Fusion Bourgogne Franche-Comté
Qui est pour, qui est contre ?

Publié par Cédric Michelin
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La fusion entre les régions Bourgogne et Franche-Comté n'est plus qu'un affaire de répartition des moyens financiers et humains et de définition des compétences. Le plus dur reste donc à faire, mais la BEI (banque européenne d'investissement) vient de donner un coup de pouce à l'affaire, en mettant 200 millions d'euros dans la corbeille de fiançailles.
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Temps fort du salon Cité 21, qui s'est déroulé à Dijon 12 décembre, le débat organisé sur la fusion Bourgogne Franche-Comté est entré dans le vif du sujet, grâce notamment aux interventions des grands témoins – entrepreneurs, responsables d'entreprises ou élus – qui avaient été invités à s'exprimer. Ces grands témoins en faisant partager leurs interrogations souvent, leurs craintes parfois et leur enthousiasme aussi, ont bien reflété la diversité des problématiques et des attentes, mais aussi la complémentarité des enjeux.

« Faire avec... mais agir pour ne pas subir »



Le président de la Région Bourgogne, François Patriat et la présidente de région Franche-Comté, Marie-Guitte Dufay, roulent en tandem pour une grande région BFC, sans trop de rétro-pédalage en dépit d'une histoire compliquée, marquée par une certaine compétition. Cousines, les régions Bourgogne et Franche-Comté, « le duché et la comté » sont désavantagées d'entrée de jeu par leur petite taille. Seules, elles ne peuvent pas accéder à certains niveaux de financement, ensemble elles peuvent espérer « être meilleures économiquement » comme l'ambitionne François Patriat, « plus efficaces et complémentaires » pour peser sur certains leviers de compétitivité, tel qu'annoncé par Marie-Guitte Dufay.
Si les deux présidents ont pris de l'avance et travaillent depuis longtemps déjà au rapprochement envisagé, ils restent conscients des difficultés à surmonter. « La loi est ce qu'elle est, pas entièrement satisfaisante, mais il va falloir faire avec, s'adapter, agir pour ne pas subir. C'est en étant meilleurs économiquement qu'on fera de réelles économies » constate François Patriat. L'important c'est donc la volonté « d'être plus efficace dans l'accompagnement du développement économique des territoires » et « la détermination partagée » insiste la présidente de Franche-Comté.

Un pôle métropolitain plutôt qu'un métropole



Le débat n'est pas tranché quant à la métropole régionale, les deux présidents préférant parler de pôle métropolitain, assurés que « pour les villes, l'avenir se construit en coopération, autour d'équilibres et d'intérêts communs ». Le pôle métropolitain « est une réalité à construire en répartissant les compétences » développe François Patriat. Le vrai choix politique c'est la décision concernant la localisation de la Préfecture de la future grande région. Les deux présidents ont remis la décision entre les mains du Président de la République. « C'est à l'Etat de dire quelle sera la ville préfecture et il doit le faire le plus vite possible », l'efficacité territoriale dépendra de cette clé de répartition des moyens techniques et humains.
Le débat politique étant en bonne voie d'apaisement et la voie de la fusion tracée, la BEI a aussitôt mis 200 millions d'euros dans la corbeille de fiançailles pour aider la nouvelle région à monter son petit ménage. Dans le cadre de Cité 21, Harlem Désir, secrétaire d'Etat aux affaires européennes, a assisté à la signature de cet accord entre Philippe de Fontaine Vive Curtaz, vice-président de la banque européenne d'investissement et les deux présidents de région, François Patriat et Marie-Guitte Dufay. Les 200 millions d'euros, répartis à parts égales entre les deux régions permettront de répondre concrètement aux besoins d'accompagnement en matière de formation et d'emploi des jeunes. 86 lycées et centres de formation vont directement en bénéficier. Une manne financière à laquelle aucune des deux régions n'aurait pu prétendre isolément.


Fusion de la Bourgogne et de la Franche-Comté : ce qu'ils en pensent




« Ils », se sont des élus et surtout des responsables d'entreprises, qui ont donné leur sentiment sur la fusion programmée des deux régions. La majorité d'entre eux voit plutôt une opportunité à saisir et un grand rendez-vous à ne pas manquer si l'on veut être plus compétitif demain qu'hier.
Hubert Brigand, maire de Châtillon-sur-Seine : « Je reste plus réservé sur les objectifs, les moyens et les compétences. Il ne faudrait pas aller trop vite et risquer de s'éloigner encore un peu plus d'un monde rural qui craint d'être oublié et qui s'inquiète du manque de réponses à certaines interrogations ».
Jean-Pierre Daramecourt, président du directoire de la Caisse d'épargne BFC : « Notre fusion date de 2005 et c'est une réussite, nous y avons gagné des parts de marché et de nouvelles activités, facteur de développement économique. La fusion est pertinente car les entreprises ont besoin de voir clarifier les compétences sur certains sujets essentiels comme le haut débit et l'efficacité énergétique. »
Alain Bonnin, université de Bourgogne Franche-Comté : « Après cinq années de construction d'un dispositif fédéral pour les deux universités, les six établissements d'enseignement supérieur et de recherche vont travailler ensemble. Il fallait lever les freins et passer de la compétition à la complémentarité et à l'addition des forces pour parvenir à un meilleur positionnement face à la vraie compétition internationale à laquelle nous sommes confrontés ».
Yann Thomas, les Ateliers d'Armançon : « la principale problématique du développement industriel c'est l'attractivité de la région, à la fois pour répondre au besoin de main d'oeuvre qualifiée et d'encadrement mais aussi pour répondre à nos attentes en matière d'employabilité et donc de compétences. La nouvelle région devra pouvoir se rendre plus attractive face à ces besoins ».
Pierre Guez, président de Vitagora : « Je suis à 1000% pour la fusion, si nous n'avions eu qu'une seule grande région, nous aurions doublé les résultats de Vitagora. La fusion cela représente moins d'immobilisme, de dispersion d'énergie et une synergie améliorée d'autant. Le pôle de compétitivité Vitagora ne pourra que sortir renforcé de cette fusion, car la nécessité de se développer à l'international pour les entreprises impose une dimension conséquente ».
Benoît de Charrette, président de la CCI Dijon : « nous avons de grands voisins, il faut utiliser cette présence pour susciter de grands flux économiques supplémentaires et créer de nouveaux réseaux. »