Biodiversité
Agriculteurs et chasseurs travaillent ensemble

Publié par Cédric Michelin
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Malgré quelques divergences, agriculteurs et chasseurs se retrouvent sur l’essentiel, protéger leur environnement. C’est l’objectif du partenariat Agrifaune, que la profession agricole et les chasseurs viennent de renouveler pour cinq ans.
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S’il y a 30 ans, plus d’un agriculteur sur deux était chasseur, aujourd’hui ils ne sont plus qu’un sur cinq, d’où une moindre inclinaison à travailler en commun. Mais face à la nécessité de défendre les problématiques du monde rural, les deux parties sont convaincues qu’une approche globale est indispensable. « Nous avons parfois quelques difficultés avec les chasseurs, pour autant nous sommes dans une phase où l’approche en silo n’est pas porteuse d’avenir », a constaté Xavier Beulin, président de la FNSEA, lors du renouvellement du partenariat Agrifaune entre le syndicat, l’APCA, la Fédération nationale des chasseurs (FNC) et l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), le 26 mai, à Bonneval (Eure-et-Loir). Depuis dix ans, agriculteurs et chasseurs travaillent en effet à mettre en place des pratiques agricoles favorables au développement de la faune, en veillant à préserver le revenu des exploitants. Car « les pratiques agricoles sont l’un des piliers de l’avenir du petit gibier », souligne Jacky Desbrosse, président de la Fédération départementale des chasseurs de la Marne. Renouvelé pour la période 2016-2021, le partenariat Agrifaune expérimente et diffuse des pratiques agricoles qui visent par exemple à améliorer la gestion des bordures de champs, concilier pastoralisme et faune sauvage, ou encore développer les couverts végétaux intercultures.

Expérimentations réussies



L’exploitation d’Emmanuel Dufer, agriculteur à Bonneval et engagé avec Agrifaune depuis 2010, est une bonne illustration de l’efficacité de ces pratiques. Passionné de faune sauvage, cet exploitant en grandes cultures a découpé ses parcelles de sorte à favoriser jachères et bordures de chemin, réservoirs de biodiversité. Grâce à plusieurs expérimentations, les équipes techniques qui collaborent dans le cadre du partenariat ont démontré que décaler le broyage des bordures en septembre plutôt qu’en juin permettait de conserver un refuge pour les auxiliaires de culture et les insectes dont se nourrit ensuite la faune avicole sauvage, sans pour autant augmenter la proportion d’adventices dans les champs.

Il faut en revanche des bordures en bon état, dont la flore n’est pas habituée à survivre dans les parcelles cultivées. Si le bord de chemin est dégradé par des passages d’engins trop fréquents ou des traitements phytosanitaires, il est par contre très profitable au développement d’espèces agressives. Un outil, Ecobordure, a donc été développé pour permettre aux exploitants de déterminer si leur bordure est de qualité. Pour ceux qui souhaitent mettre en place ces pratiques malgré des bordures dégradées, des mélanges d’espèces (graminés et plantes à fleurs) à semer permettant de gérer les adventices sont quasiment au point.

Autre type d’action menée dans le cadre d’Agrifaune, l’amélioration de la mécanisation. Un travail est ainsi mené pour rendre les barres d’effarouchement plus performantes et éviter de broyer les perdrix et autres animaux lors de l’entretien des prairies et jachères. Sans cet outil, entre 70 à 100 % des poules faisanes sont tuées, soit au final 15 à 20 % des populations, « la part du chasseur, mais aussi des prédateurs », indique François Omnes, de l’ONCFS. Pour l’agriculteur, c’est aussi la garantie d’un fourrage de meilleure qualité. Un partenariat gagnant-gagnant, donc, dont les actions pourraient être davantage développées, à la fois au sein du partenariat dont les résultats sont à communiquer et diffuser, mais également entre agriculteurs et chasseurs sur la défense du monde rural dans sa globalité, estime Guy Vasseur, le président de l’APCA qui « souhaiterait qu’au-delà d’Agrifaune, on ait des partenariats plus poussés sur des projets de lois qui demain nous toucheront ».