Mouton charollais
« Œuvrer pour le collectif »

2015 aura été une année mitigée pour le Mouton charollais. L’échec d’un gros contrat sur l’Iran a fait chuter l’export de femelles et la FCO a perturbé les manifestations d’automne. Malgré une bonne vente de station, la race veut redynamiser son schéma de sélection auprès des éleveurs. Car la génétique est avant tout un projet collectif.
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Réuni en assemblée générale le 27 mai, l’organisme de sélection (OS) du Mouton charollais a dressé le bilan de l’exercice 2015. Une année mitigée avec d’un côté de gros efforts en matière de génétique en faveur du schéma de sélection, mais de l’autre une conjoncture défavorable. La FCO est venue annuler bon nombre de rendez-vous d’automne et la commercialisation de reproducteurs a été entachée par une grosse déception à l’export.
Avec 111 éleveurs en base de sélection, l’OS voit son nombre d’adhérents poursuivre son érosion. L’inquiétude est de mise avec la question du renouvellement des générations. Un système de parrainage a été imaginé pour suivre les nouveaux adhérents.

Faux bon des Iraniens


Le nombre d’animaux exportés a chuté de moitié, passant d’un peu plus de 300 animaux en 2014 à 161 en 2015. 220 agnelles auraient dû partir pour l’Iran. Une délégation avait été reçue ; les tarifs fixés ; un acompte versé ; les animaux triés et vaccinés… Mais le client n’a soudain plus donné aucun signe de vie ! Un coup dur pour les éleveurs qui avaient réservé leurs agnelles sans les mettre au bélier. 80 ont heureusement pu être replacées sur d’autres destinations. Très amers de cet avatar, les responsables de l’OS gardent l’espoir que ce marché aille à son terme avec le millésime 2016. Les clients iraniens ayant versé un acompte de 30 %, on peut supposer qu’ils finiront par venir chercher leur commande. Dans cette affaire, l’OS Mouton charollais n’est pas seul concerné alors que le dossier est porté par ROM Sélection et le président de Races de France.
En 2015, le plus important importateur de moutons charollais aura été finalement un éleveur suisse, acquéreur de 48 femelles à la vente aux enchères de juillet. Cette vente était une première et s’est déroulée à Charolles. Elle a vu un peu moins de la moitié de ses animaux trouver acquéreurs. Elle aurait dû avoir une suite en septembre, mais la FCO en a décidé autrement, compromettant aussi le fameux Sommet de l’Elevage, un salon habituellement très porteur pour l’export.

Belle vente de station…


Heureusement, tout n’a pas été noir sur le plan commercial. La vente des agneaux de station à Palinges fut une belle réussite avec 76 % de ventes sur 111 reproducteurs évalués, à plus de 600 € de moyenne de prix. Le bémol, c’est que « la station ne compte que 18 apporteurs systématiques », faisait remarquer la directrice, Aline Bonnot. Idéalement, « il faudrait que les 111 éleveurs adhérents de l’OS y participent », poursuivait le président Pascal Chaponneau. Cette remarque introduisait une réflexion sur le schéma génétique avec, en guise d’introduction, ce rappel à l’ordre : « être sélectionneur, c’est aussi œuvrer pour le collectif de la race ! ».
Dans ce schéma, les stations tiennent une place de premier plan avec une évaluation nationale des mâles, s’inscrivant dans une démarche qui peut aller jusqu’au testage, fait appel à des accouplements raisonnés sur des mères à béliers. Et cela dans le sens du cumul génétique en vue d’une diffusion collective…

Œil de l’éleveur et index


Un schéma dans lequel les sélectionneurs ne s’impliquent pas suffisamment. En dépit des efforts accomplis par l’OS ces dernières années, les inséminations artificielles avec des semences de béliers testés ne progressent pas. Les sélectionneurs n’achètent pas assez de béliers en station. Ils prêteraient davantage d’attention au standard de race qu’au potentiel génétique, observait la directrice. Des habitudes qui vont devoir évoluer pour se conformer aux exigences techniques de l’Institut de l’Elevage, alertait Pascal Chaponneau. « Certes il y a les concours, mais nous sommes obligés d’intégrer ce schéma où nous devons combiner les chiffres à notre œil d’éleveur ». Et les index sont avant tout là « pour aider à voir ce qu’on ne voit pas », complétait la directrice.
L’enjeu est de taille car fort de ses aptitudes bouchères et ses progrès remarquables en qualités maternelles, le Mouton charollais est la première race diffusée sur la voie mâle, rappelaient les responsables de l’OS. Une réputation à préserver à tout prix, tout comme sa conformation viande très demandée sur les marchés. Déterminée, la jeune et dynamique équipe technique de l’OS, soutenue par ses responsables, fait tout pour orienter les choses dans le bon sens. La race a déjà réalisé de grands progrès en la matière. Les instances nationales l’ont bien vu.

Recherche du gène culard


Bien qu’il ne fasse pas partie d’un grand pôle comme d’autres races ovines, le Mouton charollais ambitionne de s’inscrire malgré tout dans des travaux de recherche « pour faire avancer notre race », argumentaient les responsables. L’OS envisage ainsi de participer à un programme de recherche du gène culard. Des femelles seraient génotypées dans des élevages volontaires. La fréquence du gène culard pourrait ainsi être étudiée. Un autre programme consisterait en l’enregistrement des causes de réforme chez les brebis.



Vendredi 5 août à Charolles


1ère Journée nationale du Mouton charollais



Cette année, un changement historique se produira pour le concours national de la race. Pour la première fois en effet, le concours aura lieu au parc des expositions et foires de Charolles et il se transformera en une journée nationale du Mouton charollais. Comme de coutume, le concours national sera suivi de la vente nationale de station, mais la journée se poursuivra par une vente d’agnelles "prestige", calquée sur la vente de juillet dernier. Ces évènements seront animés par Martial Tardivon du cadran de Moulins-Engilbert. Avec cette nouvelle formule, l’OS entend faire de son concours national une véritable fête. Des stands, des animations complèteront l’événement.


Fin septembre, le Mouton charollais sera présent à la Foire économique d’Autun où il organisera un concours en marge de celui de bovins charolais HBC avancé pour l’occasion. Une seconde vente d’agnelles sera organisée le 15 septembre à Charolles et une vente aux enchères pourrait également voir le jour dans le cadre du Sommet de l’élevage où un concours spécial de la race aura lieu début octobre.




Station de Palinges


Un nouveau bâtiment pour le contrôle individuel


Dans la foulée de son assemblé générale, l’OS Mouton charollais inaugurait les nouvelles installations de sa station de contrôle individuel de Palinges. Un nouveau bâtiment a été construit jouxtant l’ancien édifice. C’est cette partie neuve qui héberge désormais les quelque 130 agneaux en évaluation. Spacieux, moderne, fonctionnel et clair, ce nouveau bâtiment remplace les deux stations qui coexistaient auparavant : Palinges et Nouhant. L’ancien bâtiment servira désormais exclusivement aux rassemblements d’animaux pour les expéditions commerciales. L’ensemble a fait l’objet d’une mise aux normes (enduits, aire de lavage bétonnée, fosse de récupération des jus…). Chaque partie comprend son propre couloir de contention. Ces travaux ont été financés par un emprunt de 51.300 €. La région a consenti une subvention de 31.300 € ; 3.000 € d’aide proviennent en outre de la MSA. La chambre d’agriculture de Saône-et-Loire a, de son côté, pris en charge la conception des plans et le dossier de permis de construire.