GDS Saône-et-Loire
Comme si cela ne suffisait pas…

2015 aura été marquée par une nouvelle tuile pour l’activité sanitaire du département. Un nouvel épisode de FCO géré comme si aucun enseignement n’avait été tiré de 2007. Une rigidité réglementaire que les éleveurs et le GDS 71 déplorent vivement, alors même que le contexte économique et les évènements naturels ne sont déjà guère favorables à l’élevage.
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L’assemblée générale du GDS 71 s’est tenue le 26 novembre à Blanzy. Une fois de plus, la réunion a été lourdement marquée par l'actualité sanitaire mouvementée. Le retour de FCO en septembre dernier a de fait largement dominé les travaux, tant il a chamboulé l’activité du GDS. Une tuile de plus pour les éleveurs, qui intervenait au sortir d’une sécheresse carabinée et dans un contexte de crise économique sans précédent. Une nouvelle urgence à gérer pour le GDS, alors même que ce dernier tente tant bien que mal de promouvoir la prévention collective et responsable en tout domaine. Un projet qui nécessite sérénité, anticipation, temps et que la répétition des crises sanitaires rend difficile à tenir. Sans compter les lourdes réformes imposées par les pouvoirs publics. Non content de devoir faire face à une réalité sanitaire changeant au gré de la mondialisation et du climat, le GDS est de fait contraint de s’adapter à une « nouvelle gouvernance sanitaire ». Un dossier administratif très chronophage, comme autant d’énergie gaspillée pour donner raison à des dogmes imaginés en haut lieu.

Tournant historique de la régionalisation


C’est en effet un véritable « tournant de son histoire » qu’est en train de vivre le GDS 71, introduisait le nouveau président Fabien Coulon. Sans entrer dans le détail d’une réforme « organisationnelle et politique » très complexe, c’est une « régionalisation de nos structures » qui se dessine, résumait le président, évoquant d’ores et déjà « la fusion des régions Bourgogne et Franche-Comté » et l’impact de la fameuse loi NOTRe qui va modifier « le financement de nos actions ».
Pour l’heure, la nouvelle gouvernance sanitaire se traduit par la délégation des missions de l’Etat à des "OVS", des Organisme à vocation sanitaire. En Bourgogne, c’est le FRGDS qui a été reconnu par l’Etat comme OVS et, en Saône-et-Loire, une section départementale du GDS 71 a été créée pour assurer ces missions, détaillait le directeur Vincent Robergeot. L’OVS étant tenu « d’appeler lui-même ses cotisations », il a été décidé de mutualiser ces cotisations au niveau régional. Le GDS 71 facture une prestation à l’OVS, ce qui a pour conséquence qu’il est désormais assujetti à la TVA. Malgré ces changements d’ordre juridique, « le transfert à la région ne devrait pas avoir trop d’impact sur le GDS. Pour les éleveurs, une augmentation d’environ 5 € pour 200 bovins devrait permettre de faire face », résumait le directeur.

FCO : et on recommence à zéro…


L’activité du GDS en 2015, c’est bien évidemment la FCO, « générant d’emblée une crise commerciale et économique », déplorait Fabien Coulon. C’est en effet une situation de blocage dramatique qui a été décrétée avec, pour conséquence directe, l’arrêt total du commerce des broutards et l’annulation de nombreux rassemblements d’animaux vitaux pour la promotion de l’élevage départemental. Cette situation a été d’autant plus mal vécue par les éleveurs qu’ils ont eu le sentiment de devoir « tout recommencer à zéro sans prendre en compte toutes les évolutions réglementaires qui avaient été obtenue lors du précédant épisode FCO de 2007 », déplorait le président. Ainsi, il a fallu un mois après résultats d’enquête pour obtenir enfin la fusion des zones réglementées le 13 octobre dernier. Et la France demeure partagée entre deux zones de statuts différents, « ce qui a pour conséquence de pénaliser la fluidité des échanges sur le marché national et de contribuer à dégrader des cours déjà à la peine. Ce maintien d’une zone indemne nous pénalise énormément car, à l’heure actuelle, il est quasiment impossible de vendre nos femelles adultes maigres vers la zone indemne », expliquait Fabien Coulon.
Avec les modalités d’attribution des vaccins mises en place, la Saône-et-Loire s’est retrouvée avec seulement 150.000 doses, soit pas même de quoi vacciner tous les mâles destinés à l’export… Heureusement, les vétérinaires ont fait de leur mieux pour gérer la pénurie. « Une redotation en doses de vaccins est capitale », estimait Vincent Robergeot. D’autant plus que se profile le débouché export vers l’Algérie en décembre, voire la Turquie si une ré-ouverture se fait jour. « A plus long terme, une dérèglementation de cette maladie s’impose », poursuivait le directeur.

