkerque, les berges ont été creusées ces derniers mois pour recevoir des navires plus importants. « En deux ans, le port de Dunkerque a doublé ses chargements de céréales », se réjouit Dominique Lammin, chargé d’affaires et relations publiques au port, « et cela, sans avoir eu besoin d’investir dans de nouvelles capacités de stockage et d’affrètement. Les infrastructures en place ont été utilisées à plein régime ».
Dans les bassins céréaliers, la SNCF rénove depuis quelques années des lignes capillaires pour connecter les points de collectes de céréales aux voies ferroviaires principales.
Qu’ils soient ferroviaires ou maritimes, l’ensemble de ces investissements logistiques vise à réduire les goulots d’étranglement qui entravent la circulation des marchandises.
A cet égard, le projet de construction du futur canal Seine-Nord de grand gabarit, qui connectera l’Oise au canal Dunkerque-Escaut, est emblématique. Sur 106 kilomètres, il reliera le port du Havre au Benelux. Le projet qui ressort régulièrement visant à relier la Saône au Rhin le serait tout autant, si ce n’est plus encore…

Développer la logistique par le trafic


Dans ce contexte, le "tout camion" est révolu même si ce mode de transport représente encore plus de 40 % du trafic. A Metz, les convois par train redémarrent et, à Dunkerque, le fret par voie fluviale s’accroît. Dans la région Haut de France, l’élargissement progressif des canaux permettra aux péniches de 135 mètres comme aux convois d’avoir accès à l’ensemble des voies navigables. Et sur la Moselle, le doublement des écluses garantira un trafic toute l’année.
A l’export, l’expédition des céréales est complètement intégrée dans l’activité commerciale des ports. Mais les plus compétitifs sont les plus diversifiés pour assurer un trafic régulier tout au long de l’année. Ne pas revenir les calles ou les remorques à vide reste une priorité pour les péniches pour minimiser les frais d’affrètement des céréales vers les pays destinataires !
« Il faut oser le multimodal », défend Jacques Kopff, directeur des Ports de Moselle. Bien inférieurs en volumes traités, ces ports n’en sont pas moins attractifs. Reliés au Benelux, à l’Allemagne comme à Anvers et à Rotterdam via le Rhin et l’Escaut, ils sont de mieux en mieux desservis par voie terrestre. Récemment une ligne de train Metz-Dunkerque a ainsi été ouverte. De Metz, les péniches livrent les céréales françaises au nord de l’Europe et elles reviennent chargées de charbon pour approvisionner les centrales électriques allemandes avant de revenir à leur port d’attache pour de nouvelles cargaisons. Reste que les centrales allemandes devraient fermer dans quelques années. Aussi, les ports de Metz développent-ils d'ores et déjà des activités connexes, en combinant transport de céréales et "break bluk" (des marchandises non utilisées en conteneurs, des palmes d’éoliennes par exemple). A Dunkerque, le port importe des engrais et du soja pour ensuite être réacheminés par trains, par camions ou par péniches vers l’intérieur du pays. Pour les céréales, le port dunkerquois étoffe aussi ses services pour mieux valoriser les grains expédiés. Un séchoir ramène à 13 % le taux d’humidité des grains livrés et de nouveaux silos ont été construits (capacité totale de 330.000 tonnes).



Le retour de l'écotaxe ?


Selon des experts de Négoce Nord-Est, l’écotaxe reviendra d’actualité tôt ou tard pour financer, avec des ressources spécifiques, une partie des travaux de modernisation des réseaux de transport. A ce jour, de nombreux poids lourds étrangers empruntent en effet le réseau routier français pour ne pas avoir à s’acquitter de taxes en Allemagne ou en Suisse par exemple…