Diversification
Et pourquoi pas le veau de boucherie ?

Le 10 septembre prochain à partir de 10 heures, une porte ouverte sera organisée dans un élevage de veaux de boucherie à Saint-Nizier-sur-Arroux, lieu-dit « La Planche ». Une production pour laquelle des opportunités sont à saisir en Saône-et-Loire.
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Il y a deux ans, le jeune Pierre Berret a pu s’installer près de l’exploitation allaitante de ses parents en optant pour une production hors-sol de veaux de boucherie. Pour sa deuxième année de fonctionnement, l’atelier donne pleine satisfaction au jeune éleveur avec de bons résultats à la clé. Un exemple de diversification susceptible de sécuriser le revenu des exploitations allaitantes ou bien de permettre une installation là où le foncier manque.

Filière demandeuse


« En Saône-et-Loire, il existe des opportunités en veaux de boucherie avec des filières demandeuses », confirme Véronique Gilles, conseillère d’entreprise à la chambre d’agriculture. Dans un contexte de production française déficitaire par rapport au marché national, la filière a besoin de nouveaux ateliers. La mise en place des normes bien-être animal a fait disparaître des élevages de conception ancienne. En pleine rénovation, la filière a aussi le souci de redéployer une production locale de qualité, répondant aux attentes des consommateurs.
Le département est bien placé pour répondre à ces nouvelles demandes. Bien desservi par de grands axes routiers, il se trouve non loin d’un abattoir spécialisé dans le veau de boucherie, en l’occurrence celui de Saint-Etienne dans la Loire (lire encadré). Plusieurs entreprises souhaitent par ailleurs développer cette production.

Une production bien encadrée


Technique mais moins déroutante pour un éleveur allaitant ou laitier que des volailles ou une production industrielle, le veau de boucherie est une diversification qui mérite d’être mieux connue. Très encadrée, la conduite des animaux bien qu’exigeante, est assez sécurisée. Si l’équipement de départ a un coût, le débouché garantit une rémunération régulière derrière, fait remarquer Véronique Gilles. La technicienne signale également la bonne valeur fertilisante des effluents dans nos zones où les surfaces épandables ne manquent pas.
Le 10 septembre prochain, Pierre Berret témoignera de son expérience en faisant visiter son élevage. Initiatrice de cette journée, Vitagro, filiale Veaux de Sicarev, présentera sa filière, ses débouchés. Les étapes de la création d’un élevage seront également évoquées par les conseillers de la chambre d’agriculture : installation classée, projet bâtiment, plan d’épandage… Avec un buffet à la clé, offert par Vitagro.



Pierre Berret

Des veaux de boucherie en Charollais


A Saint-Nizier-sur-Arroux, Pierre Berret a créé un élevage de veaux de boucherie en pleine zone allaitante. Grâce à cette production hors-sol, le jeune éleveur a pu s’installer malgré l’impossibilité de trouver du terrain près de l’exploitation de ses parents.

Fils d’éleveurs de charolais, Pierre Berret a préféré les veaux aux volailles car ce sont avant tout des bovins. Pour bâtir son projet, le jeune éleveur s’est tourné vers la société Vitagro, filiale de Sicarev. Après avoir visité plusieurs élevages et effectué un stage dans un atelier, le jeune éleveur a opté pour un bâtiment de 260 places qu’il a implanté sur une parcelle appartenant à ses parents. Les veaux sont produits en intégration totale. Vitagro fournit les animaux ainsi que les aliments, les produits vétérinaires, les produits d’entretien… L’éleveur finance quant à lui le bâtiment et son assurance, le gaz pour l’eau chaude, l’électricité, l’eau.


Deux bandes par an


Avec un cycle de production de 23 semaines, l’éleveur nourrit deux bandes dans l’année, entrecoupées d’un vide sanitaire de trois semaines. Le nettoyage du bâtiment nécessite une bonne semaine de travail. A l’arrivée des petits veaux, la première tâche est de les forcer à boire. Toute la famille Berret est alors mobilisée. Le démarrage des 260 veaux représente un gros mois de travail. Prise de sang, vaccination contre la grippe : les manipulations sont nombreuses durant ce laps de temps.

Durant toute leur période de croissance, les veaux de boucherie reçoivent du lait matin et soir. Elaboré à partir de lait en poudre, le repas est préparé automatiquement par une machine programmable. Les veaux reçoivent également un aliment fibreux avec une teneur en protéines de 18 %. D’une cinquantaine de kilos à quinze jours, les veaux donnent des carcasses finales pesant en moyenne 135 kg de viande.

Rentabilité au rendez-vous


Pierre consacre une heure trente matin et soir à la surveillance des animaux. La vigilance se porte plus particulièrement sur les problèmes respiratoires.

Les résultats économiques de ce nouvel atelier sont à la hauteur des espérances. Avec une rémunération moyenne de 120 € par veau qui plus est assez stable, la rentabilité est meilleure que les gros bovins, constatent les éleveurs. Grâce aux veaux de boucherie, Pierre a non seulement réussi à s’installer sans agrandissement, mais ses revenus sont meilleurs qu’ils ne l’auraient été en produisant exclusivement des broutards.




Vitagro

A la recherche de nouveaux éleveurs


Pierre Berret produit ses veaux de boucherie en intégration avec Vitagro, une filiale du groupe Sicarev. Le groupe coopératif - dont fait partie Charolais Horizon - assure en effet la collecte, l’engraissement et l’abattage de veaux de boucherie laitiers. En amont, il achète et collecte en ferme environ 2.000 veaux "naissants" par semaine qui transitent par ses trois centres d’allottement de la Loire, du Cher et de la Mayenne. La filiale Vitagro qui se charge de l’engraissement des veaux dans des élevages intégrés, en absorbe 350 par semaine, essentiellement en région Auvergne, Bourgogne et Rhône-Alpes. Ces veaux sont abattus dans un abattoir spécialisé du groupe Sicarev situé à Saint-Etienne, en l’occurrence Soviber. Cet outil neuf abat aujourd’hui entre 1.200 et 1.300 veaux par semaine, ce qui en fait le cinquième abattoir de veaux au niveau national et le premier sur le Grand Est. Détenant une filière complète du veau de huit jours à la découpe, le groupe Sicarev a la possibilité de planifier la production, ce qui permet de sécuriser le débouché et la rémunération de l’éleveur, explique Rémi Debauchez, chargé de développement à Vitagro. Soucieux d’optimiser la production de son abattoir, le groupe Sicarev veut développer la production de veaux de boucherie. « L’idéal serait de doubler l’approvisionnement de Soviber par Vitagro en passant de 300 à 600 veaux/semaine en intégration. Nous recherchons donc de nouveaux éleveurs dans un rayon de trois heures de route autour de Saint-Etienne », informe Rémi Debauchez.