Agriculture
L’urgence d’une véritable politique

Dans un contexte économiques des plus tendus, Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA, revient sur les revendications et les mesures nécessaires pour permettre à l’agriculture française de dépasser la crise et d’entrevoir à nouveau l’avenir.
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Quelle est la situation aujourd’hui ?
Dominique Barrau : ce que l’on constate, depuis juin 2015, c’est qu’au-delà des filières d’élevage, le secteur des grandes cultures est lui aussi entré dans la crise des prix et personne ne voit la moindre éclaircie. Les producteurs sont en attente d’une véritable politique qui, au-delà du discours, redonne une vraie direction à notre agriculture. Personne aujourd’hui, que ce soit au niveau national ou européen, ne donne de cadre, ne donne un horizon aux agriculteurs. Et c’est sans doute cela la plus grosse crise.

Les réponses qu’a apporté le gouvernement, avec le plan d’urgence par exemple, n’ont-elles pas suffi ?
D. B. : l’an dernier, nous avons eu deux niveaux de réponse de la part des pouvoirs publics nationaux. Le plan d’urgence d’une part, qui répondait partiellement aux situations les plus difficiles pour les jeunes ou les récents investisseurs et, d’autre part et au niveau structurel, avec la baisse des prélèvements sociaux qui nous replace dans la moyenne européenne. Ces deux réponses vont dans le bon sens, mais elles ne sont pas complètes. Quand on accompagne en trésorerie les situations les plus difficiles, on ne règle pas pour autant les problèmes de ceux qui ont investi et qui n’ont pas de retour, pas de revenu correct.

Quelles sont vos revendications ?

D. B. : nous avons quatre sujets à défendre.
La Pac d’abord, puisque l’Etat doit encore plus de 2 milliards d’€ aux agriculteurs. A une période où tout est informatisé, où la transmission des informations se fait de façon immédiate, il est absolument insupportable que le ministère de l’agriculture laisse les agriculteurs dans une telle situation !
Deuxièmement, un plan d’urgence a été mis en place et une Année blanche accordée : il faut renouveler le plan et généraliser l’Année blanche, deux mesures indispensables pour soutenir la trésorerie des agriculteurs.
D’un point de vue structurel, ensuite, nous sommes très attachés à ce que l’on change de modèle de discussion entre production, transformation et distribution. Lors du Salon de l’Agriculture, le président de la République a souhaité mettre en chantier cette problématique des relations commerciales dans l’alimentaire. Produire, on sait faire, prendre en compte l’environnement aussi, mais on ne peut pas le faire à n’importe quel prix ! Ce que l’on veut avant tout, c’est sortir de cette situation où l’on ne donne aux producteurs que ce qu’il reste, quand il en reste…
Enfin, toujours sur le plan structurel, il faut au niveau européen un cadre qui respecte le fait que, quand on est en production agricole, on est soumis à des aléas. La politique agricole a abandonné les systèmes de régulation et la compétition qui aujourd’hui se passe en l’absence de règles du jeu est néfaste pour les agriculteurs et terrible pour l’Europe.

Comment comptez-vous passer ces messages ?

D. B. : dans cette période un peu agitée, la FNSEA ne lâche rien sur ses combats. Nous disons aux responsables départementaux ce que nous défendons, ce que nous avons obtenu. Nous rappelons au gouvernement, via les parlementaires et les préfectures, que l’agriculture et l’alimentation méritent une vraie politique !
Il faut se réveiller. J’ai envie de dire "Hé ho, le gouvernement !" : le meilleur moyen de nous montrer que la France tient à son agriculture, c’est de continuer les mesures et d’aller défendre une politique agricole régulée au niveau européen en prenant les devants.