Blés 2014
La plupart des débouchés préservés
Exportations vers les pays tiers en baisse
Cette diversité qualitative qui a obligé les organismes stockeurs à mettre en place une politique d’allotement rigoureuse, devrait pénaliser les exportations, a indiqué Olivia Le Lamer, chef de l’unité Grandes cultures de FranceAgriMer. Première indication, au 1er septembre, le cumul des embarquements vers les pays tiers depuis les ports français atteignait 1,17 million de tonnes (Mt), en baisse de 17 % par rapport à 2013 à la même date et de 1 % par rapport à 2012. Les achats algériens (0,5 Mt au 5 septembre) et ceux des pays d’Afrique subsaharienne (près de 0,6 Mt) restaient prédominants. Les exportations en direction de Cuba avaient doublé par rapport à la même période de l’année dernière (100.000 t contre 50.000 t). Enfin 60.000 t de blé tendre avaient pris, début septembre, le chemin de l’Égypte, même si le plus gros importateur mondial de blé préfère comme en 2013/2014 s’approvisionner en Roumanie (780.000 t) et en Russie (650.000 t). Au final, durant la campagne 2014/2015, la France devrait exporter vers les pays tiers 8 Mt de blé tendre, pronostique FranceAgriMer, contre 12,2 Mt en 2013/2014 et 9,9 Mt en 2012/2013. L’organisme public prévoit par ailleurs des exportations françaises vers l’UE en hausse (8,1 Mt contre 6,8 Mt) et une utilisation plus importante par les fabricants d’aliments du bétail (5,1 Mt contre 4,4 Mt). Le stock de report a été alourdi de 1,555 Mt à 3,902 Mt, soit le niveau le plus haut depuis 12 ans.
Marché lourd pour l’orge et le maïs
Le bilan orge serait alourdi par une collecte en hausse de quelque 900.000 t, à 9,4 Mt, des utilisations par l’alimentation animale en baisse de 200.000 t à 1 Mt. De meilleures perspectives d’exportation vers l’UE à 3,6 Mt et les pays tiers pour 2 Mt, corrigent partiellement ces chiffres, mais ne permettent pas d’éviter une prévision de stock final de 1,5 Mt, en hausse de 43 % sur l’an dernier. Le bilan est plus lourd encore pour le maïs avec une collecte prévue à 14,1 Mt, en hausse de 13 %, des utilisations par les fabricants d’aliments du bétail en baisse de quelque 400.000 t, à 3,1 Mt. Une augmentation des prévisions d’exportations vers l’UE de 10 %, avec 5,2 Mt n’empêcherait pas une hausse considérable, + 65 %, du stock de report envisagé à 3,86 Mt. Dans ce contexte pléthorique, le blé dur fait figure d’exception. Avec une collecte en baisse de 400.000 t, à 1,43 Mt et malgré une forte estimation de réduction des exportations de 500.000 t, à 1,6 Mt, le report serait insignifiant : 25.000 t.
Un coût de production de 200 €/t
Le coût de production du blé tendre a atteint en moyenne 200 €/t pour la récolte 2014, contre 209 €/t pour la récolte 2013. Un chiffre établi sur la base de l’observatoire Arvalis-Unigrains à partir des données de CerFrance. Le seuil de commercialisation (coût de production - aides PAC) ou prix d’intérêt, s’élève quant à lui à 165 €/t, proche de son niveau de 2013. Dans cet observatoire, le rendement approche les 8,2 t/ha et les charges à l’hectare sont en baisse de 50 € par rapport à la récolte 2013 à 1 640 €/ha. Mais c’est 50 €/ha de plus que la moyenne quinquennale 2009/2013. « Tous ces éléments combinés à un prix de marché non encore défini laissent entendre une année avec un revenu en forte baisse pour les exploitations de grandes cultures », conclut Benoît Pagès, du pôle économie d’Arvalis.
Sous le signe de l’abondance
Le ministère de l’Agriculture a publié, le 9 septembre, ses estimations de production de grandes cultures pour 2014. Dans pratiquement tous les secteurs, les productions sont annoncées en hausse, parfois très importantes. Ainsi, la production de blé tendre est portée à 37,5 Mt en hausse de 200 000 t sur les prévisions d’août. La production d’orge est maintenue à 11,6 Mt, celle de maïs grains (hors semences) revue en hausse de 600.000 t, à 16 Mt, 9 % de plus que l’an dernier. En revanche, la production de blé dur baisserait de 15 % par rapport à l’an dernier, avec 1,5 Mt. L’estimation colza est peu modifiée, à 5,57 Mt. La production de pomme de terre de conservation atteindrait 5,7 Mt, en hausse de 14 % sur la dernière moyenne quinquennale. On retrouve le même risque de pléthore au niveau européen. Le NEPG qui représente les cinq grands pays producteurs de l’UE (Allemagne, Belgique, Grande-Bretagne, France, Pays-Bas) prévoit que ces pays devraient établir un record de production à 27 Mt, le précédent datant de 2011 avec 26,8 Mt, conséquence d’une hausse des surfaces, dans cette zone, de 3,1 % et des rendements en progression de 8,7 %.