Blés 2014
La plupart des débouchés préservés

Publié par Cédric Michelin
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Les premières analyses effectuées par Arvalis et FranceAgriMer confirment une teneur en protéines équivalente à celle de 2013 et des valeurs technologiques hétérogènes. Dans près de 60% des situations testées, la qualité boulangère est bonne à très bonne.
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« Une année atypique, des récoltes hétérogènes ». C’est ainsi que Rémi Haquin, président du Conseil spécialisé céréales de FranceAgriMer a qualifié, le 10 septembre, les moissons 2014. Si l’organisme public convient que le climat humide de cet été a pu avoir des impacts négatifs sur la qualité des blés, il affirme que la plupart des débouchés seront satisfaits au cours de la campagne 2014/2015. FranceAgriMer a conduit une enquête avec l’institut Arvalis sur 500 échantillons de blé tendre dont les résultats sont plutôt rassurants pour les marchés. Ainsi, les poids spécifiques sont moins décevants que prévu, se situant en moyenne à 76,3 kg/hl, légèrement en dessous des mesures effectuées en 2013 (77,6 kg/hl). Côté protéines, les teneurs sont comprises selon les régions entre 10,3 % et 13,3 %, avec un niveau moyen de 11,1 % équivalent à celui de 2013, avec un point de rendement de plus que l’année passée (75 q/ha contre 74 q/ha). Les analyses confirment cependant que les indices de chute de Hagberg ne sont pas bons dans l’ensemble. Ce paramètre n’est supérieur au seuil de 220 secondes que dans 46 % des cas. « Mais 65 % de la collecte atteint les 170 secondes, régulièrement appliqué comme seuil de refus contractuel », tempère Benoît Méléard, ingénieur chez Arvalis. Et de rajouter « des tests de panification conduits en début de récolte ont montré qu’il était possible de réaliser du pain avec un blé à 140 secondes ». C’est ce qui permet à Arvalis et FranceAgriMer de conclure que dans 59 % des situations testées, la qualité boulangère des blés est bonne à très bonne cette année.


Exportations vers les pays tiers en baisse



Cette diversité qualitative qui a obligé les organismes stockeurs à mettre en place une politique d’allotement rigoureuse, devrait pénaliser les exportations, a indiqué Olivia Le Lamer, chef de l’unité Grandes cultures de FranceAgriMer. Première indication, au 1er septembre, le cumul des embarquements vers les pays tiers depuis les ports français atteignait 1,17 million de tonnes (Mt), en baisse de 17 % par rapport à 2013 à la même date et de 1 % par rapport à 2012. Les achats algériens (0,5 Mt au 5 septembre) et ceux des pays d’Afrique subsaharienne (près de 0,6 Mt) restaient prédominants. Les exportations en direction de Cuba avaient doublé par rapport à la même période de l’année dernière (100.000 t contre 50.000 t). Enfin 60.000 t de blé tendre avaient pris, début septembre, le chemin de l’Égypte, même si le plus gros importateur mondial de blé préfère comme en 2013/2014 s’approvisionner en Roumanie (780.000 t) et en Russie (650.000 t). Au final, durant la campagne 2014/2015, la France devrait exporter vers les pays tiers 8 Mt de blé tendre, pronostique FranceAgriMer, contre 12,2 Mt en 2013/2014 et 9,9 Mt en 2012/2013. L’organisme public prévoit par ailleurs des exportations françaises vers l’UE en hausse (8,1 Mt contre 6,8 Mt) et une utilisation plus importante par les fabricants d’aliments du bétail (5,1 Mt contre 4,4 Mt). Le stock de report a été alourdi de 1,555 Mt à 3,902 Mt, soit le niveau le plus haut depuis 12 ans.




Marché lourd pour l’orge et le maïs



Le bilan orge serait alourdi par une collecte en hausse de quelque 900.000 t, à 9,4 Mt, des utilisations par l’alimentation animale en baisse de 200.000 t à 1 Mt. De meilleures perspectives d’exportation vers l’UE à 3,6 Mt et les pays tiers pour 2 Mt, corrigent partiellement ces chiffres, mais ne permettent pas d’éviter une prévision de stock final de 1,5 Mt, en hausse de 43 % sur l’an dernier. Le bilan est plus lourd encore pour le maïs avec une collecte prévue à 14,1 Mt, en hausse de 13 %, des utilisations par les fabricants d’aliments du bétail en baisse de quelque 400.000 t, à 3,1 Mt. Une augmentation des prévisions d’exportations vers l’UE de 10 %, avec 5,2 Mt n’empêcherait pas une hausse considérable, + 65 %, du stock de report envisagé à 3,86 Mt. Dans ce contexte pléthorique, le blé dur fait figure d’exception. Avec une collecte en baisse de 400.000 t, à 1,43 Mt et malgré une forte estimation de réduction des exportations de 500.000 t, à 1,6 Mt, le report serait insignifiant : 25.000 t.




Un coût de production de 200 €/t



Le coût de production du blé tendre a atteint en moyenne 200 €/t pour la récolte 2014, contre 209 €/t pour la récolte 2013. Un chiffre établi sur la base de l’observatoire Arvalis-Unigrains à partir des données de CerFrance. Le seuil de commercialisation (coût de production - aides PAC) ou prix d’intérêt, s’élève quant à lui à 165 €/t, proche de son niveau de 2013. Dans cet observatoire, le rendement approche les 8,2 t/ha et les charges à l’hectare sont en baisse de 50 € par rapport à la récolte 2013 à 1 640 €/ha. Mais c’est 50 €/ha de plus que la moyenne quinquennale 2009/2013. « Tous ces éléments combinés à un prix de marché non encore défini laissent entendre une année avec un revenu en forte baisse pour les exploitations de grandes cultures », conclut Benoît Pagès, du pôle économie d’Arvalis.




Sous le signe de l’abondance



Le ministère de l’Agriculture a publié, le 9 septembre, ses estimations de production de grandes cultures pour 2014. Dans pratiquement tous les secteurs, les productions sont annoncées en hausse, parfois très importantes. Ainsi, la production de blé tendre est portée à 37,5 Mt en hausse de 200 000 t sur les prévisions d’août. La production d’orge est maintenue à 11,6 Mt, celle de maïs grains (hors semences) revue en hausse de 600.000 t, à 16 Mt, 9 % de plus que l’an dernier. En revanche, la production de blé dur baisserait de 15 % par rapport à l’an dernier, avec 1,5 Mt. L’estimation colza est peu modifiée, à 5,57 Mt. La production de pomme de terre de conservation atteindrait 5,7 Mt, en hausse de 14 % sur la dernière moyenne quinquennale. On retrouve le même risque de pléthore au niveau européen. Le NEPG qui représente les cinq grands pays producteurs de l’UE (Allemagne, Belgique, Grande-Bretagne, France, Pays-Bas) prévoit que ces pays devraient établir un record de production à 27 Mt, le précédent datant de 2011 avec 26,8 Mt, conséquence d’une hausse des surfaces, dans cette zone, de 3,1 % et des rendements en progression de 8,7 %.