Limousine en Bourgogne Rhône-Alpes
La race se porte bien

L’assemblée générale de la section Bourgogne Rhône-Alpes du Herd-book limousin (HBL) s’est tenue fin avril en Ardèche sous la présidence du Saône-et-Loirien Philippe Vannier. Dans un contexte national pourtant difficile, la limousine réalise en Bourgogne Rhône-Alpes sa meilleure progression de +12 %.
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Dans un contexte national de diminution du nombre d’adhérents depuis 2008 (1.546 cheptels adhérents au HBL fin 2014-15), la section Bourgogne Rhône-Alpes est la région qui réalise la plus forte progression avec 10 des 60 nouveaux adhérents au niveau national, soit une hausse régionale de +12 %. La section compte ainsi 75 adhérents sur la campagne écoulée et enregistre deux démissions pour 10 adhésions, dont deux en Saône-et-Loire.
En termes de vaches cotisantes, la race est passée d’un peu moins de 50.000 en 2000, à 73.812 sur la dernière campagne. Malgré l’érosion progressive du nombre d’adhérents à l’échelle nationale, l’augmentation des tailles de cheptel permet de maintenir ce nombre.
Dans la section Bourgogne Rhône-Alpes, le nombre de vaches cotisantes progresse de +2 % pour atteindre 2.454 vaches, avec un taux de cotisation de 63 %.
Une nouvelle hausse du nombre de veaux entrés est observée à la station nationale de qualification de Lanaud. A l’échelle de la section, les éleveurs ont apporté 8 veaux, dont 2 ont été qualifiés "Espoir" et 2 "RJ". Par ailleurs, les éleveurs de la section se sont porté acquéreurs de 12 veaux à la Station de Lanaud : 6 "Espoirs" et 6 "RJ".

Indicateurs au vert en Bourgogne Rhône-Alpes


De manière générale, le président Philippe Vannier félicitait ses troupes « pour les bons résultats obtenus malgré un contexte très difficile. En effet, plusieurs indicateurs sont au vert et témoignent d’une section en bonne forme. La section Bourgogne Rhône-Alpes enregistre la plus forte progression du nombre d’adhérents parmi les sections de métropole (+12 %). De même, le nombre de vaches cotisantes ainsi que de mâles certifiés a augmenté par rapport à la campagne précédente. Les éleveurs de la section se sont aussi porté acquéreurs de davantage de veaux à la Station de Lanaud. A noter également, au chapitre des vaches et taureaux qualifiés, l’augmentation du nombre de femelles "RRE" et de mâles "RRE VS".
Le président remerciait les éleveurs qui ont contribué au succès de l’édition 2016 du comice de Feurs (42) qui a regroupé une soixantaine d’animaux dont une dizaine de mâles reproducteurs. Au chapitre des événements à venir, le concours départemental du Rhône aura lieu les 27 et 28 août 2016 à Marcy-l’Etoile (69) dans le Parc de La Croix Laval et l’Inter-régional Bourgogne Rhône-Alpes se tiendra les 29 et 30 octobre 2016 à Varennes-sur-Allier (03), sans oublier le concours national limousin à Poitiers (86) du 23 au 25 septembre 2016.



Quelles évolutions pour la limousine ?


L’évolution de la limousine était le thème de cette assemblée générale. En effet, pour les responsables de la race, la race « doit et devra rester avant tout fonctionnelle : docile, dotée de bons aplombs, avec une mamelle équilibrée et vêlant facilement ».
David Delgoulet, salarié du HBL, développait les évolutions dans les schémas de sélection visant à tendre vers l’excellence et faciliter le travail de l’éleveur. « La taille des troupeaux augmente sans arrêt. Le développement du mode de logement en stabulation libre, la mécanisation des tâches, la diminution du nombre de personnes sur l’exploitation, la diversification des actes professionnels font que la limousine doit et devra rester avant tout fonctionnelle : docile, dotée de bons aplombs, avec une mamelle équilibrée et vêlant facilement. Un premier bilan de la collecte de ces nouveaux phénotypes qui permettent de sélectionner ces critères a été dressé ».
En ce qui concerne la docilité, les éleveurs étaient invités à faire les tests suivants concernant l’aptitude de l’animal à être manipulé et son aptitude à accepter la présence humaine. Autre phénotype important à considérer : la qualité des sabots. Par ailleurs, « une vache fonctionnelle doit pouvoir allaiter seule son veau dès le vêlage et tout au long d’une longue carrière ». Enfin, la facilité de naissance reste primordiale. Un constat, rappelé par Philippe Dru, éleveur représentant le président du HBL : « pour 90 % des naissances, la difficulté du vêlage est liée à la taille du veau et à son poids. Les problèmes commencent à partir de 50 kg. Les conditions de naissance interviennent pour 10 % ». De nouveaux outils de collecte ont été mis en place, par exemple, le tour de poitrine, qui devra être mesuré en plus du poids. Le chef de service du HBL concluait en indiquant que « la nouvelle stratégie génomique en plein développement ambitionne d’augmenter la précision des index et la consolidation de l’indexation Iboval ».
Un premier bilan de la collecte de ces nouveaux phénotypes qui permettent de sélectionner ces critères a donc été dressé. Un échange a eu lieu à ce sujet avec les sélectionneurs.
Un rebond important est par ailleurs observé à l’exportation (2.166 pedigrees édités par rapport à la campagne 2013-2014, soit +20 %). Ce qui fait dire aux responsables de la race que « quand le sanitaire est en ordre, l’intérêt pour la génétique Limousine est important ». Les principaux importateurs sont les Espagnols, les Italiens et les Hongrois.




