Beaujolais
« Un orage plus intense que le précédent »

Publié par Cédric Michelin
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Ce terrible orage du vendredi 24 juin n’est pas le premier en Beaujolais. Il y a un mois, presque jour pour jour et déjà un vendredi soir, aux alentours de 22 h 00, le Nord du vignoble avait été frappé par un orage de grêle causant d’importants dégâts dans les vignes. L’épisode climatique avait traversé les secteurs de Romanèche-Thorins, La Chapelle-de-Guinchay et Crêches-sur-Saône et, dans le Rhône, Beaujeu, Villié-Morgon, Emeringes, Fleurie, Lancié, Jullié et Juliénas. Force est de constater que l’orage de vendredi dernier a suivi le même couloir.
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« Le trajet était presque identique au précédent, même si au lieu de descendre sur Lancié, l’orage s’est cette fois-ci concentré plus au nord, à Romanèche-Thorins notamment, explique Pascal Hardy, responsable du pôle viticole à la chambre d’agriculture du Rhône. Son rayon d’action était néanmoins plus large et surtout plus intense, avec beaucoup d’eau et un vent fort et tourbillonnant. La surface de vignes touchées par la grêle a certainement doublé par rapport au précédent orage de mai, avec des soucis d’érosion en plus ».
Dès lundi matin, David Méziat, coprésident du cru chiroubles, remontait justement le sable qui avait dévalé du haut de sa parcelle. Dans celle située juste en dessous de ses vignes, l’érosion a créé d’impressionnantes ornières à des hauteurs parfois supérieures à 50 cm et déracinant par la même occasion plusieurs ceps. « L’orage était encore plus intense que celui de mai. Il est tombé entre 60 et 100 mm d’eau en l’espace de 30 minutes », raconte-t-il. Lundi matin, certaines routes et le bourg de Chiroubles avaient encore les stigmates des trombes d’eau qui étaient accompagnées d’importantes chutes de grêle. « Les parcelles qui avaient échappé au premier épisode de grêle du mois de mai ont été durement touchées. Celles déjà atteintes et qui, depuis plusieurs jours, avaient reverdi, ont de nouveau été impactées », résume David Méziat. Le soir-même, le cru chiroubles a organisé une réunion pour établir un nouveau bilan des dégâts déjà considérables, réduisant très fortement le potentiel de récolte et probablement celui de 2017.

Le cru moulin-à-vent à son tour touché


A Fleurie, le constat est identique et toujours aussi amer. « Plus de 70 % de l’appellation sont touchés, soit environ 600 ha de vignes, les dommages allant de 50 % à 100 %, informe Audrey Charton, présidente de l’ODG des crus et viticultrice sur la commune. En moyenne, il est tombé près de 70 mm d’eau dans notre secteur. La grêle a cette fois-ci touché des lieux-dits comme La Roilette, La Presle, une partie de la Madone ou encore Le Vivier. Les bourgeons secondaires ont été coupés, ce qui est inquiétant pour la récolte de 2017 ». Au sein du cru régnié, des secteurs ont subi de plein fouet l’orage de grêle. Le président de l’appellation, Patrick Péchard, raconte : « Nous avons trouvé le temps long lors du passage de l’orage. Les grêlons tapaient fortement sur les vitres, ce phénomène étant accentué par la force du vent. Des secteurs comme Les Bruyères, La Tour Bourdon et le Nord du vignoble ont subi d’importants sinistres, allant de 50 % à 90 %. Au total, près de trois quarts du vignoble sont plus ou moins touchés, avec des feuilles coupées ou des parcelles fortement endommagées. Malgré cela, on ressent une forte solidarité du monde viticole. Des viticulteurs veulent aider ceux qui sont durement touchés », retient Patrick Péchard. Un recensement est en cours au sein du cru régnié. A moulin-à-vent, on dénombre environ 200 ha de vignes grêlées, « dont la forte majorité est touchée entre 80 % et 100 %, annonce Bruno Pin, président du cru. « Le secteur de Romanèche-Thorins est essentiellement concerné. Les dégâts sont considérables notamment dans les environs des lieux dits Les Perelles, Les Maisons Neuves », précise-t-il.
En appellation beaujolais et beaujolais villages, les communes de Beaujeu, Lantignié et, dans une moindre mesure, Quincié-en-Beaujolais, n’ont pas échappé au phénomène. « La surface viticole des deux premières communes citées est intégralement concernée, les dégâts variant de 20 % à 90 %. Même s’il est tombé plus de 50 mm d’eau en deux orages, les coulées de terres et les problèmes d’érosion étaient très limités », explique Laurent Jambon, président du syndicat viticole de Beaujeu Lantignié qui, mardi soir, a organisé une réunion afin de réaliser un état des lieux plus précis des dommages.
Lundi soir, l’ODG des crus a également transmis à ses opérateurs deux formulaires à remplir : le premier pour le recensement des dégâts liés à la grêle à renvoyer à la chambre d'agriculture du Rhône et le second pour le recensement des dégâts liés à la grêle et des dégâts des eaux à renvoyer en mairie. Pour rappel, une réunion avec le préfet du Rhône est prévue le 11 juillet prochain. Ce rendez-vous réunissant notamment tous les principaux acteurs de la filière viticole et les collectivités locales sera déterminant dans l’optique d’obtenir des mesures visant à aider les vignerons touchés.