Viande bovine française
La viande bovine française n'accédera pas avant 2019 au marché chinois

Face à une forte croissance de la consommation de viande bovine, la Chine ouvre son marché à de nouveaux pays exportateurs. Mais le processus d’agrémentation, imposé par le gouvernement chinois, est très complexe, indique FranceAgriMer. De ce fait, la viande bovine française n’aura pas accès au marché chinois avant 2019… au mieux.

La viande bovine française n'accédera pas avant 2019 au marché chinois

En Chine, la production de viande de bœuf reste marginale (7 % de la production totale de viande) et couvre cependant 80 % de la consommation intérieure actuelle. Pour combler son déficit, la Chine a importé 1,8 million de tonnes équivalent carcasse, dont plus de la moitié en provenance d’Inde et du Brésil. Le marché chinois, en forte croissance, est de fait très convoité, mais seuls onze pays exportateurs dans le monde y ont pour l’heure accès. La France n’en fait pas encore partie, pour l’instant !

Les conditions d’accès au marché intérieur sont en effet très rigoureuses. Néanmoins, le gouvernement chinois a conscience de sa nécessité à diversifier ses approvisionnements. Le scandale de la viande frelatée au Brésil a conduit les entreprises à se reporter, dans l’urgence, sur la viande australienne. Toutefois, le gouvernement peine à rendre le processus d’agrémentation plus fluide. Il s’en sert en effet comme d’un instrument politique à l’égard des pays tiers candidats à l’accès au marché chinois. Or, sous sa forme actuelle, il favorise les trafics de viande bovine parallèles, via Hong Kong et le Vietnam, lesquels échappent à tout contrôle.

Encore des étapes à franchir…

Pour la France, la levée partielle de l’embargo lié à l’ESB n’est que la toute première étape d’un long chemin avant d’accéder au marché chinois. La viande bovine française est certes reconnue en Chine pour sa qualité. La campagne promotionnelle d’Interbev - intitulée "French beef, a taste of terroirs" - la promeut comme ambassadrice de la gastronomie française. La traçabilité exemplaire des abats tout au long de la chaîne de transformation et de distribution, rassure les consommateurs chinois. François Blanc, chef de mission à FranceAgriMer, est à ce titre convaincu que le processus d’agrémentation aboutira, mais pas avant 2019. Il intervenait le 14 juin lors de la conférence consacrée aux marchés mondiaux de la viande organisée par l’Institut de l’élevage.

A ce jour, FranceAgriMer est dans l’attente d’un questionnaire portant sur les motivations de la France à vouloir accéder au marché chinois. S’il est rempli en octobre 2017, l’organisme public peut espérer un audit du système sanitaire au cours du premier semestre prochain, soit 2018. S’il obtient ce premier feu vert, s’en suivra un audit des établissements candidats à l’exportation. Ce sera la dernière étape avant d’aboutir à la rédaction de la liste définitive des entreprises qui seront alors habilitées à exporter de la viande bovine vers la Chine.

Construire des unités de transformation ou s’appuyer sur l’intérêt des importateurs locaux de développer des relations commerciales facilitera le processus d’agrémentation. En revanche, la faible dimension des unités françaises d’abattage et de transformation limitera les volumes de viande exportables car la Chine n’agrémente qu’un nombre réduit d’entreprises. Or plus elles sont importantes, plus les quantités exportables seront élevées. Au final, les autorisations commerciales pourraient porter sur des volumes exportables assez faibles bien que la France possède le premier cheptel européen de bovins viande et qu’elle est le 8e producteur mondial.