Qualification


Quatre taureaux de la section Bourgogne Rhône-Alpes ont été qualifiés "Reproducteur reconnu" (RR) en 2015. Ils font partie des 141 meilleurs de leur génération (10 % supérieur) :
Danube, Pissot Serge (21) ;
Fevrier, Scea Viande Limousine Côte-d'Or (21) ;
Fameux, Earl élevage Prudent (71) ;
Domino, Jouanin Philippe (71).







Une reconversion réussie




L’assemblée générale était suivie par la visite de l’élevage EARL de Lalligier. Témoignage.

L’exploitation des frères Laurent est située sur la commune de Mazan-L’Abbaye à 1.200 mètres d’altitude. Ils ont repris l’exploitation familiale en bovins lait avec achat de terres. Comme l’explique Robert Laurent, « avec Bernard, nous nous sommes installés en 1982 en Gaec. Nous sommes des pluriactifs. Je suis technicien à Ardèche Conseil Elevage, l’ancien contrôle laitier, à temps complet. Mon frère en plus de son métier d’éleveur participe au travail de cuisine dans l’hôtel-restaurant de son épouse. De fait, nous avons arrêté l’activité laitière et, en 2003, nous avons acheté les premières génisses limousines dans l’élevage Laby en vue d’une reconversion. Nous avons choisi la limousine à cause des vêlages faciles et parce que nous voulions une race pure ».

En 2005, ils construisent un premier bâtiment, une stabulation pour loger 45 vaches, sans aides car pluriactifs, aussi ils ont eu recours à beaucoup d’auto-construction. Robert poursuit : « nous voulions des animaux sains et inscrits. Un peu isolés dans le secteur, nous avions besoin de conseils. Nous recevons les techniciens avec plaisir. Par l’intermédiaire du HBL, nous avons acheté une trentaine de vaches et génisses prêtes à vêler dans l’Aveyron et le Tarn. Puis toutes les génisses ont été gardées pour agrandir le troupeau. Le taureau Columbo a permis la naissance de femelles avec de très bons bassins ».

Le choix génétique


Avec des éleveurs de Haute-Loire, ils ont créent en 2013 un GIE (Groupement d’intérêt économique) à 16 éleveurs, « une structure très enrichissante ». Aujourd’hui, ils ne sont plus que 7, mais ils achètent « des taureaux haut de gamme ». En 2015, Indécis et, en 2016, Joyeux. « Nous sommes très satisfaits d’avoir le renouvellement du troupeau avec ce type de taureau ». Le taureau est logé chez un des éleveurs et l’insémination artificielle est pratiquée. En 2014, un nouveau bâtiment est construit pour les génisses et le stockage de la paille. Aujourd’hui le cheptel est composé de 50 mères allaitantes et d’une vingtaine de génisses. En hiver, la ration de base est constituée de 2/3 de foin de prairie naturelle et d’1/3 d’enrubannage, plus 1,2 kg de concentré à 18 % de MAT. En été, les animaux pâturent sur les landes, d’anciens prés de fauche et sur des parcelles non mécanisables.

Une partie des animaux est vendue en direct, aux bouchers du secteur, le reste auprès de négociants.









Le départ de l’inspecteur Paul Vannier, qui s’installe en agriculture, était annoncé et sa remplaçante, Tamara Benoit, présente à l’assemblée générale, faisait connaissance avec les éleveurs. Des inspecteurs très demandés par des éleveurs entreprenants et énergiques ce qui fera dire à l’un d’eux : « dans le métier il faut agir, ne pas être dans l’attente et se remettre en question ». Au Herd-book limousin de bien gérer le tuilage pour toujours mieux répondre aux besoins et exigences de ses adhérents.