IBR et BVD, les gros enjeux de 2016


Maladie réglementaire, l’IBR sera un enjeu important pour 2016. Un nouvel arrêté ministériel devrait être prochainement publié en vue de l’éradication de ce virus. Le statut indemne d’IBR étant une qualification vitale pour l’export de maigre. Au 1er novembre, 75 % des cheptels étaient qualifiés, informe Vincent Robergeot. « On voudrait que ça avance, mais la difficulté réside dans un secteur intermédiaire très important en Saône-et-Loire avec beaucoup d’opérateurs différents (repousse, engraissement à l’herbe…) ». 2015 a aussi été perturbée par un problème de réactif. La pression est également très forte sur le BVD. Pour le GDS, la question est « à quel coût et avec quel moyen conduit-on cette prophylaxie collective ? ». Pour l’heure, le GDS poursuit la promotion de la vaccination.

Inquiétante leptospirose


Le GDS surveille de près aussi les maladies émergeantes telles le BHV4 (trois foyers l’an dernier) et la Besnoitiose (un double foyer vers Cuiseaux en 2015). Enfin, une recrudescence de cas de leptospirose bovine inquiète grandement. La maladie se manifeste par des dégâts conséquents sur la reproduction (avortements). Attribuée de prime abord à la prolifération des ragondins, la leptospirose se transmet aussi de bovins à bovins via les urines. Sur ce sujet, un projet de régulation des populations de ragondins a été élaboré par Cultivons nos Campagnes, la FDSEA et le GDS 71, rapportait Guy Beauchamp. Ses concepteurs espéraient un cofinancement avec le Conseil départemental, les agences de l’eau et d’autres… Visiblement, tous semblent pour l’heure s’abriter derrière la pénurie d’argent public… Pour raison électorale, à dix jours du premier tour des régionales, l’administration n’était pas dans la salle, se conformant à son devoir de réserve. Une absence remarquée que regrettaient amèrement les responsables du GDS, tant ils auraient eu besoin de rappeler le calvaire sanitaire enduré par le milieu de l’élevage cet automne et être entendus sur ces préoccupantes questions.


Fabien Coulon
« Cinq associés, cinq ateliers ! »


Fabien Coulon est le nouveau président du GDS 71. Âgé de seulement 31 ans et père de deux enfants, il succède à Frédéric Brochot, élu conseiller départemental au printemps. Fabien Coulon est l’un des cinq associés du Gaec de la Gravaize à Montbellet. Une structure diversifiée sur 425 hectares en zone vulnérable. « Cinq associés, cinq ateliers ! », résume le jeune agriculteur dont l’exploitation compte 95 montbéliardes produisant 750.000 litres de lait ; 105 charolaises, dont les femelles sont engraissées ; 70 chèvres pour une production de fromages de chèvre AOC mâconnais auxquels il faut ajouter du beurre et de la crème en vente directe et 180 ha de grandes cultures. Administrateur au GDS depuis 2007, Fabien est entré au bureau du groupement en 2010-2011. Il a laissé sa responsabilité à la Cuma Compost 71 lorsqu’il a pris la présidence du GDS.



Emmanuel Bernard
Nouvelles perspectives à l'export


Administrateur FNB et président de la commission commerce extérieur à Interbev, Emmanuel Bernard était l’invité du GDS 71. Partant du constat que la consommation de viande diminue inexorablement en France, le responsable rappelait que l’avenir des exploitations d’élevage passait nécessairement par l’export. « Il y a cinq milliards de Terriens qui aimeraient bien manger de la viande », posait en préambule Emmanuel Bernard. Aussi, l’Interprofession prospecte-t-elle activement dans le monde. Italie, Grèce, Allemagne, Vietnam, Chine, japon, Egypte… sont autant de destinations pour participer à des salons. Un travail qui est accompagné d’une campagne de communication s’appuyant sur des marques qualitative : "Charolux" en Allemagne et "Bovillage" en Italie ou en Grèce. Contrairement au passé, cet export ne correspond plus à du vulgaire « dégagement de marché », faisait valoir le responsable. Il s’agit de valoriser les animaux français en mettant en avant par exemple la croissance. « Des études étrangères démontrent que la race charolaise est celle qui détient la meilleure croissance des races à viande. Une performance qui, contrairement à d’autres races étrangères, est obtenue sans hormones ou activateurs de croissances, seulement grâce aux efforts de sélection génétique », confie Emmanuel Bernard. « En matière de génétique, la France est le seul pays au monde où l’on a su conserver un élevage de races pures. On est une référence dans ce domaine. En Russie, il n’y a pas d’embargo sur les reproducteurs ! », rappelait le représentant d’Interbev. La commission commerce extérieur apporte son appui aux négociations (ouverture, certificats sanitaires, trouver des clients solvables…). Ces marchés concernent des animaux vifs ou de la viande fraiche. Sur l’Asie, le trafic de contenairs est tel qu’il revient moins cher d’expédier de la viande en Chine qu’en Allemagne, informait le responsable. Dans ces perspectives export, « le sanitaire demeure la clé de voûte de la réputation de notre élevage », concluait Emmanuel Bernard.